Pourquoi l’Arabie des Salmane qui a plus que tout autre pays au monde besoin de l'argent de son pétrole puisqu'elle s'embourbe au Yémen, qu'elle refuse la paix avec l'Iran, et qu'elle a à alimenter la machine de guerre US, commet un acte de suicide énergétique? Est-ce uniquement pour pousser Poutine à se mettre à la table du dialogue et à refaire la défunte "Opep +"?
Les analystes politiques y voient plus qu'un simple levier de pression énergétique anti-Russie. Il y a en effet, l'écho d'une politique américaine qui joue du sort des milliers de Saoudiens pour mettre au pas Poutine à Idlib tout comme ailleurs au Moyen-Orient. Certains commentateurs estiment même que le récent coup de force mené par Ben Salmane contre les vieux princes de la cour relèverait d'une mesure préventive dans cette vaste bataille que l'Amérique a déclenchée contre la Russie et dont l'Arabie n'est un vecteur. Peu importe si Riyad tout comme d'autres alliés US en pâtissent.
Ce lundi, toutes les bourses européennes et asiatiques se trouvaient dans le rouge tout comme les actions du géant pétrolier saoudien Aramco qui a saigné à blanc, perdant 10 pourcent à l’ouverture du marché boursier à Riyad. Après que l’Arabie saoudite et la Russie n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une réduction de la production de brut, Riyad a décidé de s'auto-mutiler et d’augmenter sa production, unilatéralement.
Ce lundi matin 9 mars, les cours mondiaux du brut ont baissé d’environ 25%, une baisse, en une seule journée, qui se ressemble beaucoup à la baisse important du prix de pétrole en 1991. Chaque baril de Brent de la mer Nord s’est négocié de 33 dollars 96 cents, accusant une baisse de 11 dollars 31 cents tandis que chaque baril de brut de West Texas Intermediate a connu une baisse de 10 dollars 73 cents pour se négocier de 30 dollars 55 cents.
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Cette saignée n'a pas eu de pareille qu'en janvier 1991, à la suite du déclenchement de la première guerre du golfe Persique. Cette évolution signifierait, au moins pour une courte durée, une fin tragique de plus de trois ans de coopération au sein du groupe OPEP+, composé des membres de l’OPEP, la Russie et quelques autres producteurs de pétrole, non membres de cette organisation. Selon Reuters, l’Arabie saoudite entendait augmenter, d’ici avril, avant la fin officielle de la mise à exécution de l’ancien accord de l’OPEP+, sa production brut à plus de 10 millions de barils par jour, son objectif étant de punir la Russie qui a refusé, la semaine dernière, les propositions au sujet de la réduction de la production de brut.
Mais qui croirait qu'un tel coup, Riyad en aurait décidé seul: l'ombre de Washington est bien trop présent. Les sources russes s'inquiètent déjà des répercussions de ce mini séisme sur la valeur de la rouble qui perdrait évidemment de sa valeur. Une dépréciation qui intervient dans un contexte de marasme lié à la Covid-19. Mais ce n'est pas uniquement la Russie qui en pâtirait, tous amis golfiens de Riyad y passeraient.
La décision de Riyad est un véritable suicide pour ce royaume qui est, déjà, aux prises avec de nombreux problèmes domestique : le Yémen, surtout et entre autres. . Une nouvelle vague d’arrestations de princes a déferlé dans le pays. Un quatrième prince héritier a été arrêté; la nouvelle rafle a même pris au piège un ancien chef du renseignement de l'armée, le prince Nayef ben Ahmed, ainsi que des dizaines d'officiers supérieurs de l'armée, et de la garde nationale qui a été refaite pièce par pièce après une tentative de coup d'État en 2018.