Les Américains connaissent parfaitement la portée opérationnelle des missiles et des drones yéménites qui ont déjà visé des cibles en Arabie saoudite et ils savent que leurs bases militaires à Socotra et dans d’autres îles yéménites sont entièrement à la portée de ces armes, a-t-on appris de Hadi Mohammadi, analyste iranien des questions de l’Asie de l’Ouest.
Dans un article, publié le 31 mars par le site d’actualité iranien Mashregh News, Hadi Mohammadi a écrit : « Il y a quelques jours, des rapports citant des responsables américains et le Pentagone faisaient part des préparatifs destinés à attaquer les Kataëb Hezbollah, un groupe de résistance irakien. Dans le même temps, les États-Unis ont évacué certaines de leurs bases militaires dont Qayyarah, K-1 et al-Qaëm, réduit leurs forces dans la base Tajji et certaines d’autres bases et transféré beaucoup de leurs soldats à la base d’Aïn al-Asad. Ils ont également rappelé les fonctionnaires de leur ambassade à Bagdad et leur consulat à Erbil. Ces agissements des États-Unis sont bien significatifs sur les plans tactique et stratégique ».
1- L’assassinat lâche du général de corps d’armée iranien Qassem Soleimani et l’Irakien Abou Mahdi al-Mohandes, numéro 2 des Hachd al-Chaabi, par les Américains, une action illégale et terroriste allant en contradiction avec la souveraineté d’Irak, a poussé le Parlement irakien à voter en faveur de l’expulsion des forces US. Cet événement a fait basculer les Américains dans un désarroi sans précédent qui les a conduits à prendre des mesures contradictoires. En plus, les frappes américaines visant les bases de l’armée irakienne et des Hachd al-Chaabi ont mobilisé davantage ces derniers dans le sens de l’expulsion des forces américaines.
2- En parallèle de ses actions militaires en Irak, Washington a commencé ses tentatives destinées à manipuler le processus de la nomination d’un nouveau Premier ministre via ses mandataires afin de faire monter au pouvoir un dirigeant pro-américain.
3- Les agissements des Américains en Irak ont provoqué un tollé général contre leurs soldats et bases dans ce pays et l’ensemble des facteurs politiques, militaires et sécuritaires n’allaient pas dans l’intérêt des États-Unis. En plus, les commentaires des responsables américains révélant leur convoitise vis-à-vis des ressources pétrolières irakiennes ainsi que la guerre biologique de type du coronavirus ont renforcé la solidarité entre les Irakiens et promu, de même, la position sociale et politique des Hachd al-Chaabi.
4- Ce qu’ont fait les États-Unis en Irak et le transfert d’une partie de leurs forces et équipements vers le nord de la Syrie et l’est de l’Euphrate s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie régionale qui est censée être accomplie par les agissements des derniers mois des États-Unis au Yémen.
Les États-Unis, qui croient qu’une recomposition des rapports de forces au Yémen n’ira pas du tout dans leurs intérêts et les intérêts de leurs alliés saoudien, émirati, israélien et britannique, ont commencé à déployer, en catimini, des militaires et des équipements sur l’île de Socotra et un certain nombre d’îles de la mer Rouge et des ports d’Aden et d’al-Mukalla et cela afin de remplacer les positions qu’ils avaient presque perdues dans le golfe Persique – les militaires, les navires et les bases américains à Bahreïn, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis ne sont plus en sécurité – .
Il paraît que la Maison-Blanche projette à piller les ressources d’hydrocarbure au Yémen et qu’elle fait asseoir son hégémonie dans le détroit stratégique de Bab el-Mandeb, dans la mer Rouge et dans le sud de la mer d’Oman, quitte à susciter la réaction de la flotte chinoise et surtout russe déployée dans cette zone maritime.
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En plus, les Américains entendent s’installer dans les provinces pétrolifères du Yémen, d’où les propos de l’émissaire des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths, qui se dit préoccupé quant aux percées remarquables d’Ansarallah et de l’armée yéménite vers la province de Maarib, une province stratégique qui sert d’artère pétrolière et qui se trouve sur le trajet du transfert d’hydrocarbure via la mer d’Oman et la mer Rouge. Mettre main sur les immenses ressources pétrolières du Yémen, cela fait sûrement partie des plans de la Maison-Blanche pour le Yémen.
5- Si les États-Unis tentent d’exploiter la crise du coronavirus pesant sur les pays de la région afin de nuire aux groupes de Résistance, ces derniers ne resteront pas les bras croisés. Les frappes au missile et au drone, lancées pendant ces derniers jours, par Ansarallah et l’armée yéménite contre Riyad, Jizan, Najran et Asir transmettent des messages tactiques et stratégiques, surtout destinés à Washington : tout aventurisme en Irak y compris une action militaire, de renseignement et sécuritaire, l’enlèvement et l’assassinat, ainsi que tout relâchement des prisonniers de Daech en Syrie et toute tentative de prolongation de la guerre au Yémen pourrit avoir des conséquences stratégiques défavorables pour les États-Unis et leurs alliés régionaux et internationaux.
L’analyste iranien a ensuite conclu que « les évolutions en Asie de l’Ouest semblent plus compliquées que jamais et elles ne peuvent pas être analysées indépendamment, les unes des autres».
Et d’ajouter : « Toute action inappropriée de la part des États-Unis et leurs alliés risque de provoquer une réaction au même niveau dans une autre partie de la région. Un aventurisme en Irak sera suivi par une attaque paralysante dans une autre région de l’Asie de l’Ouest ».