La destruction d’une grande partie des centres de contrôle des drones de l’armée américaine dans la base Aïn al-Asad en Irak a prouvé à quel point le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) est capable de neutraliser les drones de l’ennemi, grâce à sa maîtrise de plus en plus performante dans divers domaines : missiles balistiques, cyberguerre et guerre électronique. Mais ce n'est pas la première fois que l'Iran gagne une bataille contre les drones les plus sophistiqués des États-Unis.
1) L’Iran a capturé un RQ-170, la « Bête de Kandahar »
Le RQ-170 est un drone furtif développé par Lockheed Martin pour l’armée de l’air des États-Unis. Il aurait été utilisé en 2003 avant même l’invasion américaine de l’Irak, mais son existence a été reconnu officiellement par le Pentagone en décembre 2009. Il est surnommé la « Bête de Kandadar » (Beast of Kandahar), ville afghane au-dessus de laquelle il a été intercepté pour la première fois en 2007.
Le 4 décembre 2011, les forces armées iraniennes ont réussi à intercepté un drone RQ-170 près de la ville de Kashmar (près de la frontière afghane), alors qu’il avait pénétré l’espace aérien de l’Iran. Une unité de guerre électronique du CGRI a pris le contrôle du drone et l’a forcé à atterrir en Iran avec seulement des dommages mineurs. Cette information a été initialement démenti par les États-Unis, mais en décembre 2009, le Pentagone a reconnu que cet appareil avait été effectivement capturé par les forces iraniennes.
Le renseignement militaire américain a révélé plus tard que les RQ-170 n’étaient pas basés uniquement en Afghanistan, mais aussi dans une base aérienne aux Émirats arabes unis. Leurs missions principales aurait été de mener des vols de reconnaissance sur les sites et les installations nucléaires de la République islamique d’Iran.
En février 2013, l’Iran a publié les premières images du RQ-170 capturé, et en septembre 2013, le CGRI a annoncé que ses experts ont réussi à décoder tous les systèmes du drone.
2) Le MQ-1 Predator américain capturé, puis refabriqué en Iran
Le MQ-1 est un drone militaire d’altitude de croisière moyenne et de longue autonomie. Fin octobre 2016, le commandant des forces aérospatiales du CGRI, le général Amir Ali Hajizadeh, a annoncé qu’un drone américain MQ-1C Predator de l’armée de l’air des États-Unis a été intercepté et capturé par les forces iraniennes.
Les images de ce drone capturé ont été aussitôt diffusées par le CGRI. Ni l’Iran ni les États-Unis n’ont jamais révélé les détails de la capture de l’engin américain par les forces militaires iraniennes, mais il faut rappeler qu’en novembre 2012, les médias avaient fait état d’un « incident » sur les eaux territoriales de la République islamique d’Iran entre un drone MQ-1 Predator de l’armée de l’air américaine et deux Su-25 iraniens qui avaient tiré des salves de canon sur le drone.
Certains drones iraniens ont été fabriqués sur le modèle de drones américains capturés à l’aide des processus d’ingénierie inverse. Par exemple, le Saegheh et le Shahed-171 sont, d’après les experts, les versions iraniennes du RQ-170, tandis que le Shahed-129 serait la version iranienne du drone américain MQ-1 capturé par les forces iraniennes.
3) Le CGRI pénètre le cœur des données des MQ-9 Reaper en Syrie
Le MQ-9 Reaper est un drone de combat américain qui a été largement utilisé par l’armée de l’air des États-Unis dans divers types de missions en Irak et en Syrie.
Ces dernières années, le Pentagone a prétendu à plusieurs reprises qu’il avait réussi à pénétrer et à saboter les systèmes électroniques des sites balistiques de la République islamique d’Iran. En réaction aux prétentions du département américain de la Défense, le CGRI a remis aux médias des documents qui prouvent comment les unités aérospatiales du Corps des gardiens de la Révolution islamique ont réussi à pénétrer dans le cœur des données des drones américains MQ-9 Reaper.
Une vidéo diffusée par le CGRI a montré comment les unités iraniennes de guerre électronique ont réussi en Syrie à accéder en temps réel au centre des données du drone américain en pleine mission. Ces images montrent que le drone MQ-9 est en train de surveiller un site des terroristes en Syrie. Ensuite, il s’écrase au sol à cause d’un problème technique non loin de la base d’où il avait décollé.
La deuxième partie de cette vidéo montre les images prises par un deuxième drone américain qui se rend sur place pour examiner de près la situation et localiser le premier drone écasél.
Les unités aérospatiales du CGRI capturent également les données et les images prises par ce deuxième drone américain en temps réel. Finalement, un avion de combat américain entre en action et bombardent le drone écrasé au sol.
