L’inauguration d’une unité de garde-côtes par le gouvernement de Salut national au Yémen en mer Rouge permettra à Ansarallah de nuire, quand il le désire, aux forces de la coalition d’agression saoudienne, surtout aux projets d’espionnage israéliens à Socotra. D’autre part, la simultanéité de cet événement avec la décision de la Russie de créer une base au large du Soudan fait état du rapprochement entre la Russie d’une part et l’Iran et Ansarallah de l’autre, d’autant plus que cette base étend l’influence russe depuis la mer Rouge jusqu’à la mer d’Oman. Pour rappel, la Chine, elle aussi, dispose d’une base navale sur la côte de Djibouti, en mer Rouge. Tout cela pourrait étouffer dans l’œuf les plans des États-Unis et d’Israël qui souhaitent entraver le trajet du transfert d’énergie via la mer d’Oman, Bab el-Mandeb et la mer Rouge, au grand dam de la Résistance.
L’unité de garde-côtes du gouvernement de Salut national au Yémen a été inaugurée, samedi 14 novembre, au large de la mer Rouge.
Mohammed Qahim, un responsable de la préfecture de Hudaydah, Ibrahim al-Moayed, inspecteur en chef du ministère de l’Intérieur du gouvernement de Salut national et Abdel Razzaq al-Mayad, chef de l’unité de garde-côtes, étaient présents à la cérémonie d’inauguration de cette unité, selon la chaîne de télévision yéménite al-Masirah.
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Selon Abdel Razzaq al-Mayad, « le garde-côtes de la mer Rouge vise à superviser et protéger les eaux territoriales du Yémen ainsi qu’à aider les pêcheurs ».
Le gouvernement de Salut national du Yémen, qui a fait réparer et rénover les bateaux de l’unité de garde-côtes, envisage de réaliser des projets similaires.
D’autre part, pour la première fois depuis l’effondrement de l’URSS, la Russie établit une base navale à proximité de lignes d’approvisionnement maritime vitales.
Le gouvernement russe a révélé, le 11 novembre, que le Premier ministre Mikhaïl Michoustine avait approuvé un projet sur la création d’une base logistique navale au Soudan et avait donné des instructions pour soumettre une proposition au président lors de la signature du document.
Selon l’accord, les installations logistiques de la Marine russe au Soudan « visent à assurer la paix et la stabilité dans la région et sont de nature défensive ».
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La base russe peut être utilisée pour effectuer des réparations et des approvisionnements et pour que les membres d’équipage des navires de la Marine russe s’y reposent. La base logistique devrait englober les zones côtières, aquatiques et d’amarrage. « La partie soudanaise a le droit d’utiliser la zone d’amarrage en accord avec l’organisme autorisé de la partie russe », indique le document.
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Le texte indique qu’un maximum de quatre navires de guerre peut rester à la base logistique navale, y compris « des navires de guerre équipés d’un système de propulsion nucléaire à condition d’observer les normes de sécurité nucléaire et environnementale ».
En outre, la Russie livrerait des armes et du matériel militaire au Soudan pour que ce dernier assure la sécurité de la région de Port Soudan où se trouverait l’installation navale russe.
La coopération militaro-technique et sécuritaire entre la Russie et le Soudan a considérablement augmenté depuis 2017. La création de la base navale russe y est une étape logique pour développer cette coopération. Il convient de noter que la base russe de Tartous en Syrie portait également le nom d’« installation logistique » avant d’être transformée en une base navale à part entière.
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Si ce projet est pleinement mis en œuvre, cela contribuera à la croissance rapide de l’influence russe en Afrique. Les forces navales russes pourront également accroître leur présence en mer Rouge et dans la zone située entre le golfe d’Aden et le golfe d’Oman. Ces deux régions sont au cœur des routes actuelles d’approvisionnement en énergie maritime. L’installation navale permettra aux Russes de réapprovisionner plus efficacement leur groupe naval dans la région et d’augmenter la performance de leurs forces. Par exemple, au moins un groupe naval russe opère régulièrement dans le cadre de la mission anti-piraterie près de la Somalie et dans l’océan Indien en général.
La nouvelle base servira également de point d’appui à la Russie dans le cas d’un bras de fer avec les forces navales des États membres de l’OTAN qui utilisent activement leur infrastructure militaire à Djibouti pour projeter la puissance dans la région. La présence accrue des Russes en mer Rouge est également un facteur qui pourrait affecter le conflit entre l’Arabie saoudite et le Yémen.
Si la partie russe choisit de soutenir indirectement Ansarallah, la situation du Royaume saoudien deviendra encore plus compliquée. Ses opérations de blocage et de pression sur le port de Hudaydah, contrôlé par Ansarallah, deviendraient beaucoup moins efficaces.
Selon le site d'analyse politique South Front, on s’attend à ce que les États-Unis (quelle que soit l’administration de la Maison-Blanche) tentent à tout prix d’empêcher l’expansion russe dans la région. Du point de vue de la protection des intérêts nationaux russes dans les océans mondiaux, cette étape est encore plus importante que la création de bases aériennes et navales permanentes en Syrie.