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Quelle est la position de ces deux pays, c’est-à-dire la Chine et la Russie, face au coup d’État en Guinée ? Est-ce bien de laisser tomber Alpha Condé comme elles semblent avoir tendance à le faire la Chine et la Russie ?
Actualité en Afrique :
Analyses de la rédaction :
1. Mali : Barkhane embourbé de partout
À regarder de plus près la politique néocolonialiste de l’axe US/OTAN qui agit désormais en toute harmonie interne, la françafrique s’étant adapté aux intérêts US depuis surtout l’avènement de Macron, suit une ligne très précise : broyer les États-nations africains, mettre la main sur leurs Constitutions, cultiver le chaos organisé un peu comme ce que cet axe a fait au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dans le sillage du printemps arabe et qu’il a su faire durer à travers le projet Daech et tout ceci avant d’échouer lamentablement face à un réveil de conscience collective des nations de la région, qui s’est illustrée par l’émergence d’un axe régional dit l’axe de la Résistance.
Sous prétexte à avoir à rivaliser avec la Chine ou avec la Russie, cet empire US/OTAN, boiteux, ulcéré par mille et une plaie en son sein, un empire colonial qui n’arrive plus à nourrir ses populations, s’en prend ainsi comme un chien enragé et à l’aide conséquente évidemment de ses médias ou mieux dit ses faiseurs d’opinions aux symboles des institutions africaines et ce, sans aucune honte à la population sahélienne : c’est au bout de huit ans de guerre perdue avec un pic de soldats d’occupation française liquidés en janvier que Barkhane a monté un premier, puis un second coup d’État au Mali dont l’objectif a été et est, ni plus ni moins, de briser cette formidable dynamique anti-occupation qui a mobilisé des millions de Maliens tout au long de 2020.
Dicko et ses compagnons ont fait peur à la France quand ils ont mobilisé les foules, et montré comment l’Islam pouvait devenir un acteur politique dans le sens du renforcement de la souveraineté de l’État, de son indépendance, et de ses forces vives.
Le stratagème « M5 » est né de là, un groupe que les médias français présentaient comme proche de la Russie et voulant mettre dehors la France.
M5 s’est infiltré dans les manifs et a divisé les rangs puis une fois le coup d’État de la France commis et IBK, le président légitime écarté a rallié Goita.
Ses figures sont devenues même les membres du gouvernement, quitte à pousser dehors le facteur de l’islam politique.
Depuis quelque temps, les réseaux sociaux, véritables outils d’infiltration colonialistes, prêchent l’éternisation de la transition au Mali. Ce que Goita aime effectivement imposer et alors que cette éternisation de la transition signifie la poursuite de l’instabilité. Et on entend encore parler de la Russie !
C’est Reuters qui a affirmé il y a trois jours que Wagner s’apprêtait à débarquer au Mali. Puis sur fond de cette information qu’aucun responsable russe n’a cautionnée, on assiste à une campagne débile, animée par la presse hexagonale ; Le Monde, Le Figaro, France 24 et compagnie, avec cette sortie complètement insensée de Le Drian qui a dit il y a quelques heures que la France « ne pourrait rester au Mali » si la Russie arrive !
Le même coup que la France a fait il y a quelques semaines en annonçant la suspension de Barkhane, une ruse qui a permis le redéploiement des unités de l’OTAN au Mali, en lieu et place d’un G5 qui comptait néanmoins des armées africaines et qu’en éliminant le président Deby, la France a elle-même enterré puisqu’elle y a été marginalisée, boudée, dépassée même par ce noyau de coopération militaire intra-africaine qui a su surpasse la Françafrique.
Les armées nationales africaines et cette coalition interafricaine a repris le pas à la France et même s’il y a des attaques au centre pour cause de cette instabilité que cultive la junte, elle saura défendre le Mali.
Outre ces informations, Emmanuel Macron annonce que les forces françaises ont tué le chef de l’organisation « État islamique » au Grand Sahara.
« Adnan Abou Walid Al-Sahraoui était l’émir de ce groupe djihadiste considéré comme responsable de la plupart des attaques dans la zone des “trois frontières”, à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso », lit-on dans les médias occidentaux.
Même si c’est vrai, ce sont des agents qui se font liquider ou qui sont donnés pour morts, chaque fois que l’agenda de l’empire le dicte…
Mais le jeu occidental au Mali ne s’arrête pas là : on apprend ce 15 septembre qu’une soixantaine de partis politiques annoncent le boycott des Assises nationales sur la refondation de l’État.
Refondation de l’Etat, dites-vous ? N’est-ce pas une manière détournée de la France putschiste pour imposer aux Maliens une constitution taillée sur mesure, recommandant une dé-fédéralisation perfide, et partant un démembrement que contenait en germe l’accord d’Alger ? Les 60 partis politiques boycottent cette assise, car cette refondation, disent-ils, n’a ni cadre précis ni calendrier prévu...
On croit comprendre qu’il y a des consciences qui commencent à se réveiller et à réaliser l’ampleur du danger qui menace le Mali, surtout que la Primature a déclaré que les réformes envisagées par le gouvernement de transition vont au-delà des aspects cosmétiques et ne se limitent pas au seul besoin de relecture des textes fondamentaux de la République.
