Presque simultanément à l'annonce dimanche 8 novembre du changement de commandement à la tête de la coalition militaire navale que la France a créée en 2020 dans le golfe Persique et ce, à l'effet de faire face à l'Iran, commandement qu'elle vient de céder au Danemark, petit royaume d'obédience anti-russe et hyper actif ces temps-ci puisque dès la fin du mois de novembre, il devrait aussi assumer le commandement des forces de l'OTAN en Irak, l'US Navy a fait part d'une manœuvre navale conjointe avec le Koweït. Au fait le cirque présidentiel qui se déroule en ce moment à Washington auquel participent largement la France, l'Allemagne, la Grande- Bretagne, soit les membres assidus de toute forme d'alliance anti-Iran ne devrait tromper personne, la liquidation de Trump est due en grande partie à l'impasse avec l'Iran.
Depuis décembre 2019, date à laquelle l'Iran a organisé de vastes manœuvres navales avec la Chine et la Russie au bout d'une longue période de tensions avec les USA, marquée surtout par la guerre des pétroliers d'où les Etats-Unis sont sortis humiliés par un Global Hawk abattu et un Steno Impero saisi par l'Iran, l'impasse iranien de la Maison Blanche s'est avérée totale. Mais Trump, bien que conscient de l'impasse et surtout de l'incapacité américaine à inverser la donne désormais nettement en faveur de la Résistance, a choisi à l'instigation d’Israël la voie de confrontation, son souci étant que l'alliance Résistance-Russie, largement porteuse au Levant, ne se reproduise pas dans le golfe Persique, et cette fois à travers, un pacte "Lion-Dragon".
Ce pacte avait en effet commencé dès le mois de mai avant même son annonce officielle par Téhéran à porter ses fruits : aux Caraïbes, soit au cœur du pré-carré stratégique US, les pétroliers iraniens ont foulé au pied le régime des sanctions US en livrant au Venezuela de l'essence. L'appui énergétique iranien à la République bolivarienne a tôt fait de s'enrichir d'une dimension économique, puis militaire et l'Amérique d'Elliott Abrams, n'a pas pu arrêter la saignée, provoquée par cette action conjointe Iran-Chine.
D'aucuns ont même vu à travers le non-événement que fut l'annonce de la normalisation des liens entre Israël et les Golfiens, une tentative destinée à contrer la montée en puissance de l'alliance sino-iranienne, contre-attaque ratée puisque nulle en termes d'impacts géostratégiques. La liquidation de Trump vise à vrai dire à baliser le terrain à faire sauter, le puissant verrou de la Résistance sur tous les projets moyens orientaux de l'Empire. Mais le démocrate Biden dont le colistier, Obama avait réussi en 2015 à avoir l'Iran en signant avec, un "chiffon du nom d'accord nucléaire" pourra-t-il débloquer l'impasse?
L’envoyé spécial de l'administration Trump pour l'Iran, Elliott Abrams, est d'ailleurs arrivé dimanche en Israël à cette même fin alors que le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif est en tournée sud-américaine pour consolider les bases de ce qui est désormais communément appelé " la mort du régime des pressions maximales". Il y a peu O'Brian, le conseiller pour la sécurité nationale de Trump reconnaissait lui-même que les 5147 cas de sanction que les USA infligent à l'Iran " ont épuisé l'arme des sanctions contre les Iraniens, aveu qui discrédit cette phrase rapportée par Axios: « L'administration Trump pense qu'une "inondation" de sanctions augmentera la pression sur les Iraniens et rendra la tâche très difficile pour l'administration Biden afin de relancer l'accord nucléaire de 2015 », disent ces mêmes sources israéliennes.
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Alors à quoi joue l'Amérique? Ce que cherche l'Empire pour qui Trump et Biden ne sont que des pions c'est de vendre à l'Iran un PGAC bis en échange de la levée de vrai-fausses sanctions que Trump se hâte d'établir. Un piège destiné à faire prendre par les Iraniens la vessie pour la lanterne! Mais les choses ne passeront pas de cette manière. Loin s'en faut : l'Iran ne signera plus aucun accord avant de pouvoir lui-même imposer ses règles.
L'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden ne changera rien à la donne comme le laisse bien croire cette manœuvre de l'US Navy organisée le 5 novembre avec la garde côtière du Koweït, sous le Commandement central des forces navales américaines (NAVCENT) dans le nord du golfe Persique.
Commentant cette information, le CentCom dit : "Cet exercice a eu pour but de mener des manœuvres tactiques et renforcer l'interopérabilité des télécommunications et il a impliqué le bateau lance-missiles FNK (Kuwait Naval Force) al-Saadi (P 3723), le patrouilleur rapide de la garde côtière du Koweït Marzoug (P 314), le destroyer USS Ralph Johnson DDG 114 de classe Arleigh Burke et les patrouilleurs de la garde côtière américaine USCGC Monomoy (WPB 1326) et USCGC Aquidneck (WPB 1309) ont été impliqués dans cette manœuvre".
Il y a des analystes qui ont vu tout de suite une similitude entre cette zone d'opération US/Koweït et celle qui a vu en décembre 2019 les marines iranienne, chinoise et russe opérer contre les USA en mer d'Oman, dans le golfe Persique et en océan Indien. Bref, Biden ou Trump, il n'y a rien de nouveau sous le ciel : l'axe de la Résistance a décidé de mettre à la porte de l'Asie de l'ouest l'Amérique, et de s'ouvrer sur l'Est...Signe des temps, même Israël a compris l'absurdité de cette stratégie de guerre. A peine quelques jours après avoir signé un accord militaire avec Trump et ce, à la lumière de l'accord d'Abraham, Gantz est sur le point de partir à Washington pour en signer avec Biden...Qui dit volatilité, dit l'absence de stratégie, et l'échec en perspective... Les USA n'ont pas de stratégie capable de faire face à la Résistance.