Décidément, ces deux jours d'exercices militaires d'envergure au Venezuela ont terrorisé l'Amérique tout autant que la décision du président Maduro d'officialiser un corps armé asymétrique, dont l'idée date de l'époque du défunt Chavez, lui aurait été insufflée par le commandant en chef de la Force Qods, le martyr Soleimani : plus de trois millions d'effectifs armés, constamment en état d'alerte et prêts à protéger les frontières avec deux des principales bases arrière d'un conflit que le psychopathe Eliot Abrams a juré de déclencher, à savoir Colombie et Brésil, "dès que possible", ce n'est vraiment pas une mince affaire. C'est sans doute ce qui a poussé les États-Unis d'Amérique à s'acharner sur les ressources en devise du pays par sanctions pétrolières russes interposées et à menacer que les 30 jours à venir seraient riches en "annonces de sanctions anti-Venezuela et anti-Russie". La crainte américaine est d'autant plus grande que Maduro a affirmé mardi, que le Venezuela serait désormais en manœuvre permanente et les exercices ne seront pas annoncés au préalable.
Dans un communiqué du 18 février, le secrétaire d'État Mike Pompeo a donc annoncé des sanctions contre le géant pétrolier russe Rosneft ainsi que contre le président de la maison de courtage, Didier Casimiro, pour avoir "agi ou prétendument agi pour ou au nom de Rosneft Trading".
Rosneft Trading est une unité basée en Suisse du géant russe de l'énergie, Rosneft, qui a été créée en 2011, selon le site Web de la société, ce qui veut dire que l'Amérique a visé aussi le flux des capitaux entre Russie et Venezuela surtout que Rosneft travaille avec le géant de l'énergie vénézuélien Petroleos. Les sanctions empêchent généralement l'entreprise et son président d'opérer sur les marchés financiers mondiaux. Réagissant à l'annonce américaine, Rosneft a qualifié les sanctions de Washington contre sa filiale commerciale d'illégales et sans fondement, tout en s'engageant à rechercher des "moyens de se protéger judicieusement après avoir étudié les documents publiés par le département du Trésor américain concernant les restrictions". Cela veut dire que le géant russe aura recours aux méthodes anti-sanction que le camp anti-US multiplie et qui réussit à merveille par les temps qui courts.
Pour le reste, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que les sanctions n'affecteraient pas "l'interaction de la Russie avec les autorités légales du Venezuela" comme elles n'ont pas affecté les liens avec l'Iran ou encore la Syrie : « La Russie rejette catégoriquement les restrictions unilatérales, par lesquelles les États-Unis, qui cherchent l'hégémonie mondiale, essaient de faire plier le monde entier à sa volonté. Cela n'a jamais influencé et n'influencera pas la politique internationale de la Russie, y compris sa coopération avec les autorités légitimes du Venezuela, de la Syrie, de l'Iran et tout autre pays, lit-on dans le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
La diplomatie russe a dénoncé Washington d'utiliser des sanctions pour "promouvoir les entreprises américaines", qui selon cette instance "ne résistent pas à une concurrence loyale avec les producteurs russes sur les marchés mondiaux". « La politique de sanctions nuisibles des États-Unis met de plus en plus en danger la liberté du commerce mondial et elle aggrave également les tensions internationales. Les hommes d’État américains auraient dû comprendre depuis longtemps qu'ils ne réaliseraient rien en mettant la pression économique et militaire sur la Russie, mais que cette démarche ne fera qu'aggraver la crise dans les relations bilatérales », précise le communiqué.
Les sanctions, qui visent la société de courtage basée en Suisse du géant pétrolier, sont le dernier effort de l'administration Trump pour faire pression sur le gouvernement légitime du président vénézuélien Nicolas Maduro. En effet, les sanctions vont geler les actifs de Rosneft Trading aux États-Unis et punir les partenaires mondiaux de Rosneft. Les sanctions contre cette entreprise russe interviennent alors que la Maison- Blanche a cherché des moyens de renforcer sa campagne de "pression maximale" sur Maduro et ses alliés, dont la Russie. "C'est désormais connu, la méthode consiste à affaiblir économiquement l'adversaire avant de s'en prendre à lui sur le plan militaire. Washington en a fait autant avec l'Iran", note un expert qui ajoute : "Il semble que cette panique US soudaine est en rapport avec les récentes manœuvres militaires de l'armée vénézuélienne. Washington cherche-t-il à affecter "la part russe" dans ces manœuvres? Après tout, outre le contingent asymétrique, les unités de la DCA russe et l'armée de l'air vénézuélienne ont largement pris part à cet exercice".
Dans la foulée, Washington s'est mis aussi à menacer l’Inde et la Chine "deux gros importateurs du pétrole vénézuélien" pour qu'ils n'achètent plus de brut vénézuélien. « Les États-Unis poursuivent leurs discussions avec la Chine et l'Inde, les principaux clients de pétrole vénézuélien, et avec des responsables espagnols au sujet des activités de la société espagnole Repsol concernant le Venezuela », a affirmé Elliott Abrams. Les États-Unis avaient également sanctionné en juillet 2019 la société cubaine de pétrole et de métaux Cubametales pour avoir continué d'importer du pétrole brut et d'autres produits du Venezuela dans le cadre d'une stratégie plus large visant à évincer le président vénézuélien Nicolas Maduro. "Or, ces sanctions anti Russes constituent une déclaration de guerre directe contre Moscou. Il faut s'attendre à ce que la Russie y apporte une riposte militaire, comme la création d'une base navale au Venezuela".
Les États-Unis, principal rival de la Russie dans la fourniture d'énergie à l'Europe, avaient imposé en juillet 2014 des sanctions contre Rosneft sur l’affaire de l’Ukraine.
« La Russie "ne tolérera pas le chantage" des États-Unis sur l'Ukraine. Nous ne tolérerons pas le chantage et nous nous réservons le droit de prendre des mesures en réponse » aux nouvelles sanctions, a écrit le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Sanctions US : le Venezuela saisit la CPI
« Caracas inclura des sanctions américaines contre la filiale commerciale de la société russe d'énergie Rosneft Rosneft Trading dans une plainte déposée plus tôt auprès de la Cour pénale internationale (CPI) contre les États-Unis », a déclaré le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza.
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« Ces actions contre Rosneft Trading violent la liberté du commerce et des affaires. Nous inclurons ces actions dans notre plainte contre les États-Unis auprès de la CPI », a-t-il écrit sur son compte Twitter.
Le Venezuela avait déposé une plainte auprès de La Haye concernant les restrictions que les États-Unis imposaient à ce pays depuis 2014.