4) Un Global Hawk américain abattu par l’Iran le 20 juin 2019
Le jeudi 20 juin 2019, la DCA des Forces aérospatiales du CGRI a annoncé avoir abattu un « drone-espion américain », qu’il accuse d’avoir violé l’espace aérien de la République islamique d’Iran. Il s’agissait d’un appareil ultramoderne de l’armée de l’air des États-Unis, un RQ-4 Global Hawk qui est un drone de surveillance et l’un des rares modèles de la classe de drones dite « HALE » (Haute altitude Longue Endurance).
Cet engin a été intercepté et abattu le 20 juin 2019 au-dessus de la province côtière iranienne de Hormozgan (sud) par un missile de la DCA du CGRI. Les Américains ont vite prétendu que leur drone survolait l’espace aérien international, tandis que la partie iranienne disposait de preuves irréfutables pour montrer que le drone d’espionnage américain avait pénétré l’espace aérien de la République islamique d’Iran au large de la côte face au mont Mobarak.
Le Global Hawk américain a été abattu par un missile du système de défense aérienne iranienne « 3 Khordad ». Les experts internationaux ont conclu que le fait que l’Iran puisse abattre un drone sophistiqué qui tire sa défense à une altitude de vol élevée, montre que la technologie militaire du pays est beaucoup plus développée que ce que pensaient les observateurs occidentaux.
« L’Iran vient de détruire le drone de surveillance le plus grand et le plus cher du monde qui sert l’US Navy », a déclaré Ulrike Franke, chercheuse au Conseil européen des relations internationales.
5) Aïn al-Asad : aucun contrôle, l’Iran a collé au sol les MQ-1C Grey Eagle
En représailles à l’assassinat à Bagdad du commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, le général de corps d’armée Qassem Soleimani, les forces aérospatiales du CGRI ont mené une grande attaque de missile contre la base aérienne d’Aïn al-Asad dans la province irakienne d’al-Anbar où sont stationnés au moins 1 500 soldats américains.
Lors de cette opération, les forces armées iraniennes ont fait une démonstration parfaite de la force de frappe de leurs missiles balistiques, mais ce n’était pas la seule caractéristique technique de opération d’Aïn al-Asad qui a eu lieu le 8 janvier 2020, car les Iraniens ont fait preuve également de leur grande performance en matière de guerre électronique, en neutralisant complètement le centre de contrôle des drones de la base américaine.
Selon des sources américaines, la majorité des 1 500 soldats américains présents sur cette base était déjà dans les abris depuis deux heures dans des bunkers lorsque l’attaque a commencé à 01h35 heure locale (22h35 GMT).
Sept drones américains étaient alors déployés dans les airs, dont des MQ-1C Gray Eagles, spécialisés dans la surveillance aérienne et pouvant voler pendant plus de 27 heures d’affilée, chargés de quatre missiles antichars à guidage laser Hellfire.
« Nous pensions que les forces iraniennes pourraient mener une attaque au sol, donc nous avons maintenu les forces aériennes », explique l’un des pilotes d’un des Gray Eagles, le sergent Costin Herwig. Le militaire faisait partie d’un groupe de 14 pilotes réfugiés dans des containers transformés en cabine de pilotage pour contrôler à distance les drones et les surveiller grâce à des caméras très perfectionnées.
Le premier missile a projeté des volutes de poussières dans leur abri, mais les pilotes sont restés calmes, explique le sergent à l’AFP pendant une visite de presse organisée par la coalition emmenée par Washington, dont les soldats américains de la base font partie. Mais les missiles suivants frappaient de plus en plus proche. « Nous pensions que c’en était fini », confie le militaire.
Pourtant, le pire était encore à venir. Un missile a pulvérisé l’un des quartiers d’habitation des soldats, tout près de la salle d’opération des pilotes. « Pas plus d’une minute après la dernière volée, je me dirigeais vers les bunkers et j’ai vu qu’un incendie brûlait tous nos câbles de fibre optique », essentiels pour contrôler les drones, raconte le sergent-chef Wesley Kilpatrick.
Sans ces câbles, impossible de connecter les cabines de pilotage aux antennes qui transmettent les signaux des Gray Eagles et de les suivre sur les écrans de la base. « Une fois les câbles de fibres optiques brûlés, il n’y avait plus aucun contrôle », résume le sergent-chef. Les pilotes ne pouvaient plus localiser les drones et l’armée américaine était soudainement devenue aveugle dans les cieux comme sur terre. Si un Gray Eagle venait d’être abattu, par exemple, impossible de le savoir à la base Aïn al-Asad.
« C’est grave, car les drones sont très chers et il y a de nombreuses choses dans leur construction que nous ne voulons pas que d’autres sachent ou que l’ennemi récupère », explique Wesley Kilpatrick.
Un seul Gray Eagle coûte 7 millions de dollars, soit 6,3 millions d’euros, d’après un budget établi par l’armée américaine en 2019.