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CAATSA frappe de plein fouet Ankara; qui saura sauver le "Sultan"?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Funérailles d’un des 33 soldats turcs tués dans la région syrienne d’Idlib. © AFP/Archives

A en croire le site libanais, South Front, les forces turques devront se retirer instamment sous peu de deux "autres de leurs postes d'observation" qu'encerclent l'armée syrienne et leur alliés de la Résistance à Idlib. Il s'agit  de deux postes, situés près du village de Tell Touqan dans le sud d'Idlib et sur la colline d'al-Eis dans l'ouest d'Alep, d'où les forces du Sultan, officielles ou officieuses, s'apprêtent à se retirer. Cela fera un dixième et un onzième retrait en l'espace de plus d'un mois depuis que la Russie s'est mise à tirer des Iskandar contre les camps des terroristes pro Ankara à Idlib, puis a dressé des bases militaires à 300 mètres des frontières turques et tout ceci sur fond de pression des forces de la Résistance qui aidant l'armée syrienne, assurent en ce moment mêmes la sécurité du M5 et des tronçons M4, où l'Etat reconstruit à une vitesse effrénée ce qui devra être la prolongation de la route stratégique Iran-Irak-Syrie-Méditerranée. 

Le processus d'évacuation a commencé ce mercredi 16 décembre, les forces turques s'étant dirigées vers le village de Maarat al-Naasan, dans la banlieue ouest d'Alep. En effet, le sommet de la colline d'al-Eis, qui culmine à 365 mètres au-dessus du niveau de la mer, surplombe une longue bande de l'autoroute M5 qui relie le centre industriel de la Syrie, la ville d'Alep, à la capitale du pays, Damas. La semaine dernière, les troupes turques se sont déjà retirées de quatre postes d'observation entre le sud d'Idlib et l'ouest d'Alep, tous situés le long de l'autoroute M5. Pour de nombreux observateurs, il y a là le signe très clair d'une crainte, Ankara ne se sentant plus partant pour une série de confrontation avec l'armée syrienne et ses alliés russe et de la Résistance. Surtout que l'équipée sud caucasienne de la Turquie atlantiste, en dépit de ce parade de victoire tenu jeudi dernier à Bakou où Erdogan a singé au risque de se brouiller avec l'Iran, le Sultan néo-ottoman, a plutôt tourné court vu que les efforts censés implanter les terroristes d'Idlib dans le Haut Karabakh n'ont presque rien donné, ces derniers étant dans l'obligation, sous pression de l'armée et de la population azerbaïdjanaise à faire place nette. Ce jeudi matin, on apprend l'arrivée d'un groupe de 136 démineurs turcs à Bakou à l'effet de déminer les territoires mines du Haut-Karabakh, mais c'est bien loin de cette base militaire "turque" que le Sultan projetait d'y créer en prélude à un corridor terrestre de transfert de terroristes depuis la Turquie et Idlib vers le Caucase sud.

South Front croit savoir même que le dernier lot de mercenaires syriens est rentré en Syrie depuis le Haut-Karabakh il y a quelques jours, environ 800 terroristes sur un total de 2 580 terroristes, dont 514 ont été tués et d’autres ont été capturés. Un fiasco total quand on pense que chacun des mercenaires à la solde, que la Turquie atlantiste a activé sur l'ordre de l'OTAN pour en faire une bombe à retardement aux portes de l'Iran et de la Russie, s'était vu promettre un salaire mensuel allant jusqu'à 3 500 dollars! Pendant la majeure partie de la bataille, des mercenaires takfiristes du Sultan avaient été déployés sur les lignes de front les plus chaudes du Haut-Karabakh, pilotant même les combats et la Turquie prévoyait même de les installer eux et leurs familles dans le Haut-Karabakh pour établir "une influence durable dans la région". Il a fallu que les mises en garde très clairs des officiers de l'armée azerbaïdjanaise à Aliev et puis la pression de l'opinion chiite d'Azerbaïdjan pour que Bakou comprenne que c'est là un chemin perilleux.

Mais là n'est pas la plus grande défaite du Sultan : dans le Haut-Karabakh, l'axe US-OTAN-Israël a tenté par Turquie atlantiste interposée d’imiter l'un des épisodes les plus extraordinaires des batailles asymétriques menées par l'axe de la Résistance: à coup de drone de Bayraktar et de Harop, il a donc prétendu avoir détruit des unités entières de blindés, de DCA,... de l'armée arménienne. A l'issue de ce conflit qui a tourné court au bout de 44 jours et un débarquement éclair des troupes russes en plein Karabakh, le Sultan a même réussi de décrocher quelques gros contrats. Mais le fiasco du Haut -Karabakh a fait tomber le Sultan en disgrâce. Depuis deux jours cette "industrie militaire otanienne" du Sultan à l'aide de quoi il a ruiné le nord de la Syrie, embrasé l'Irak, enflammé la Libye puis le Caucase sud est sous la coupe de la loi dite CAATSA , Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, pour cause d'achat des S-400 russes. Un bon prétexte pour punir le Sultan d'avoir raté la quasi totalité de ses coups et ce à l'approche de l'arrivée de la nouvelle administration US.

Quelles en est la conséquence? Fin du mythe militaire turc basé sur une confiance aveugle envers l'Occident? La loi CAATSA va affecter le maintien en condition opérationnelle [MCO] des équipements mis en oeuvre par les forces armées turques et entraver les programmes en cours de sa base industrielle et technologique de défense. La force aérienne turque est sans doute la plus exposée aux sanctions annoncées par M. Pompeo. Outre les avions de combat [F-16 et F-4 Phantom II], de transport [C-130 Hercules] et d’entraînement [T-38], elle dispose d’hélicoptères Bell UH-1, Sikorsky S-70. Sans oublier quatre appareils d’alerte avancée E-7T et, surtout, sept avions ravitailleurs KC-135 Stratotanker, dont la maintenance est d’autant plus compliquée que ces derniers sont anciens. Au-delà de ces équipements, il faut également penser aux... munitions, quasiment toutes d’origine américaine ainsi qu’aux radars. Quant à la marine turque, avec quoi elle a rendu d'infini service aux projets méditerranéens de l'OTAN, son segment « frégates » se compose pour moitié de navires d’origine américaine.

Et ses munitions sont, pour la plupart, fournies par les États-Unis [RIM-7 Sea Sparrow, RGM-84 Harpoon, etc]. Enfin, s’agissant des forces terrestres, elles doivent aussi composer avec des restrictions déjà imposées par quelques uns de leurs fournisseurs européens, Berlin ne livrant plus, par exemple, de pièces pour les chars Leopard 2 depuis les opérations lancées par Ankara dans le nord de la Syrie... Ainsi prend fin le mythe du Sultan... A Ankara l'opposition exige l'activation des S-400, l'expulsion des troupes otaniennes d'Inçirlik, retrait de la Syrie...bref le retour de la Turquie à ses origines. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV