Le 27 novembre 2020, quand Israël, aidé par la CIA et Cie, a réussi au bout de 20 efforts inlassables à "éliminer physiquement le physicien nucléaire en chef et vice-ministre iranien de la Défense, Fakhrizadeh, se félicitant d'avoir" décapiter le programme nucléaire iranien ", il aurait jamais cru que la riposte serait aussi foudroyante: certes, on a parlé de la liquidation du chef des opérations extérieures du Mossad dans la banlieue de Tel-Aviv, à peine quelques jours après l ' assassinat de Fakhrizadeh, en l'attribuant à la Force Qods.Et il est vrai que cette liquidation avait de quoi ressembler à une riposte.
D'ici mars, l'Iran aura donc 27 kilo d'uranium enrichi à 20% et ce, malgré cet acte de sabotage commis en juin au réacteur de Natanz. Le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique, Salehi vient de faire état ce matin et devant les députés de l'installation de 1000 centrifugeuses IR2m tout en soulignant que ses chercheurs travaillent à la construction de 1000 autres centrifugeuses de type IR6. C'est beaucoup pour que le camp d'en face ne sente pas totalement groggy comme si des milliers de missiles venaient à s'abattre sur lui. La méga Riposte a-t-il eu lieu? Visiblement quand on sait que de 20% à 90% d'uranium enrichi, il n'y a qu'un pas à franchir et qu'une bomba atomique en contient 25 kilo mais évidemment à des taux d'enrichissement plus important.
Raï al Youm y revient dans un article signé Abdel Bari Atwan : « La riposte iranienne vient de tomber. Et cette riposte n'est ni une attaque visant une quelconque ambassade israélienne, ni l'élimination de soldats américains. Il s'agit de la reprise de l'enrichissement d'uranium jusqu'à 20% dans les installations nucléaires de Fordo, un réacteur enfouie sous une montagne gigantesque et donc bien difficiles à détruire par toutes les bombes conventionnelles. Et cette reprise de l'enrichissement vient d'avoir lieu, dans le cadre de la mise en œuvre d’une loi votée à l’unanimité par le Parlement iranien qui ferme la porte aux inspecteurs de l’AIEA, leur interdisant tout accès aux installations nucléaires iraniennes. Il est clair que l'Iran ne craint pas les menaces américaines et israéliennes et qu’il n'est pas intimidé non plus par les porte-avions ni les sous-marins nucléaires. L’Iran dispose d'un programme stratégique intégré et l’étape, l'augmentation du niveau d'enrichissement, n’est probablement qu’un début.
Les dirigeants iraniens ont désormais la ferme conviction que l'accord nucléaire ne sert à rien puisque jamais appliqué. En effet, ils ont donné autant que faire se peut, un délai de plus de deux ans à l'Europe, partenaire de l'accord nucléaire, pour qu'elle le sauve en mettant au point un mécanisme financier ou des dispositifs économiques alternatifs qui allégeraient les sanctions américaines, mais les Européens ont lamentablement échoué, terrorisés qu'ils sont à l'idée d'avoir à contredire Washington".
Et dire que ce faisant, ils ont rompu avec un Iran qui dispose de quoi produire des armes nucléaires : le savoir faire, l'expérience nécessaire et des scientifiques bien compétents. Les sources proches du renseignement américaines (CIA) ont confirmé que l'Iran avait d’ores et déjà prévu un programme secret visant à produire des armes nucléaires qu’il a annulé en 2003. Cette information, si elle est vraie, prouve à quel point il est facile pour l'Iran de passer à l'étape supérieur et de relancer et activer son programme nucléaire, ce qui semble n'être qu'une question de semaines, dit l'article qui ajoute :
« Aujourd'hui, l'Iran annonce que le taux d'enrichissement passera de 4.5% à 20%. Il n’est donc pas exclu que la prochaine étape consiste à le porter à 90% pour produire des ogives nucléaires et les installer sur les missiles balistiques des ailés pouvant atteindre leurs cibles avec une extrême précision. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden, a déclaré lors d’une interview accordée dimanche 3 janvier à la chaîne CNN que l'assassinat du général Soleimani n'avait en rien sécurisé les États-Unis ni leurs intérêts, comme le prétend l'administration Trump. Idem pour l'élimination de Fakhrizadeh. Ce qui s'est passé dans la foulée a prouvé le contraire :«L'Iran est maintenant plus proche que jamais de la possession d'une arme nucléaire». Force est de constater qu'il n'a pas totalement tort surtout si on considère que ces déclarations s'adressent aussi aux alliés golfiens de Trump qu'à Benjamin Netanyahu qui pérorent à la longueur de la journée sans plus impressionner que l'Iran ne pourra pas acquérir des bombes nucléaires. En maîtres incontestés d'échecs, les dirigeants iraniens planifient leur riposte étape par étape et leur patience est sans limite. Rien d'aléatoires chez eux, pas de réaction hâtive ... une nouvelle étape de la riposte vient d'être franchie », at-il présenté.