Comment devrait-on l’appeler, si ce n’est la « subtile contre-mesure sino-iranienne », face à une Amérique qui, à travers le boycott pétrolier de l’Iran, croyait pouvoir perturber la sécurité énergétique de la Chine. Or, les deux pays ont plus d’une motivation pour s’unir face aux pressions américaines.
Dans un article publié ce lundi 2 août, l’agence de presse Fars News s’attarde sur les intérêts communs de Pékin et Téhéran, dans le « jeu d’échec » se faisant par la politique désuète de sanctions américaines.
Intérêts communs de Téhéran et Pékin face aux sanctions américaines : le décodage
Selon les estimations des instances internationales dignes de confiance, les besoins des pays tels que l’Inde, la Chine et ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (DECO, suivant l’acronyme anglais) envers les ressources gazo-pétrolières vont augmenter pendant les années à venir, tandis que les États-Unis, l’Europe et les pays de DECO vont réduire leur consommation en hydrocarbure. ExxonMobil estime à 26% la part actuelle de Pékin aux consommations de gaz et pétrole, avec une croissance jusqu’à 32% pour l’année 2050. De même, si les Chinois sont aujourd’hui à 67% dépendants envers les importations pétrolières afin de subvenir à leur besoin en énergie, ce bilan pourrait se chiffrer à 76% en 2040.
Les estimations disent que l’un des plus gros défis que la Chine va devoir dissiper à l’avenir consiste à trouver des ressources afin de subvenir à ses besoins en énergie fossile ; or, il n’est caché à personne que pour le moment, la majeure partie des importations pétrolières de Pékin vient du golfe Persiques.
En effet, la dépendance des pays occidentaux notamment les États-Unis envers les importations du pétrole en provenance du Moyen-Orient a nettement réduit depuis 2010 en raison de ce qu’on pourrait qualifier d’une véritable « révolution en termes de production gazo-pétrolière marquée par le recours aux ressources peu conventionnelles, à savoir, le gaz et le pétrole de schiste. Les impacts de cette situation sont perceptibles même dans les relations entre les États-Unis et ses alliés du Moyen-Orient.
Bref, les évolutions des marchés pétroliers ont été telles que les Américains ont fini par intégrer une nouvelle approche primordiale dans leur politique d’endiguement face à la Chine, et cette nouvelle approche consiste à entraver les importations de pétrole depuis le golfe Persique.
De ce fait, les restrictions américaines imposées au secteur pétrolier iranien, plus précisément aux exportations du pétrole iranien vers la Chine, deviennent une arme à double tranchant qui devrait -comme l’imagine le gouvernement américain- réaliser deux objectifs : mettre l’Iran sous pression et saper la sécurité énergétique de la Chine.
Autrement dit, mis à part le conflit d’ordre politique entre l’Iran et les États-Unis, les circonstances du jour sur la donne internationale sont de sorte que le camp anti-américain dispose de nos jours de deux composantes majeurs, à savoir, l’Iran et la Chine, qui ont suffisamment de raisons convaincantes pour faire front commun face aux USA.
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La Chine, puissance gourmande en consommation d’hydrocarbure, cherche à diversifier ses ressources ; tandis que l’Iran, avec son économie jusqu’ici plutôt pétro centriste, a toujours besoin de gérer intelligemment son commerce et ses revenus gazo-pétroliers. C’est ici que se convergent les intérêts des deux pays ; un Iran à la tête de l’axe de la Résistance anti-américaine et une Chine soucieuse de s’imposer comme une hyper-puissance mondiale malgré ses besoins grandissants envers l’énergie fossile.
Sans l’Iran, la route de la soie chinoise restera inachevée
Le pétrole n’est pourtant pas l’unique objet qui noue le sort de la Chine à celui de l’Iran. En effet, la Chine a grand besoin de l’Iran pour mener à bien sa nouvelle route de la soie, dit littéralement la ceinture et la route.
La nouvelle route de la soie est l’un des corridors de transit ferroviaire des plus importants reliant la Chine à l’Europe, et qui passe aussi par le territoire iranien. Pour développer sa route de la soie et compléter la ceinture et la route, la Chine s’est lancée dans de gros investissements à un montant de plusieurs milliards de dollars dans divers pays y compris les pays voisins de l’Iran. Les trains chinois ont effectué à deux reprises des voyages d’essai en Iran ; signe que la liaison ferroviaire est déjà établie. Mais il y a aussi un itinéraire « rival », le corridor Chine-Turquie-Europe qui est plus longue et plus coûteuse. L’itinéraire iranien reste donc la plus économique pour atteindre l’Europe.
De même, nombreux sont des experts de transit international à réitérer que le port de Tchabahar dans la province du Sistan-et-Baloutchistan (Sud-Est iranien) a tous les mérites pour devenir le centre de commerce international de la Chine dans le cadre de la nouvelle route de la soie.
D’après l’expert du commerce international, Fereydoon Barkashli, « il n’y a aucun doute que sans l’Iran, le plan stratégique chinois, la nouvelle route de la soie, restera un projet inachevé ».
« La Chine a besoin de l’Iran. Au regard de Pékin, l’Iran représente un paquet. Autrement dit, la Chine reconnaît à l’Iran une définition stratégique globale ; et ce paquet comprend à la fois le pétrole et l’énergie, l’emplacement géostratégique et la confrontation avec les États-Unis. »
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Selon cet expert iranien du commerce international, « dans toute l’histoire de la signature d’un document de coopération pour une période de 25 ans, on peut dire que la Chine a frappé à la porte de l’Iran juste au meilleur moment. Ce qui se passe sur la donne des relations Pékin-Téhéran, et qui a abouti à l’établissement des liens stratégiques bilatéraux, témoigne de cette réalité que les deux pays cherchent un moyen de réduire l’impact des pressions américaines, et d’assurer, en même temps, leurs intérêts à long terme ».