L’Iran a rejeté le recours éventuel des signataires européens de l’accord nucléaire au mécanisme du retour automatique des sanctions au cas où Téhéran prendrait de nouvelles mesures dans le cadre du Plan global d’action conjoint (PGAC) en réaction aux échecs de l’Europe dans le respect de ses propres engagements.
La réaction du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, est survenue lundi après qu'un journal britannique ait déclaré que l'Union européenne avait annoncé à l'Iran qu'elle commencerait à se retirer de l'accord nucléaire en novembre si Téhéran renonçait à ses engagements.
Selon The Guardian, cela déclencherait le mécanisme de règlement des différends et, si nécessaire, un retour automatique des sanctions appelé dans l’accord « snap-back », où le cas de l'Iran serait renvoyé au Conseil de sécurité.
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Sans parler de leur inaction d'un an et demi face à la violation par Washington de la résolution 2231 du Conseil de sécurité, les parties européennes ont averti qu'elles n'auraient pas d'autre choix que de sortir aussi de l’accord de Vienne en novembre prochain si jamais Téhéran prenait de nouvelles mesures de réduction de ses engagements nucléaires, a écrit The Guardian.
S'adressant à des journalistes à Téhéran, Moussavi a déclaré que le renvoi de l'Iran au Conseil de sécurité était déjà « mort et que, du point de vue juridique, il n'y a aucune possibilité que l'Europe utilise le mécanisme de snap-back ».
L’Iran a déjà pris trois mesures distinctes pour réduire ses engagements pris dans le cadre du PGAC et a prévenu qu’il en ferait une quatrième en novembre, à moins que les Européens ne fassent quelque chose à propos de leur obligation de protéger Téhéran face aux sanctions américaines.
Moussavi a qualifié le prétendu plan européen de retrait du PGAC d’« illégal ». Il a également reproché aux Européens de ne pas pouvoir séparer leur politique étrangère de celle de Washington.
Sous le président Donald Trump, les États-Unis ont adopté une campagne de « pression maximale » sur l'Iran après s'être retirés de l'accord sur le nucléaire et avoir réimposé les sanctions au pays.
L’Iran a réagi au retrait des États-Unis et à la réticence des signataires européens à protéger Téhéran contre les sanctions de Washington en suspendant réciproquement certains de ses engagements nucléaires, comme le prévoit le PGAC.
Moussavi a également déclaré que l’Iran soutenait « le gouvernement légitime du Yémen contre les forces d’agression, ajoutant que Téhéran a toujours fourni au pays un soutien politique.
“Pour la République islamique, les mesures des Yéménites sont défensives. Nous soutenons la légitime défense du peuple yéménite. Depuis quatre ans et demi, ils sont victimes des crimes de guerre les plus odieux, et il est naturel qu’ils prennent des mesures de représailles”, a-t-il souligné.
L'Arabie saoudite et un certain nombre de ses alliés régionaux ont lancé une campagne dévastatrice contre le Yémen en mars 2015, visant à réinstaller un gouvernement favorable à Riyad et à écraser le mouvement de résistance Ansarallah.
La résistance des forces armées yéménites a toutefois réussi à mettre un terme à l’effort de guerre mené par l’Arabie saoudite.
Moussavi a souligné que la solution au conflit réside dans l'acceptation par l'Arabie saoudite d'un cessez-le-feu au Yémen et dans la cessation du bombardement de cibles civiles.
Moussavi a également rejeté les affirmations du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane, accusant Téhéran d'être à l'origine des attaques de représailles menées par les Yéménites contre Riyad.
Cherchant à faire pression sur l’Iran, Riyad et Washington ont tenté de blâmer l’Iran pour les attaques de représailles du Yémen contre l’Arabie saoudite, accusant notamment Téhéran d’avoir participé à la grande frappe yéménite sur les installations pétrolières Aramco en Arabie saoudite plus tôt dans le mois.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a également ajouté que des détails concernant l'initiative de paix d’Hormuz (HOPE) de Téhéran, visant à stabiliser la région du golfe Persique, seront publiés prochainement.
Le haut diplomate a indiqué que cette initiative inclurait l'Iran, l'Irak et les six membres du Conseil de coopération du golfe Persique (CCGP), comprenant le Koweït, Bahreïn, le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman et l'Arabie saoudite.