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Le conflit au Caucase est-il un plan B pour contrer la Russie en Syrie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Carte frontalière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. (Photo d'archives)

Le quotidien israélien, The Jerusalem Post a abordé dans un article les affrontements entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie non sans laisser éclater la joie israélienne de voir le Caucase devenir un nouveau foyer de crise potentiellement susceptible d'avoir un impact considérable sur le Moyen-Orient.

Le journal écrit : "Les affrontements entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan qui ont éclaté dimanche matin semblent être bien différents que les précédents. Après des affrontements similaires en juillet, il est clair que le Caucase du sud va droit vers une crise. Après des décennies au cours desquelles le Caucase a été largement ignoré au niveau international, la région est de retour sous les projecteurs. Or, espère le quotidien, "le conflit dans ce pays a des ramifications majeures pour le Moyen-Orient"  car la Turquie, l'Iran et la Russie y ont tous un rôle potentiel".

Plus loin, le journal revient sur une coïncidence parfaitement significative entre cette flambée des violences d'une part et la tenue d'un exercice militaire majeur russe, Caucase 2020, avec la participation des Etats anti-US, lesquels Etats pourraient même créer une "coalition militaire anti-américaine" :  " Aujourd'hui, la Russie organise fréquemment des exercices militaires pour montrer sa puissance, à la fois dans le sud de la Russie, dans la région du Caucase, dans la Baltique et près de la Biélorussie. Des exercices de la Fraternité slave étaient en cours avec la Serbie et la Biélorussie la semaine dernière, par exemple. Des exercices du Caucase ont également eu lieu début septembre avec la Chine, l'Arménie, l'Iran entre autre. En juillet, Poutine a ordonné des exercices massifs impliquant 150 000 soldats pour sécuriser le sud de la Russie. Le message de Moscou est clair. La Russie aiguisait son couteau pour être prête à toute éventualité, qu'il s'agisse de problèmes en Biélorussie ou au Caucase. En plus, elle s'allie avec des Etats clés de façon à contrer l'adversaire".

Plus et en affichant une semblable opposition à l'action d'Ankara, le journal laisse paraître le fond de sa logique : " L’armée turque a envahi le nord de la Syrie, bombardé l'Irak et installé des bases militaires dans le nord de l'Irak. Ankara a envoyé des forces et des « rebelles syriens » en Libye et menace quotidiennement la Grèce et d'autres pays. La Turquie veut un rôle aux côtés de l'Azerbaïdjan combattant l'Arménie. Tout ceci freine la Russie. Dans le passé, la Russie a tenté de créer des défaites pour l'OTAN et l'Occident en signant des accords avec Ankara. La Russie a même vendu à Ankara le système de défense aérienne S-400 et effectue des patrouilles conjointes à Idlib en Syrie, par exemple. Pourtant, si Ankara s'implique trop fortement dans les affrontements avec l'Arménie, la Russie pourrait chercher un autre accord avec la Turquie, un accord qui garantisse que la Russie devienne un arbitre de ce qui va suivre. C'est le modèle russe à Astana, Sotchi et en Libye, pour discuter de tous ces dossiers que la Russie partage avec la Turquie. Mais il se pourrait aussi que la Russie n'agisse pas de la sorte. Vu que le Caucase se trouve dans son arrière cour. En Biélorusse, Poutine a envoyé son armée réprimer les pro Occidentaux. Elle pourrait en faire autant si les choses dégradent trop entre l'Arménie et L'Azerbaijan". 

"La Russie est en désaccord avec la Turquie. Mais l’objectif de la Russie est de faire sortir les puissances occidentales d’abord. Tel est son objectif en Ukraine, en Biélorussie et lors de la guerre de 2008 avec la Géorgie. La Russie est en colère contre l'ingérence occidentale dans les États baltes, par exemple. Poutine doit examiner tous ces dossiers et décider où placer le poids de la Russie. Et que va faire dans tout ceci Israël? Israël entretient également des relations stratégiques avec la République d'Azerbaïdjan, mais en même temps a établi des relations chaleureuses avec l'Arménie. Ceci étant, la relation d'Israël avec l'Azerbaïdjan est stratégique puisqu'elle est principalement due à sa situation géographique adjacente à l'Iran. Israël fournit 40% de ses besoins en pétrole depuis l'Azerbaïdjan. Bakou est l'un des plus gros acheteurs d'armes israéliennes au monde. Il va sans dire donc que Bakou aura le soutien de Tel-Aviv. 

Pendant ce temps, l'Iran surveille également le Caucase pour le commerce, la collecte de renseignements et d'autres facteurs. L'Iran a poussé un nouveau projet ferroviaire avec l'Azerbaïdjan. Le véritable objectif de l’Iran est de resserrer les relations avec la Chine et la Russie, au milieu des sanctions américaines et du désir de créer un monde plus multipolaire pour défier les États-Unis. L'objectif ici peut également concerner la Turquie, car l'Iran et la Turquie entretiennent des relations relativement chaleureuses. Un conflit à la frontière nord de l’Iran entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie n’est pas dans l’intérêt de l’Iran. Il préférerait que les choses ne débordent pas. Cela signifie que le conflit potentiel au Haut-Karabakh ou un conflit plus large impliquant la Turquie, pourrait avoir des ramifications majeures pour le lien Russie-Iran-Turquie. Et c'est ce que cherche l'Amérique.

Surtout que la Chine tient également à y regarder de près en raison de son initiative Belt and Road. Il veut la stabilité et le commerce, pas plus de guerres. Les États-Unis ne semblent plus se soucier d'élaborer des accords de paix et d'arrêter les combats. L’Union européenne ne joue plus un rôle significatif et la plupart des pays de la région savent que les pays européens parlent et publient généralement des déclarations, mais ne font rien. Ils ont appris cela en regardant comment l'UE a parlé de la Syrie mais n'a rien fait. L’UE ne peut même pas se mettre d’accord sur une politique commune sur la Biélorussie ou sur la Turquie dans l’est de la Méditerranée ou sur l’application d’un embargo sur les armes en Libye."

"Enfin, le conflit pourrait avoir des ramifications pour la Syrie. La Turquie a accusé des groupes kurdes d'extrême gauche d'envoyer des «terroristes» pour soutenir l'Arménie. Cependant, Ankara a utilisé ces prétentions dans le passé pour recruter des « terroristes » en Syrie pour combattre à l'étranger. On ne sait pas encore si le conflit se développe et pourrait donner à la Turquie davantage d’excuses pour s’impliquer en Syrie, en Irak et ailleurs. La Turquie veut cette implication et ne voudrait rien de plus que d'avoir plus de bottes sur le terrain dans le Caucase. L'Iran et la Russie peuvent s'y opposer. Cela illustre les différents paris que les puissances régionales prennent dans le Caucase. Le Caucase pourrait réaliser le rêve jusqu'ici impossible à obtenir des USA et de leurs alliés: le face-à-face Russie-Iran avec la Turquie, leur déconcentration en Syrie et partant, leur défaite stratégique". 

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV