Les États-Unis viennent de stopper la livraison des pièces de rechange des avions F-16 irakiens, selon le porte-parole de l'armée américaine, Brian Brackens, qui pour tout dire ne surprend pas grand monde. Depuis que le conflit est ouvert entre les forces armées irakiennes et Washington, les militaires américains, repliés dans leurs bases à travers l'Irak, ont peur de s'adresser aux militaires irakiens, voyant partout des Hachd al-Chaabi!
Inside Defense qui rapporte l'information affirme que la décision renvoie aux "inquiétudes sécuritaires croissantes" des forces américaines liées "aux tensions sécuritaires" dans la foulée de l'assassinant par les USA du chef adjoint des Hachd al-Chaabi, le 3 janvier à Bahdad. Russia Today souligne que les pièces détachées en question servaient surtout à maintenir en état la flotte des F-16 déployées dans deux des principales bases aériennes en Irak, à savoir Aïn al-Asad et Taji.
Inside Defens rappelle que la dernière livraison d'armements US à l'Irak remonte au mois à novembre 2019 pour un montant de 1.8 milliards de dollars. Les Américains honoraient à l'époque un contrat qu'ils avaient signé en 2016. Mais est-ce toute l'histoire?
Cette mesure qui viole à n'en pas douter l'une des autres clauses du pacte de sécurité signé en 2010 entre Bagdad et Washington, fait écho, selon certains observateurs, des craintes de voir les Etats-Unis dans l'obligation de se retirer de leurs bases aériennes en Irak et ce, sous pression. Lundi soir le secrétaire d'État Pompeo s'est entretenu au téléphone avec le Premier ministre irakien Adel al-Mahdi. Il s’agit d’un entretien au cours duquel, Mike Pompeo réitéré ses accusations sans fondement contre la Résistance qu'il rend à tors et à travers responsable des tirs de roquettes contre l'ambassade et les bases US. L’entretien s'est en outre axé sur la "disponibilité US à négocier la présence militaire américaine en Irak". C'est une première depuis que le Parlement irakien a voté le 5 janvier l'expulsion des troupes d'occupation US de l'Irak. Selon certaines sources, de possibles frappes iraniennes, comme celle du 8 janvier contre Aïn al-Asad, ne sont pas l'unique source de préoccupation du Pentagone, la Résistance irakienne ayant annoncé que ses attaques anti US similaires à celle de l’Iran, seront prochainement revendiquées.
Les bases que les Américains détiennent à travers l'Irak et qui abritent plus de 5000 GI's continuent à être fréquentées par les forces armées irakiennes, dont les Hachd, ce qui se pose, selon les USA, "une faille géante en matière de renseignement" pouvant largement servir les ennemis de l’Amérique. Mais il y a plus : en cas d'un conflit ouvert, les missiles ne sont plus l'unique menace qui se pose aux GI's. Les Américains craint que la flotte aérienne irakienne made in US tourne le dos à leurs troupes et qu'elle soit utilisée pour les bombarder, estime un analyste militaire proche des forces irakiennes. Dans ce contexte, les tirs de roquettes sporadiques pourraient bien profiter aux États-Unis qui cherchent à justifier leurs frappes préventives".
Le commandant des Hachd al-Chaabi, Kamal al-Hasnawi n'écarte d'ailleurs pas cette hypothèse et affirme que la Résistance irakienne se tient prête pour faire face à cette éventualité.
« L’attaque contre la zone verte est l’œuvre des États-Unis », a affirmé Kamal al-Hasnawi, commandant adjoint de Harakat al-Abdal, nom de la 39e brigade des Hachd al-Chaabi, annonçant une attaque éventuelle de la part des États-Unis. « Les attaques à la roquette contre l’ambassade américaine à Bagdad ont été menées par les Américains eux-mêmes », a déclaré Kamal al-Hasnawi.
Mais la Résistance irakienne est-elle totalement désarmée face à une telle perspective? "Autant les Américains craignent que la flotte de F-16 tourne contre eux, autant ils redoutent l’arrivée des S-300 et des S-400 russes en Irak. Désaméricaniser la flotte aérienne irakienne pour l’acquisition d'une DCA anti-américaine constitue une démarche énorme. Selon des sources russes, les négociations de part et d'autre sur l'achat par les Irakiens des batteries de S-300 commencent à aboutir. "
Selon plusieurs sources, dans le cadre de l'examen de la possibilité d'acquérir des systèmes de défense antiaérienne et antimissile pour assurer la protection de l'espace aérien du pays, les autorités irakiennes ont conclu sans équivoque qu'il était nécessaire d'envisager uniquement l'achat d'armes russes. Il ne reste plus qu’à savoir si l'Irak optera pour les systèmes S-300 ou le S-400 qui passe pour tueurs des F-16.
Iraq expanding its searches to Chinese and Ukrainian markets.
— TØM CΛT (@TomtheBasedCat) January 25, 2020
For China they are interested in looking at HQ-9, for Ukraine they are interested in old stocks of S-300.
Avia.pro, site militaire russe ajoute que l'Irak a également des visées sur les marchés chinois et ukrainien. En effet, les Irakiens sont aussi intéressés par l'équivalent chinois des S-300 et de HQ-9. Quant à l’Ukraine, l'Irak pense plutôt aux stocks de S-300.
Le Comité de la sécurité et de la défense au Parlement irakien a, de son côté, annoncé qu'il formerait un sous-comité destiné à faire signer des contrats d'achat de S-300/400 après la formation d'un nouveau gouvernement. Au-delà des questions sur la défense aérienne, le Comité songe à la présence des conseillers militaires russe en Irak.