Les propos tenus samedi 12 décembre par le PM algérien, l'entité sioniste a tout intérêt à ne pas les prendre à la légère car au chapitre des surprises, les Algériens savent en faire de très belles quand l'occasion s'en présente. Et depuis que Rabat, soumis aux pressions, aux soudoiements puis au chantage de l'axe US/Israël, a plié l'échine à l'entité, acceptant d'avoir porté au grand jour une relation contre nature cour-Tel-Aviv déjà vielle de quelques décennies à laquelle les Marocains s'opposent en premier, cette occasion s'offre à Alger sur un plateau d'or. Comment?
L'ex-chef du renseignement sioniste, Amos Yadlin aurait la réponse : " si Israël a payé de sa poche son implantation aux Émirats à la porte de l'Iran, en renonçant à ses F-35 Adir et partant à sa supériorité qu'accordait à son armée de l'air ces appareils, au Maroc, ce sont les Américains qui en ont fait les frais", en reconnaissant l'annexion du Sahara par le Maroc et partant en ternissant définitivement leurs liens avec Alger. Cette décision aurait été prise lors de la visite du mois d'octobre d'Esper à Alger où l'ex-chef du Pentagone a compris que les Algériens sont définitivement ancrés dans le camps d'en face et que la concession et la soumission ne sont pas algériennes. C'est donc une volonté "américaine" qui se manifeste là, un peu trop bruyamment (puisque cela fait longtemps au Maroc, NDLR) et qui vise, comme l'a dit le Premier ministre algérien, la profondeur stratégique de l'Algérie.
En effet, toute cette affaire de "normalisation" avec les Arabes, le régime sioniste ne compte pas en tirer des profits à moyen ou à long terme. Israël sait pertinemment que l'amitié Musulmans-Sionistes n'est qu'un mythe et que même en pleine post-normalisation, les Émiratis se font arrêter à Tel Aviv et Ben Zayed se fait "singer" dans les séries télévisées sionistes. Si Israël de 2020 en est réduit à acheter ou mieux dit à quémander "la neutralité arabe", c'est qu'il compte en tirer un profit immédiat et jugé "éminemment urgent". La revanche de l'Algérie, son stratégie de riposte devrait bien s'axer sur cette urgence.
L'entité sioniste a besoin des amarres car son navire est en entière perdition. Après la défaite du groupe terroriste Daech en Syrie et en Irak, Tel-Aviv se sait encerclé, sa sécurité étant à la merci d'un puissant arsenal de la Résistance qui à la différence de celui de la Russie ou de la Chine, ne soutient aucune compromission, aucun arrêt, une fois activé. Cet état de total léthargie qui touche son paroxysme après la défaite de la campagne de guerre dans la guerre israélienne en Syrie, a d'ailleurs poussé l'entité à multiplier les faux pas, les bourdes et le dossier marocain en comporte plusieurs. Car à force de vouloir embraser le Sahara occidental par Maroc interposé, Israël pourrait pousser l'Algérie à faire du front Polisario plus qu'une simple guérilla.
Il pourrait pousser Alger à ce que le Front s'adapte aux tactiques de la Résistance, les mêmes qui ont fait le malheur d'Israël au sud du Liban. Apres tout, puisque "Israël" est aux portes de l'Algérie, puisque ses sociétés surveillent désormais depuis le ciel malien et libyen le territoire algérien à la recherche des talons d'Achille en toute forme (sécuritaire, militaire, énergétique...) pourquoi ne pas leur rendre la pareille? Et aller à titre d'exemple plus loin que l'espace maghrébin? Une coopération Hezbollah-ANP, dans le sud du Liban contre Israël, ou en Syrie contre Israël ou encore en pleine Méditerranée contre Israël, cela est parfaitement possible... L'ANP a tout intérêt à y réfléchir, l'une des meilleurs armées nationales de l'Afrique et du monde surtout que ce n'est pas à l'Algérie qu'il faut apprendre que la meilleure défense est l'attaque.
De l'Algérie, la Résistance connaît cet épisode héroïque qui remonte en octobre 1985 quand Israël décide de bombarder une ville de la banlieue du Sud tunisien du nom de Hammam Chott, située à 800 km d’Alger, l’objectif de cette attaque étant le siège de la Force 17 de l’OLP, selon The Middel East Eye qui publiait un article sur le sujet paru en 2010 : "Un coup dur est porté à la Résistance palestinienne et de nombreux dirigeants furent tués lors de cette attaque. L’éventualité d’une attaque israélienne est prise au sérieux par Alger, notamment suite à la décision de proclamer la création de l’État palestinien, trois ans plus tard. Pour y faire face, Alger avait procédé à des mesures de sécurité draconiennes, notamment la mise en place d’un dispositif défensif anti-aérien...Le 10 novembre 1988, alors que le sommet de l’OLP est ouvert, une formation de chasseurs inconnus est interceptée par les radars algériens. Les MiG de l’armée algérienne avaient pour ordre de prendre position devant les avions israéliens. Les stations radars tunisiennes, mises en alerte également, et algériennes ont suivi la formation entrante, notant que la vigilance des défenses anti-aériennes algériennes a eu un effet positif. Les Israéliens ont détecté une assez importante activité magnétique sur toutes les trajectoires qu’ils entreprenaient, ce qui les a obligés à rebrousser chemin car désirant toucher l’OLP sans subir de pertes."
Un front de la Résistance étendu au Maghreb, cela sonnera le glas de l'Empire.