« Elles concernent tous les fondements de notre société et tous les secteurs : armée, école, santé, foncier, gouvernance, lutte contre la corruption et l’impunité, etc. Leur finalité est de repositionner le Mali sur une dynamique vertueuse, à travers des institutions fortes et légitimes à même d’assurer sa stabilité durable », rapporte l’AFP.
2. Guinée : l’erreur stratégique de la Chine et de la Russie ?
En Guinée, est-ce que le putschiste Mamady Doumbouya est autant anti-français qu’il le prétend ?
En effet, en Guinée, l’axe colonialiste semble avoir changé de stratégie et semble vouloir montrer à tout prix que le putschiste guinéen n’a en aucun cas des liens amicaux avec la France.
C’est à travers l’article de Le Monde qu’on tente de montrer une image « anti-française » de Mamady Doumbouya : « Dans un colloque à Paris, en 2017, le futur auteur du putsch contre Alpha Condé s’agaçait des “attitudes hautaines” des instructeurs et coopérants militaires. »
« Les officiers [français] ont un défaut : ils sous-estiment les capacités humaines et intellectuelles des Africains […] Ils ont des attitudes hautaines et se prennent pour le colon qui sait tout, qui maîtrise tout […] On n’est pas aussi à la ramasse qu’ils le pensent », témoignait alors l’ancien caporal de la Légion étrangère.
Mais le peuple guinéen n’est pas dupe et sait très bien que ceci est un plan franco-américain afin de détourner l’attention publique et de donner une image anti-française à cet homme qui a été propulsé au sommet de pouvoir par l’aide de ce même axe et plus important encore, que ce coup d’État a été perpétré parce que le président Alpha Condé a été trop pro-Chine/Russie et qu’il s’approchait de plus en plus de cet axe de l’Est.
Ici, une question vient à l’esprit : celle de savoir quelle est la position de ces deux pays, c’est-à-dire la Chine et la Russie, face à ce coup d’État.
La Chine a annoncé lundi son rejet du coup d’État militaire en Guinée et a appelé toutes les parties à opter pour le dialogue et à libérer le Président détenu Alpha Condé. De son côté, la Russie a également annoncé son rejet des tentatives de prise du pouvoir par la force en Guinée, et plus récemment encore, l’Ambassadeur de la Russie en Guinée a annoncé que son pays a demandé aux autorités de garantir les investissements.
« Son Excellence Vadim Razumovskiy, Ambassadeur de la Fédération de Russie en Guinée et en Sierra Leone, a confié ses impressions à un des journalistes de Guineematin.com basé actuellement au palais du peuple. Selon ce diplomate, les échanges avec les nouvelles autorités ont été fructueux et très riches en informations », lit-on dans les informations.
Mais est-ce bien de laisser tomber Alpha Condé comme elles semblent avoir tendance à le faire la Chine et la Russie ? Ceci ressemble plutôt à une grande erreur stratégique de ces pays en Guinée.
Vouloir continuer à croire que des coopérations avec la Guinée post-Condé seraient possibles sous une junte propulsée au sommet de l’État sous l’auspice de la France n’est qu’une chimère.
La Guinée a été le premier pays d’Afrique subsaharienne à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine. Les deux pays ont signé un nombre important de contrats de coopérations dans divers domaines.
On se rappelle encore de cette rencontre entre le président guinéen et son homologue russe Poutine en marge du premier sommet Russie-Afrique de Sotchi où Alpha Condé tacle devant les caméras du monde entier, le néocolonialisme et l’impérialisme occidental, égratignant au passage la France et invitant son homologue russe à un entretien à huis clos.
Depuis, c’est de façon décomplexée qu’Alpha Condé vante l’axe Conakry-Moscou-Pékin, jouant de façon subtile sur la rivalité entre grandes puissances qui se battent pour marquer leurs zones d’influences géostratégiques. Alpha Condé ne s’en cache plus. « Poutine est un ami personnel » qui l’a soutenu dans son projet de nouveau mandat et qui a été le premier chef d’État à lui adresser une lettre de félicitations, surtout de reconnaissance.
Au-delà de l’importance géostratégique que représente la Guinée pour Moscou, et des liens historiques qui lient les deux anciens alliés du bloc de l’est, la présence en Guinée de Rusal, numéro un mondial de l’aluminium, est un élément qui pèse lourd dans la balance. Car pour garder le cap de son leadership mondial sur l’aluminium, Rusal a besoin au même titre que les entreprises chinoises de la bauxite guinéenne qu’elle exploite depuis des décennies.
Il semblerait que la Chine et la Russie devraient se montrer plus fermes envers ce coup d’État en Guinée, Alpha Condé étant un ami loyal et fidèle qui est en train de payer d’ailleurs le prix de cette loyauté.
3. Tchad : manifestations anti junte
Des centaines de personnes ont manifesté le 11 septembre à N’Djaména contre la junte qui dirige le Tchad depuis la mort d’Idriss Déby. Les organisateurs exigent l’arrêt du processus de transition en cours, jugé non transparent et non inclusif. Dans leur élan de contestation, ils dénoncent l’attitude de la France qui soutient le pouvoir en place.
Plus de précision avec Pierre Claver Nkodo, éditorialiste et directeur de la publication Horizons nouveaux, magazine international paraissant à Douala au Cameroun.