TV

Pacte stratégique Iran-Chine, pourquoi la Chine a choisi de s'allier à l'axe de la Résistance?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le Leader de la Révolution islamique reçoit le président Xi Jiping, 2016/IRNA

À mesure que le temps passe, l'axe US/Israël découvre mieux comment il risque de perdre tout, absolument tout, si l'alliance Chine-Iran s'inscrit dans la durée. En Israël où les décideurs n'en reviennent toujours pas d'avoir été menacés par l'Amérique pour cause de liens avec Pékin, liens qui ont poussé Pompeo à se déplacer à Tel-Aviv et à bousiller de mégas projets portuaires chinois à Haïfa. 

D'où cet article d'Israël Hayoum qui énumère coup sur coup ce que le camp atlantiste a à perdre et que le camp d'en face à gagner si le fameux accord de 25 ans Téhéran/Pékin voit le jour. Certains milieux sionistes plaident désormais en faveur de la manière forte contre la Chine pour pousser cette dernière à y renoncer. 

"En 2016 quand le président Xi Jinping s'est rendu à Téhéran, les observateurs ont pris cette visite pour du vent. À l'époque, personne n'aurait cru que Pékin allait détruire ses relations avec les États-Unis, la plus grande économie du monde et superpuissance, en faveur d'une alliance avec l'Iran, placé par cette même Amérique au cœur de "l'axe du mal". Et pourtant c'est ce qui est en train de se produire. Les dirigeants politiques et les commandants militaires iraniens n'ont cessé ces derniers mois de se rendre en Chine et de dire que tout ceci visait à qu'en pleine crise Covid-19 les deux parties dévoilent leur alliance. 

Jusqu'ici, la Chine et l'Iran se décrivaient comme "deux anciennes cultures asiatiques, deux partenaires dans les secteurs du commerce, de l'économie, de la politique, de la culture et de la sécurité avec une vision similaire et de nombreux intérêts bilatéraux et multilatéraux mutuels". Désormais, ils "se considéreront comme des partenaires stratégiques".

A quoi rime ce partenariat?

l'accord implique que l'Iran fournisse à la Chine du pétrole à des prix compétitifs pour les 25 prochaines années tandis que la Chine investirait 400 milliards de dollars en Iran pendant cette même période. La Chine s'engage à étendre sa présence dans les secteurs bancaires et des télécommunications iraniennes avec en toile de fond sécuritaire et militaire l'intégration iranienne au réseau Internet 5G et son système GPS. Et puis, à travers des dizaines de projets d'infrastructure, la Chine construira et exploitera des ports et des lignes de train.

Que veut dire ceci? Les implications de l'accord sont claires. La Chine, d'habitude trop économe, a choisi de mépriser les sanctions américaines, parce qu'elle pense très clairement que le prix économique et diplomatique qu'elle a à payer pour s'allier à l'Iran, sera inférieur aux frais que les États-Unis,, eux, auront à faire, puisque l'alliance Iran-Chine, revient , à écorner la position d'arbitre ultime dont jouissent les USA sur la scène internationale, et ce, depuis la fin de la Seconde Guerre. Terrifiante perspective, non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour les alliés des USA au Moyen-Orient. Comment?

Le pacte sino-iranien est aussi un accord militaire. Selon le rapport du New York Times, l'accord engage les parties à intensifier leurs exercices militaires conjoints. Depuis 2014, la Chine et l'Iran ont déjà mené trois exercices militaires conjoints, le plus récent étant un très dangereux exercice naval en décembre 2019 auquel a pris part la Russie. On se rappelle d'ailleurs de cette phrase percutante du commandant en chef de la marine iranienne, le contre-amiral Khanzadi qui a lancé à l'issue des exercices ceci :" l'ère des invasions américaines dans la région est révolue.

Mais cet accord veut dire aussi la fin du Conseil de sécurité dans son format actuel, les USA risquant d'y être défiés continuellement : à ce rythme, les États-Unis seront placés sur une trajectoire de collision avec le Conseil de sécurité et les efforts de Washington pour prolonger par exemple l'embargo des Nations unies sur les armes contre l'Iran au-delà de sa date d'expiration en octobre ne réussiront pas. 

Pour Israël, le pacte sino-iranien est un point d'inflexion stratégique. L'accord a deux implications immédiates sur Israël. Le premier est opérationnel. La nouvelle alliance de  l'Iran avec la Chine lui offrira, entre autres, de nouvelles options pour développer des armes nucléaires. Après tout, la Chine n’est pas étrangère à la prolifération nucléaire. Il a joué un rôle central dans le programme d'armes nucléaires du Pakistan. Quant à la Corée du Nord, au minimum, la Chine a facilité son programme d'armes nucléaires en empêchant une action internationale efficace contre Pyongyang.

Pour en savoir plus: Israël, 1er allié US à quitter le navire ?

Jusqu'ici, Israël considérait, sous pression US, la possibilité de retirer les entreprises chinoises des grands projets de construction et d'autres accords comme le prix regrettable de son alliance avec les États-Unis plutôt que comme une contrainte stratégique. Le pacte sino-iranien change tout. Les accords technologiques et d'infrastructure avec la Chine, ceux à Haïfa et ailleurs, c'est fini et Israël devra remplacer la Chine avec les USA. Mais une Amérique sortie de Covid-19 aura-t-elle assez d'argent pour aider Israël? Quant à Pékin, ce retrait ne lui fera ni chaud ni froid puisque l'Iran pourrait même lui ouvrir les portes du Liban.  

Pendant des décennies, malgré les avertissements américains, Israël a perçu la Chine comme une puissance neutre et un marché très attractif. Contrairement aux Européens, les Chinois n'ont jamais essayé d'utiliser leurs liens économiques avec Israël pour contraindre Israël à faire des concessions aux Palestiniens. Les Chinois n'ont pas travaillé pour renverser les décisions gouvernementales et militaires en Israël. Ils semblaient simplement intéressés par les liens économiques pour leur propre bien. Les choses pourraient changer dorénavant et pas dans le bon sens". 

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV