L'extension subite du champ de riposte aux frappes aériennes d'Israël contre la Syrie qui, en 10 ans de guerre, se targue « d'avoir lancé 10 000 de raids et partant rasé tout ce que l'Iran et le Hezbollah comptent en armes et en missiles sur le territoire syrien » a ceci de « terrifiant » qu'elle place l'entité sur un éternel qui-vive.
La frappe au drone du 29 juillet contre le Mercer Street, ce navire espion israélien déguisé en cargo que les destroyers britanniques et français escortaient sans pour autant pouvoir le « protéger », a fait des mers de la région étendues du golfe Persique et de la mer d'Oman à la mer Rouge en passant par la Méditerranée, un « front Nord naval » bis où le régime israélien se devra de rester tout comme face au Hezbollah, constamment en alerte et en attente qu'un nouveau coup ne lui tombe dessus.
Photos: les premières images du pétrolier israélien Mercer Street attaqué au large d'Oman. (Mashregh News)
Surtout que la complexité de frappe du jeudi 29 exécutée en plein jour et en deux temps et impliquant d'abord une phase d'alerte avec le largage des bombes anti-thermique de façon à ce que la DCA embarquée soit aveuglée, puis peu après une seconde phase marquée par l'assaut de drone à aile delta de type, dit-on, Shahed-136, n'augure rien de bon. D'autres opérations encore plus complexes impliquant par exemple un cocktail drone-vedette rapide ou drone-sous marin pourrait avoir lieu.
Sa Majesté dont le ministre des Affaires étrangères a promis dès dimanche soir une « réponse concertée » contre l'Iran qu'il a accusé sans preuve d'avoir piloté l'attaque contre le Mercer Street ou ce Blinken qui vient de le rallier, devraient donc bien réfléchir avant de précipiter les choses et de s'exposer aux foudres de la Résistance.
Après tout, Israël ne vaut point un second Steno Impero ni des déboires qu'a connus l'US Navy sous Trump dans le golfe Persique. Ou alors, il le vaut et ce sera cette guerre navale sans frontière avec en toile de fer un océan (Indien) et un golfe (Persique) et trois mers (Oman, Rouge, Méditerranée) en feu. Même les Golfiens ne le souhaiteraient pas.
Rai al-Youm écrit : « Si les accusations portées par le Premier ministre israélien Naftali Bennett sont vraies, selon lesquelles l'Iran aurait mené l'attaque de drones contre un pétrolier israélien au large d'Oman, alors cela signifie que l'Iran a imposé une nouvelle équation de dissuasion, dont le point de départ est en Syrie, mais qui vise désormais les navires adverses en pleine mer.
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Ce qui confirme cette équation et les règles d'engagement sur lesquelles elle repose, ce serait d'ailleurs une fuite « délibérée » et « réfléchie » des Gardiens de la Révolution iraniens, que l'axe US-Israël accuse d'avoir planifié et porté le coup. Mais le 22 juillet, une attaque au missile israélien sur l'aéroport d'al-Dabaa en Syrie a causé la mort d'un cadre des CGRI et quatre blessés parmi les combattants du Hezbollah, dont deux grièvement.
Des sources libanaises ont confirmé à Rai Al-Youm que ce qui a poussé l'Iran à réagir rapidement à ce bombardement - qui est d'ailleurs un fiasco vu le nombre de missiles interceptés par la DCA syrienne - c'était la violation par Israël des règles du jeu dans la mesure où il a visé des dortoirs de soldats, et non des sites militaires, des entrepôts d'armes ou des pistes d'avion.
Cette annonce « sans précédent » de la riposte iranienne, par fuite iranienne interposée, indique une nouvelle stratégie iranienne basée sur la prise d'initiative et de la réactivité. L'attaque contre le pétrolier israélien s'est déroulée en deux phases. La seconde série de drones-suicide a visé les dortoirs de l'équipage du navire, dans le but de causer des pertes humaines, et c'est ce qui s'est passé exactement en représailles de la frappe anti syrienne.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yair Lapid, a promis une réponse sévère, et les médias israéliens ont confirmé que cette réponse est prête et attend l'heure zéro pour être mise en œuvre contre des cibles iraniennes « repérées » par les radars de l'armée de l'air israélienne. Mais si tel est le cas, pourquoi alors le spectacle d'un Israël qui pleure et se plaint auprès du Conseil de sécurité de l'ONU qu'il n'a cessé de malmener ? Un Conseil de sécurité qui sait pertinemment que le double veto sino-russe l'attend ?
De toutes les façons, Israël est un perdant : s'il ne riposte pas à l'attaque, il perdra la face ; s'il répond, il tomberait dans le piège iranien et ouvrirait les portes de « l'enfer » parce que les Iraniens s'impatientent de lui porter un coup fatal, au bon moment et au bon endroit.
La flotte marchande israélienne est très importante par rapport à celle de l'Iran : plus de 90 % des importations israéliennes transitent par des lignes maritimes, notamment dans la mer d'Arabie, l'océan Indien et la mer Rouge. Ce qui n'est pas le cas de l'Iran en raison de son autonomie et du blocus américano-européen qui lui est imposé. Les navires israéliens constituent en revanche une banque grasse et attrayante de cibles pour les drones iraniens au Moyen-Orient.
Cette attaque contre le pétrolier Mercer Street, propriété de la société milliardaire israélienne Eyal Ofer, révèle pour la première fois que les Gardiens de la Révolution iraniens, qui ont bombardé la base d'Aïn al-Asad dans l'ouest de l'Irak en représailles au meurtre du général Qassem Soleimani et Abu Mahdi al-Muhandis, prennent l'initiative eux-mêmes et mènent la bataille en haute mer, dans les profondeurs israéliennes.
Un message fort et clair que la bataille de Gaza a préfiguré quand le CGRI a dévoilé un drone du nom de Gaza d'une portée de 7000 km, capable de voler pendant 35 heures et de transporter 13 bombes et 500 kg d'équipement électronique.
Ashdod, Haïfa ne sont pas loin de Téhéran…