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Maarib: pourquoi Sanaa a laissé une chance à la diplomatie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les combattants d'Ansarallah à Maarib. ©Alwaght

Après des mois de combats acharnés entre Ansarallah et les forces affiliées à l'Arabie saoudite sur le front de Maarib, et malgré toutes les mesures saoudiennes et émiraties telles que de lourdes frappes aériennes et le transfert d'éléments takfiristes dans la province pour couper court au processus de progrès des forces populaires, les efforts destinés à libérer cette province stratégiquement importante ont atteint un point culminant. Selon Mohammad Ali al-Houthi, l'armée et les Comités populaires sont arrivés aux portes de la ville.

Mardi, Ansarallah a proposé à Aden et à Riyad un plan visant à prévenir les conflits et parvenir à une solution politique pour le contrôle de la province de Maarib.

 

Le plan propose en premier lieu, la mise en place d'un mécanisme de gestion conjointe impliquant les habitants de la province de Maarib pour maintenir la sécurité et la stabilité et expulser tous les éléments d'al-Qaïda et Daech est proposée.

La deuxième clause du plan met l'accent sur la garantie de la liberté de circulation, la libération de toutes les personnes enlevées, l'indemnisation des victimes, le retour des réfugiés et la non-attaque contre les civils.

Dans la troisième clause du plan, le gouvernement de Sanaa exige que les revenus des navires pétroliers à Hudaydah soient consacrés au paiement des salaires.

La quatrième clause est, quant à elle, consacrée à la question des ressources pétrolières et gazières dans la province de Maarib. L'équipe de négociation du gouvernement de Sanaa a donc appelé à la reprise des travaux des stations de pompage de gaz, au respect des parts du pétrole et du gaz des autres provinces, et à la formation d'un comité conjoint pour la réparation du pipeline Safer-Ras Isa.

Les efforts considérables de Sanaa pour reprendre le contrôle de Maarib et la forte résistance de la coalition saoudienne pour ne pas le perdre montrent l'importance de la province pour déterminer l'avenir de la guerre.

Pour Ansarallah, la capacité de contrôler Maarib est avant tout une réussite dans la conquête du dernier bastion de l'opposition au nord.

En plus de son emplacement, qui relie de nombreuses lignes commerciales du Yémen, Maarib possède la plus grande centrale électrique du Yémen et une richesse en ressources naturelles, en particulier avec 90 % de ses ressources pétrolières et gazières.

En novembre 2015, des responsables locaux affiliés au cabinet démissionnaire de Mansour Hadi, sous la pression de l'Arabie saoudite, ont annoncé avoir séparé leurs mécanismes financiers et administratifs de Sanaa et la succursale locale de la Banque centrale du Yémen (CBY) a cessé d'envoyer des revenus pétroliers au siège de la banque centrale à Sanaa.

Alors que Sanaa est confronté à des problèmes économiques et à un manque de ressources financières pour gérer l'économie des zones sous son contrôle, le contrôle des revenus pétroliers et gaziers de Maarib peut résoudre certains de ces problèmes, notamment pour verser les salaires différés des fonctionnaires.

Mais maintenant qu’Ansarallah a le dessus dans la guerre et que la possibilité de reconquérir Maarib est pleinement disponible, Sanaa cherche à ouvrir des voies diplomatiques pour résoudre la crise.

 

Scénarios futurs pour Maarib

En examinant les perspectives d'avenir de Maarib, deux scénarios possibles se profilent : soit la ville tombera aux mains de Sanaa, soit les efforts diplomatiques pour résoudre le conflit aboutiront. Pour Ansarallah, le premier scénario consiste à renforcer le pouvoir du gouvernement central et à atténuer les pressions éc

En ce qui concerne le cabinet d’Aden, la perte de Maarib porterait un coup fatal à sa position politique et militaire, d'autant plus que le Conseil de transition du Sud continue de renforcer son pouvoir et ses ressources dans le sud.

Le deuxième scénario est basé sur l'acceptation des conditions de Sanaa pour une solution politique en vertu du plan proposé, qui sera le résultat de la pression militaire d'Ansarallah sur l'Arabie saoudite et du succès des efforts de médiation du Sultanat d’Oman.

Dans le cadre d’un tel scénario, Sanaa peut encore neutraliser, dans une certaine mesure, les pressions économiques et renforcer l'écart sur le front opposé en forçant l'autre partie à faire des concessions. Ainsi, le gouvernement de Sanaa sera capable de renforcer les conditions de sa légitimité en tant que gouvernement légal yéménite aussi bien sur la scène nationale qu’internationale.

Sans aucun doute, le sort du Yémen dépend de la bataille de Maarib. Les résultats de cette bataille affecteront la future lutte pour la prospérité dans ce pays déchiré par la guerre. Ce qui n'est toujours pas clair, c'est comment le Yémen et ses dirigeants façonneront cette bataille.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV