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Les USA projettent-ils un coup d'État militaire pour renverser Adel abdel Mahdi ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un soldat américain à bord d'une voiture blindée en Irak, mars 2007. ©EPA

Au second jour de violentes manifestations auxquelles les ambassades américaine et britannique ont apporté leur plein soutien, la Zone verte de Bagdad a fait l'objet de tirs de roquettes. « Une explosion a retenti dans la région ultra-sécurisée de la Zone verte de Bagdad, où se trouvent notamment l'ambassade gigantesque américaine », affirme une source irakienne citée par la chaîne pro-saoudienne Al-Hadath qui prétend que la roquette se serait abattue non loin de l'ambassade turque située dans cette région. L'information a été reprise également par Sputnik qui confirme le tir de deux roquettes, le second ayant explosé non loin d'un pont toujours à proximité de la Zone verte.

Un soldat irakien a confirmé l'explosion, mais n'a pas fourni plus de détails, toujours selon Sputnik. Les sources officielles irakiennes, quant à elles, n'ont pas encore abordé les détails de cette information qui tombe à un moment très particulier. 

En effet, depuis que le Premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, a déclaré la guerre à Israël en représailles à ses frappes contre les Hachd al-Chaabi et a pris acte d'un rapport fort détaillé sur des raids visant les bases et les entrepôts d'armes de la Résistance irakienne puis ses positions à travers l'Irak et sur ses frontières avec la Syrie, rapport qui, selon des sources, pointe du doigt les États-Unis comme étant les principaux instigateurs.

Washington a juré de faire descendre Abdel Mahdi, de force ou de gré. Les États-Unis lui reprochent surtout son refus catégorique de dissoudre les Hachd al-Chaabi, premier corps armé à vocation nationale post-invasion 2003, qui a su déjouer l'un des plus grands complots de toute l'histoire de la région à savoir Daech. 

Depuis mardi, date à laquelle les premières manifestations ont éclaté, les ambassades américaine et britannique à Bagdad ont redoublé d'activité appelant Bagdad à « respecter le droit du peuple irakien à manifester démocratiquement ses vœux et souhaits ». Seulement certaines sources évoquent la présence des éléments armés parmi la foule, lesquels se paient le luxe de tirer en direction des forces de sécurité. 

Dans son communiqué, l'ambassade US accuse littéralement les forces irakiennes d'avoir recouru à la violence contre les manifestants qui ne se revendiquent d'aucun parti ni d'aucune formation politique. 

Les larmes de crocodiles versées par l'ambassade qui dit avoir regretté le « recours à la violence » tout en appelant à « moins de tension » en Irak, ne cache pas la colère US de voir ces derniers jours, quelques-uns de ses agents, bien haut placés au sein des forces armées irakiennes, être limogés par le PM et commandant en chef des forces armées. Accusé de corruption, ces généraux de l'Armée de l'air et de l'Armée de terre auraient sans doute des choses à dire sur les fuites d'informations qui ont permis que les USA puissent mener des frappes aériennes chirurgicales en soutien à Daech au plus fort de la guerre en 2014 ou encore que les Hachd al-Chaabi fassent l'objet de frappes de drones d'Israël au mois de juillet, d’août et de septembre.   

Le communiqué interventionniste de l'ambassade des États-Unis menace carrément l'État irakien en affirmant qu'elle surveille « de près les récentes manifestations en Irak ». Façon d'insinuer qu'un coup d'État militaire contre le gouvernement Mahdi est parfaitement envisageable. Au fait, le modus operandi est presque le même, des manifestations de rue calibrées depuis l'ambassade US et soutenues via des réseaux sociaux, pousser les forces de l'ordre et armées à réagir et provoquer des morts.

Les Américaines espèrent alors obtenir ce qu'ils ont perdu par la défaite de Daech à savoir la mise sur pied d'une dynamique de guerre civile. En Irak, ils comptent surtout sur l'appui de leurs agents au sein de l'armée dont a commencé la purge et on dit même qu'ils travaillent à un projet de coup d'État militaire, estime Hadi Mohammadi, l'expert des questions irakiennes. 

C'est sans doute dans ce sens que le ministère irakien de la Défense a haussé le niveau d'alerte mercredi soir pour prévenir toute éventualité. Toutes les institutions militaires irakiennes sont en état d'alerte. Le président Barham Saleh a affirmé dans un tweet publié, mercredi 2 octobre, au soir être favorable à ce que le droit constitutionnel des citoyens pour manifester soit respecté.

Même son de cloche côté sadriste dont le leader Muqtada Sadr qui s'est désolidarisé des manifestants, met l'accent sur le respect des droits citoyens. Mais les deux personnalités s'opposent à ce que la manifestation devienne un instrument pour saper l'autorité de l'État et surtout qu'il soit instrumentalisé par les ambassades étrangères. 

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En Irak, les manifestations ont commencé le mardi 2 octobre et les réseaux sociaux soutenus par des parties anonymes s'en sont très rapidement emparées. Au motif d'avoir à dénoncer le chômage et la corruption, la foule est descendue dans plusieurs régions du pays, surtout à Bassora et à Bagdad. Le bilan des victimes s'élève à deux morts et à des dizaines de blessés. Ces manifestations se sont poursuivies mercredi pour la deuxième journée consécutive.

Mais les États-Unis vont-ils réussir ce coup ? « Le peuple irakien a su éviter depuis 2003 tous les complots américains dont celui de Daech. Les États-Unis sauront difficilement s'imposer cette fois », estime Hadi Mohammadi. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV