Selon le rédacteur en chef de Newsweek, l’Iran cherche à conclure un accord avec la Russie en même temps qu’il négocie un accord majeur avec la Chine, signalant une nouvelle tendance pour établir une coalition tripartite contre l’hégémonie mondiale des États-Unis.
Le magazine d’actualité américaine Newsweek écrit dans une note datée du 22 juillet que l'Iran cherche à renouveler un accord de 20 ans avec la Russie en même temps qu'il poursuit ses pourparlers sur un accord d'un quart de siècle avec la Chine, signalant ainsi une nouvelle impulsion pour établir "une coalition internationale contre la pression économique et politique américaine".
La publication américaine fait allusion à la visite du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, mardi 21 juillet à Moscou qui va dans le prolongement des efforts de l’Iran pour prolonger l’accord mutuel Téhéran-Moscou: « Avant le voyage de Zarif en Russie, Vladimir Poutine s'est entretenu jeudi avec son homologue iranien, Hassan Rohani, des questions telles que la pandémie du coronavirus, l'accord nucléaire iranien, la guerre en Syrie et des sujets bilatéraux, y compris la mise en œuvre de grands projets énergétiques communs. »
Selon l’éditorialiste de Newsweek, Tom O'Connor, Zarif a déclaré que les deux parties « ont accepté de renouveler l’accord bilatéral et que cela intervient environ une semaine après l’accord global de 25 ans Iran-Chine qui a fait grand bruit dans la presse du monde ».
Faisant référence au professeur associé au Collège officiel Vesalius à Bruxelles, Tom O'Connor écrit : « Les trois pays cherchent à se rassembler pour des raisons à la fois stratégiques et pragmatiques. Stratégiquement parlant, ils partagent une hostilité commune vis-à-vis d'un ordre mondial stipendié par l’Amérique. Pragmatiquement, il est également logique qu'ils travaillent les uns avec les autres. »
Il explique quelques lignes plus loin la stratégie concordante Pékin-Moscou face à la politique hégémonique américaine dans le monde : « La Russie et la Chine ont forgé ces dernières années un partenariat stratégique de plus en plus étroit dans les secteurs de l'énergie, de l'économie et de la défense. Cette relation a le potentiel de remodeler l'équilibre international des pouvoirs et suscite de graves inquiétudes pour Washington, qui a imposé des sanctions à tous les deux pays à des degrés divers dans l’espoir de contenir ses concurrents stratégiques. À l'instar de l'Iran, la Russie et la Chine ont décidé de défier l’Amérique. À la fin de 2019, l'Iran a par ailleurs rejoint la Russie et la Chine pour une série sans précédent d'exercices navals dans l'océan Indien malgré les fortes tensions dans le golfe Persique. »
Citant le porte-parole du représentant permanent de l’Iran auprès des Nations unies, Ali Reza Miryoussefi, l’auteur indique : « La politique étrangère de la RII se conforme à ses intérêts nationaux. La Chine et la Russie sont des partenaires précieux, surtout dans le domaine des investissements économiques et tout accord de coopération avec l'une ou l'autre sera transparent et avantageux pour les deux parties ainsi que pour la région dans son ensemble. La coopération de l'Iran avec la Chine et la Russie ne va à l'encontre d'aucun pays de la région, même au-delà. »
Les accords de Téhéran coïncident avec une période compliquée pour Washington. Les États-Unis, étant aux prises avec la Covid-19 et la récession qu'elle engendre, ont poursuivi une politique étrangère unilatérale et dure qui a créé les conditions d'une alliance entre l'Iran, la Russie et la Chine.
« La politique américaine sous Trump - principalement au Moyen-Orient mais aussi au-delà - a poussé les rivaux américains dans les bras de l'un et l'autre. On devrait considérer ces accords émergents comme une riposte contre les États-Unis. Mais, les rivaux de l’Amérique peuvent profiter de l’impopularité de l’administration Trump à l’échelle internationale pour renforcer leur propre pouvoir à un moment où l'ordre mondial est resté sans gouvernail. A vrai dire l'Iran a choisi le meilleur moment pour proposer une alliance coup sur coup avec la Chine et la Russie. Quant à l'axe sino-russe, une stratégie commune sans l'Iran aurait un pilier manquant », dit O'Connor au terme de sa note, citant le directeur adjoint du programme Asie et associé principal pour l'Asie du Sud au centre Wilson.