Le journal égyptien Al-Ahram s’est penché dans un article sur le déclin du pouvoir des États-Unis dans le monde, le recul de Donald Trump dans les sondages en vue des élections présidentielles, l’apparition de puissances émergentes comme la Chine et la destruction du monde unipolaire américain, sans manquer de souligner qu’Israël s’en trouvait dans un état de panique, et qu’il craint perdre le soutien US.
« Bien que les dirigeants israéliens soient conscients de la stratégie pro-Israël des États-Unis, la réflexion stratégique d’Israël le force à se sentir menacé en permanence et à revoir constamment ses relations avec les USA de peur qu’elles ne soient perturbées, car les autorités de Tel-Aviv y voient une sérieuse menace pour leur existence, leur stabilité et leur sécurité. »
L’une des raisons de cette crainte est surtout la montée des tensions et des divergences de points de vue entre Tel-Aviv et Washington au Moyen-Orient. Le régime sioniste a bien réalisé que l’hégémonie américaine est en déclin et que des puissances mondiales, étant capables de devancer les USA et de créer un monde multipolaire, ont émergé. Au premier rang de ces gouvernements émergents se trouvent la Russie et la Chine. On constate également des signes d’une désobéissance européenne dirigée par l’Allemagne et la France contre le leadership américain. Les Européens s’efforcent en fait de créer une nouvelle identité sécuritaire pour une Europe indépendante vis-à-vis de l’OTAN et de lancer une armée européenne indépendante.
Tout ceci a poussé les Israéliens à se demander si un changement pourrait se produire dans les relations USA/Israël. Israël pourra-t-il survivre sans le soutien américain ? Israël a-t-il des alternatives aux États-Unis ? »
Le général Amos Yadlin, président de l’Association des études de sécurité nationale d’Israël évoque l’un des dangers qui menacent les liens Tel-Aviv -Washington a savoir la coopération avec la Chine, motivée par des intérêts économiques ; si Israël se tourne vers la Chine c’est qu’il n’a plus trop de confiance aux USA.
Selon Yadlin, les États-Unis n’accepteront pas les liens d’Israël avec Pékin, de même qu’ils n’ont pas admis l’octroi par Israël de la gestion d’un port de Haïfa aux Chinois, car les Américains craignent que la présence chinoise dans cette région ait des impacts sur leur base militaire située à proximité de ce port. Washington s’oppose également au développement des investissements chinois en Israël, notamment la création de l’usine de dessalement Shurk-2, qui est la plus grande du genre au monde.
Alors pourquoi Israël insiste-t-il pour promouvoir ses liens avec Pekin ? Puisqu’il a peur. Le premier événement qui l’a averti aura été l’approche unilatérale extrémiste des États-Unis dans l’affaire de coronavirus. En effet, pour la première fois Israël s’est vu seul et sans le soutien US au milieu de cette crise à tel point qu’il a été contraint d’appeler au secours d’autres parties. Le deuxième événement est lié à l’intensification des manifestations populaires à travers les États-Unis contre la mort de l’Afro-américain George Floyd symptomatique de la crise profonde qui secoue la société américaine. Après cette histoire, Trump a dégringolé dans les sondages et a perdu sa position d’antan.
« Le rideau se lève » est le seul titre qui pourrait être utilisé pour la nouvelle ère à laquelle le régime israélien sera confronté dans les années à venir, et il doit répondre comment il veut survivre sans le soutien américain.
Dans une interview accordée à la radio de l’armée israélienne Martin Andick, ancien ambassadeur des États-Unis à Tel-Aviv, a répondu à une question sur ce qui se passerait si Netanyahu souhaitait sérieusement annexer la Cisjordanie à Israël « les États-Unis soutiennent l’annexion des colonies sionistes, mais le système Trump est sur le point de s’effondrer et il a maintenant le sort des dictateurs contre lesquels leurs nations se soulèvent ». Ce sont des faits réels, bien qu’Israël ait du mal à y croire, mais il ne peut y échapper et il doit en payer le prix.