Depuis que la 77e flotte iranienne est arrivée en Atlantique, les USA s'intéressent de plus près à la stratégie de dissuasion navale iranienne dans le golfe Persique. Certes, pour avoir frôlé à plus d'une reprise ces derniers mois la catastrophe à savoir le clash avec la marine du CGRI, ils ont appris à se "comporter avec du professionalisme" et à esquiver "tout incident". Mais désormais les choses pourraient se dérouler différemment. Un corridor logistique Iran-Caraïbes est sur le point de naître permettant aux pays alliés de l'Iran dans l'hémisphère occidentale de se défendre contre le maximalisme US. Le Venezuela et Cuba sont déjà partants. Mais à cette nouvelle liberté d'action stratégique que l'Iran est sur le point de s'offrir répond un niveau plus avancé de sécurité au domicile. Et si l'Iran faisait en sorte que ses besoins de transit énergétique via le golfe Persique se réduisent au maximum et ce, pour avoir des coudés totalement franche en Atlantique? La réponse se trouve dans l'oléoduc Gore-Jask.
L’oléoduc Gore-Jask a une situation géographique unique, grâce auquel les cargaisons de pétrole iranien ne seront plus obligées de traverser le détroit d'Hormuz. Cela augmentera considérablement le contrôle de l'Iran sur ce passage stratégique et changera la marge de manœuvre de l'Iran dans ce détroit aussi bien sur le plan stratégique que militaire, car de nombreux acteurs politiques et économiques de la région et du monde sont d’avis qu’en raison de la dépendance totale des exportations de pétrole de l'Iran du détroit d'Hormuz, par leur présence dans cette zone, ils peuvent arrêter les exportations de pétrole de l'Iran et y créer des tensions.
Dans un article intitulé « Gore-Jask va étrangler les pays arabes du golfe Persique » paru dans le journal Rai Al-Youm, il est dit : « Le 19 mai 2021, l'Iran a annoncé qu'il avait commencé à pomper du pétrole des champs de Gore dans l'ouest du pays vers le port de Jask surplombant la mer d'Oman via un oléoduc de 1 000 kilomètres appelé l'oléoduc Gore-Jask. Le projet est considéré comme l'un des plus grands projets stratégiques iraniens avec un coût de près de deux milliards de dollars, ce qui a attiré l'attention du Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Khamenei. »
Abdo Al-Bahesh, l’auteur de l’article, souligne que le projet confère à l'Iran une position particulière en dehors du golfe Persique. « Pour la première fois, le pétrole est exporté de la mer d'Oman dans le but de réduire la dépendance vis-à-vis du détroit d'Hormuz et de faciliter l'accès aux clients étrangers. Le projet offre des opportunités uniques pour renforcer la puissance économique, politique et stratégique de l'Iran dans la région, développer le commerce, réduire la dépendance et renforcer le contrôle sur le détroit d'Hormuz », a-t-il indiqué.
L'une des dimensions commerciales les plus importantes de ce projet est l'accès plus rapide aux eaux et océans internationaux libres, ce qui est une option plus attrayante pour les clients étrangers d'une part, et pour les entreprises travaillant dans le domaine du commerce, du fret et du transport de marchandises, de l’autre.
Les tensions s'intensifient dans la région entre l'Iran et les États-Unis, à un moment où se dessine l'importance réelle du détroit d'Hormuz, la voie navigable stratégique. Ces événements s'inscrivent dans le cadre des menaces iraniennes anciennes et successives de fermer le « détroit d’Hormuz ». Le président iranien Hassan Rohani a menacé de contrôler étroitement le détroit et d'empêcher l'exportation de pétrole du golfe Persique vers le monde, suivis par des événements similaires.
« Avec les sanctions américaines contre l'Iran à la suite du retrait unilatéral des États-Unis du Plan global d’action conjoint (PGAC) en mai 2018, Téhéran s'est appuyé sur des mesures éprouvées de violation des sanctions pour continuer à exporter des quantités croissantes de pétrole brut. De plus, l'Iran a estimé que les tensions dans la région pourraient conduire à une guerre et que le détroit d'Hormuz pourrait être fermé. C’est pourquoi il a décidé d’établir l’oléoduc Gore-Jask pour surmonter ce problème ; ce que l'Arabie saoudite a fait en construisant un oléoduc pour transporter le pétrole vers les côtes de la mer d'Arabie et de l'océan Indien à travers les ports yéménites du gouvernorat d'al-Mahra », conclut le journal.