La Turquie est un danger pour son pays voisin qu’est la Syrie, a estimé un général major retraité de l’armée syrienne au micro de l’agence de presse iranienne Tasnim News. L’offensive turque est un acte d’occupation qui consiste à s’infiltrer dans les profondeurs du territoire syrien.
Voisine de la Syrie en guerre, la Turquie veut chasser des secteurs frontaliers la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), qu’elle qualifie de « terroriste », et instaurer une « zone de sécurité » de 32 km de profondeur en territoire syrien pour séparer sa frontière des zones contrôlées par les YPG.
« Depuis 2011, la Syrie subit l’occupation turque. Pour Damas, l’intervention d’aujourd’hui est une action qui s’inscrit au plus haut niveau dans le cadre d’une agression poussée. Les forces turques et leurs supplétifs issus de l’ASL ont commencé leur offensive contre le nord de la Syrie. Ankara a ensuite réuni ses supplétifs appartenant à différentes factions – Front al-Nosra, al-Qaïda, et autres groupes terroristes - sous la bannière du Front national de libération, dans la province d’Idlib », a déclaré Mohammad Abbas, expert militaire et ancien général major de l’armée syrienne.
Le journaliste de Tasnim News lui a demandé : Est-ce que le gouvernement syrien peut permettre une agression de son territoire par l’armée turque et ses supplétifs issus de groupes terroristes ? « Non », a catégoriquement répondu M. Abbas qui a précisé que la Syrie n'acceptera jamais l’occupation du gouvernement d’Ankara.
« Nous faisons face au terrorisme de la Turquie à Idlib, au nord de la Syrie. Et désormais nous luttons contre l’invasion de la région de Jazira au nord-est du pays », a-t-il indiqué.
Un autre enjeu de la Syrie, selon l’expert militaire, est le face-à-face avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice financée par les États-Unis et qui brandit les drapeaux américain et israélien.
Dorénavant, si les forces syriennes progressent vers le nord-est de la Syrie où les forces turques se trouvent près de Ras al-Aïn, Tell Abyad, et Kobané, villes frontalières de la Turquie, elles seront confrontées aux FDS ; ainsi, Ankara et Washington auront atteint l’objectif stratégique de leur offensive, c’est-à-dire une confrontation entre l’armée syrienne et les FDS, a estimé M. Abbas.
D’une part, ce sont les FDS qui permettent aux forces turques d’entrer dans le territoire syrien et d’autre part, elles empêchent l’intervention des forces syriennes.
Pour en savoir plus: Ankara a lancé son offensive contre le nord de la Syrie
« La Turquie a mobilisé plusieurs brigades pour entrer à l’intérieur de la Syrie. Par contre, les forces syriennes ne sont pas suffisantes. À Hassaké, Qamichli, Deir ez-Zor et Aïn Issa au nord de Raqqah, les forces syriennes ne sont pas assez nombreuses pour affronter les troupes turques. Elles ne sont constituées que de quelques brigades, donc peu nombreuses face aux forces turques. L’offensive turque est un acte d’occupation qui consiste à s’infiltrer dans les profondeurs du territoire syrien.»
J’insiste sur le fait que la Syrie possède les moyens de se défendre, elle est en parfaite coordination avec ses alliés à savoir l’Iran et la Russie. Sa force de résistance réside dans ses Forces de défense nationale », a expliqué l’expert syrien.
Au sujet de l’accueil des réfugiés syriens résidant en Turquie au nord de la Syrie, il a indiqué que les responsables turcs leur avaient promis la construction de villes, villages, universités et institutions, sur le modèle institutionnel de la Syrie. Erdogan leur a promis de suivre ce modèle, ce qui est une méthode pour leur faire accepter l’occupation.
Mais Erdogan n’arrivera jamais à ce dessein, car la reconstruction de la Syrie doit s’inscrire dans un processus de stabilisation de la situation.
« Il faut s’imaginer la situation actuelle, a-t-il ajouté. Comment peut-on forcer les Syriens à quitter Qamichli, Tell Abyad et d’autres villes de Hassaké ? Comment peut-on expulser des habitants de leurs villes et dire à d’autres citoyens de venir s’y installer sans qu’ils ne protestant cette décision ? Erdogan se fait des illusions qui s’arrêteront avec l’arrivée des cercueils de ses forces armées. »
Au sujet de la position de la Russie, il a dit que « jusqu'à présent, la Russie a adopté une attitude sereine face aux événements et attend que le statut final de l'agression turque soit déterminé. La Russie a essayé de contenir la position de la Turquie pendant les premières phases de la guerre, mais en réponse à cette évolution dangereuse du conflit, la Russie a déclaré avoir compris l'action de la Turquie en Syrie.
« Daech et les FDS sont affiliés à la CIA et je pense que comme les États-Unis, la Turquie investira dans ces groupes », a déclaré Mohammad Abbas.