Le ministre israélien de la Guerre a appelé au téléphone ce vendredi 17 juillet le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou pour dire aux Russes que ce pacte militaire et sécuritaire stratégique que l'Iran vient de signer avec la Syrie et qui plombe le ciel de l'est de la Syrie à la faveur du déploiement des éléments de la DCA made in Iran, et auquel Moscou a porté toute sa contribution en facilitant le transfert de ces mêmes "éléments" par base aérienne Hmeimim interposée, ne changerait rien à la donne et que le régime de Tel-Aviv, dont l'état économique, politique et social ressemble plus que jamais à une foire inextricable d'empoigne veut la guerre.
Entre Choïgou et Gantz, un dialogue de sourds s'est d'ailleurs établi, le premier reprochant au second les tentatives sionistes de vouloir déstabiliser la région, le second pérorant la sempiternelle antienne sioniste : "Israël expulsera l'Iran de la Syrie". En plein désespoir, Israël a-t-il tenté de s'attirer les faveurs russes? Depuis que le porte-parole des Forces armées iraniennes, le général Chekartchi a mis en garde l'entité sioniste contre tout aventurisme militaire visant les positions de la Résistance, Israël a intérêt à bien comprendre et assimiler le changement de donne qui vient de se produire dans le ciel syrien.
La DCA syrienne a intercepté et abattu, vendredi, un drone non identifié qui survolait la banlieue de la ville de Salamiyah, dans la province de Hama, rapporte la chaîne d'information syrienne al-Ekhbariya. Selon ce rapport, d'impressionnantes détonations ont retenti dans le ciel de Salamiyah, située au sud-est de Hama et à 45 km au nord-est de Homs. La veille, une identique riposte a eu lieu contre une autre attaque au drone, visant justement les positions de l'armée syrienne à Homs. Certes, l'action provient droit de la DCA syrienne, mais cette DCA semble d'ores et déjà plus précise dans son interception et dans sa riposte.
L'Iran a-t-il activé les éléments de ce qui pourrait être une DCA intégrée irano-syrienne au centre et au Nord-Ouest syrien, et ce, en prévision de ce qui devrait être son clash avec Israël à l'Est soit sur les frontières avec l'Irak? Interrogé par Sputnik, Ghassem Yousef, expert militaire syrien a sa réponse : « Le nouvel accord de coopération militaire entre l'Iran et la Syrie permettra à l'Iran de tester ses défenses aériennes de fabrication nationale contre les missiles et les avions de combat israéliens qui visent la Syrie. Au fait, c'est une continuation pour les deux armées qui ont commencé à coopérer il y a 10 ans. Mais le nouvel accord : implanter les missiles et les radars iraniens en Syrie, histoire de créer le cadre d'une "riposte d'égale à égale" contre Israël. C'est la première fois depuis la guerre de Six Jours que l'Armée de l'air syrienne, par ailleurs l'une des plus performantes du monde arabe, saura bénéficier d'une couverture anti-aérienne adéquate pour chasser les avions israéliens non pas dans le ciel syrien, car ils n'osent plus s'y infiltrer, mais bien au-delà. D'ailleurs, cette Armée de l'air vient d'être modernisée par la Russie qui l'a doté de MiG-29. Des frappes aériennes contre Israël sont totalement envisageables dans les mois à venir ».
Si le système iranien Khordad-15 passe à l'acte…
« La DCA iranienne a déjà fait ses preuves en abattant un drone US d'excellente qualité en 2019. Cette DCA a différentes composantes, dont le Bavar-373 et le Mersad. Mais la gamme de Khordad compte aussi un tout nouveau dispositif, le Khorad-15, plus performant que le Khordad-3, le fameux tueur de Global Hawk. C'est le dispositif contre les missiles de croisière furtif », a dit l'expert. L'Iran a dévoilé le dimanche 9 juin 2019 un système de défense antimissile avancé, développé localement, qui est capable de détecter différentes cibles dont les avions et drones militaires, dans un rayon de 150 km, et de les suivre, à l'aide de son radar, à une distance de 120 km.
Le système peut également intercepter des cibles furtives dans un rayon de 85 km et les détruire à 45 km de distance. Le Khordad-15 utilise des missiles Sayyad-3, propre à intercepter six cibles à la fois et sa mobilité permet aux militaires de le préparer au tir en moins de cinq minutes, soit ce qu'il faut pour faire face aux missiles de croisière sionistes. En 2019, le dévoilement de ce système de défense antiaérienne a eu de vastes répercussions dans les médias israéliens. Dans un rapport intitulé "L'Iran dévoile un système de missiles capable de détruire les avions de combat ennemis", le site web du journal israélien The Times of Israel, affilié au Mossad (agence d'espionnage israélienne), a examiné ce système.
« Les forces de la défense aérienne de l'armée iranienne ont reçu le nouveau système Khordad-15, qui est un développement ultérieur des systèmes Talash avec un nouveau radar cible et des missiles Sayyad-3 déjà connus avec une portée de 120 km. Avec le nouveau radar, chaque complexe peut tirer simultanément sur 6 cibles », précise Yuri Lyamin, expert militaire israélien dans un tweet daté du 9 juin 2019. Mais à l'époque, l'expert sioniste ne croyait pas que les avions et les missiles israéliens auraient un jour à lui faire face. Il ne savait pas non plus que la Syrie ne resterait pas les bras croisés face aux bombardements et que grâce à une DCA performante et des missiles tactiques, elle saurait, après des décennies, donner des coups.