Transi de peur d'une possible riposte du Hezbollah, les batteries de Dôme de fer ont fait ces dernières heures leur apparition avec une vitesse extraordinaire sur le front Nord, à peine à 6 kilomètres du sud du Liban tout comme à Jabal al-Cheikh ou encore dans le Golan occupé. Mais est-ce suffisant ?
Le régime de Tel-Aviv a subi le 21 juillet un premier choc-DCA: un des missiles Sayyad des systèmes de défense de Khordad-3 a intercepté en plein ciel du Golan occupé des dizaines de missiles de croisières israéliens et s'est comporté comme s'ils allaient se diriger droit vers le nord d'Israël.
Et puis, deux jours plus tard, un second choc est survenu, quand par crainte d'avoir désormais à perdre ses avions de chasse dans le ciel d'Israël, il a expédié ses hélicoptères pilonner ce qu'il croyait être, à tort, le centre de renseignement de l'armée syrienne à Quneitra.
Et finalement le troisième choc et pas des moindres: un drone israélien a été abattu dimanche dans les fermes de Chebaa occupé, avant même d'infiltrer le ciel libanais.
Dans une brève déclaration, le porte-parole de l'armée israélienne Avichay Adraee a affirmé qu'il n'y a pas de "crainte de fuite d'informations". Mais qui le croirait alors même que l'état-major israélien est sens dessus dessous au point d'appeler le général Milley, chef d'état-major US au secours.
Des sources militaires russes bien informées parlent déjà d'un retour d'une forme de défense aérienne intégrée au Liban et le début de la fin des violations répétées du ciel libanais par Israël, une défense qui comme dans le cas du Golan le 21 juillet, a la capacité d'aller plus loin que l'espace aérien libanais.
Le site Avia.pro rapporte même que le coup de drone abattu dimanche soir "proviendrait vraisemblablement d'une cyberattaque contre le système de contrôle et de commande de l'appareil israélien".
C'est donc un pari bien périlleux que d'envoyer désormais ses drones et avions violer le ciel du Liban comme l'a fait Israël ces deux derniers jours. Mais Israël a-t-il d'autres choix ? Visiblement non.
Israël s'attendrait à tout: une riposte du Hezbollah depuis les airs, dans les airs ou en mer ou une réponse de missiles contre les forces terrestres israéliennes, voire même une riposte qui viendrait de l'Iran après l'interception de son avion civil dans le ciel syrien.
Cette riposte pourrait même être celle de la Syrie, dont les terres sont soumises à des frappes aériennes et missiles israéliennes continues. Tel-Aviv se trouve face à un bloc uni aux dimensions inconnues. "Israël souffre d'un aveuglement", estime le journal Al Binaa dans un article avant d'ajouter :
"Or plutôt que de venir porter secours aux Israéliens, Milley s'est rendu à la base de Naftavim, à Beersheva dans le sud des territoires occupés, évitant à la fois le front Nord mais aussi toute rencontre avec Netanyahu. Milley se souciait surtout des batteries THAAD que l'Amérique a plantées au sud d’Israël tout comme à Riyad, dans un souci clair d'endiguement anti-chinois puisque ces THAAD sont connectés à Diego Garcia et trop sensibles au moindre agissement chinois."
Tout ceci n'augure rien de bon pour un Israël qui attend un terrible scénario de riposte comme suit: "Un débarquement de l'unité d'élite du Hezbollah en Galilée, ce qui devrait inciter l'armée sioniste à évacuer précipitamment la zone frontalière, façon de permettre à l'armée de l'air israélienne de bombarder toute éventuelle infiltration", mais cette riposte a ceci de mauvais qu'elle provoquera tout ce qui se trouve en Galilée d'Israël, avant de susciter le tir des milliers de missiles visant Tel-Aviv et Haïfa entre autres.
Ce scénario et ses préparatifs auraient poussé Tel-Aviv donc à faire place nette en Galilée et paradoxalement à en ouvrir les portes aux commandos de la Résistance.
La crainte de la riposte du Hezbollah a vidé une longue bande frontalière, limitrophe du sud et du sud-est libanais (de la Bekaa occidentale à Hermel), de militaires israéliens pour les remplacer par des drones. A quoi cela rime ? Certains analystes parlent d'un retrait de l'armée d'occupation des zones occupées du Liban sans qu'il y ait aucune guerre !
Le commandement général de l'état-major israélien a donné ainsi l'ordre à toutes ses unités opérant le long du front Nord, jusqu'aux fermes de Chebaa et aux collines de Kfar Shuba, de quitter toutes leurs positions et de retirer tous leurs véhicules à une profondeur de 6 kilomètres, pour éviter que ces unités ne soient pas la proie facile du Hezbollah. Alors une première victoire de la Résistance ? Sans nul doute...
La potentielle riposte du Hezbollah a déjà provoqué de lourds dégâts plaçant pour la première fois depuis un bon bout de temps, la "première puissance militaire du Moyen Orient", "architecte de la guerre dans la guerre en Syrie" dans une posture "défensive".
Dimanche, le Secrétaire général adjoint du Hezbollah libanais, Cheïkh Naïm Qassem, enfonçait le clou sur Al-Mayadeen:
"Le Hezbollah reste déterminé à venger le sang de ses martyrs. L’équation de la dissuasion du Hezbollah face au régime sioniste se tient et elle se tient ferme. La Résistance ne veut y changer quoi que ce soit. Que les Israéliens y réfléchissent et s’en inquiètent !"