Dimanche dans la soirée, les Etats-Unis d'Amérique ont puisé dans leurs réserves stratégiques de pétrole pour amortir autant que faire se peut, le choc généré dans la foulée de la frappe au drone du 14 septembre d'Ansarallah contre les deux principales raffineries de l'est saoudien. Trump a garni cette décision d'un tweet où il menace à mots couverts l'Iran, comme l'a fait son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo : " Puisque la frappe contre les installations pétrolières saoudiennes pourrait déclencher une hausse des cours, j'ai autorisé un recours aux réserves stratégiques du pétrole pour que le marché n'en manque pas. Les sites pétroliers saoudiens ont été attaqués et il existe des raisons pour croire que nous en connaissons l'auteur. Nous sommes prêts à une riposte militaire, en cas de confirmation. Mais nous attendons que le royaume ( saoudien) nous dise qui en est l'auteur et dans quel contexte il faut que se déroule la riposte militaire".
Au fait, cette menace de guerre qui s'adresse à n'en pas douter, à l'Iran à titre de plus grand soutien idéologique du peuple yéménite cache un aveu d'impuissance, celui d'une Amérique en perte de poids sur le marché pétrolier. Bien que le président américain ait autorisé le recours aux réserves stratégiques en pétrole US, les agences d’informations font part d’une hausse de 19% du prix du Brent pour les négociations en cours. Le Brent de la mer du Nord sur le marché de Singapour a ainsi gagné près de 12 dollars pour passer à 71 dollars 95 cents, selon Reuters. Énergiquement parlant, le coup de la Résistance yéménite qui a coûté au producteur saoudien la moitié de ses dix millions de barils produit par jour s'avère donc bien fatal. Les dix drones d'Ansarallah qui ont frappé avec une étonnante précision les deux raffineries de référence à Buqayq et à Khurais, et ce au mépris du bouclier de défense antimissile, antidrone made in US du royaume des saoud, pèsent plus que le poids pétrolier de l'Amérique réunie.
Ce lundi la presse israélienne regorge de rapports mettant en avant des hypothèses les plus saugrenues : dans le sillage du sénateur Lindsly Graham qui prône désormais que les "raffinerie iraniennes" soient bombardées, DEBKAfile, site proche des milieux des renseignements de l'armée sioniste accusent l'Iran d'avoir tiré des "missiles de croisière" contre l'est saoudien! "L'hypothèse est autant incroyable qu'irréelle. Au fait comment l'Iran pourrait tirer des missiles depuis l'Irak, comme le prétend le régime de Tel-Aviv, sans que ces missiles soient interceptés par tous les systèmes de défense pro-US actifs dans la région?, s'interroge Hadi Mohamadi, l'expert des questions du Moyen Orient.
Photos via Twitter : des photos déclassifiées par l'administration US, le 15 septembre 2019, montrant les dégâts infligés aux installations pétrolières et gazières saoudiennes à Buqayq et à Khurais.
"La réalité est que la défaite US/Arabie face à une Résistance yéménite aux capacités croissantes vient d'entrer dans une nouvelle phase. Les drones d'Ansarallah ont totalement neutralisé l'arsenal militaire saoudien avec tout ce qu'il comporte de missiles antimissiles, de bombes, de Patriot...Fayez al-Daviri, expert militaire saoudien s'insurge d'ailleurs contre cet arsenal made in US "qui ne sert strictement à rien". " Les drones d'Ansarallah ont fait un trajet de plus de 1200 kilomètres sans qu'aucun radar ni récepteur les interceptent. Nos batteries de missiles antimissiles sont restés inactives. Ce sont des drones peu coûteux et difficiles à détecter certes mais autant d'incompétence de la part de nos forces armées, c'est extraordinaire". Alors l'Arabie saoudite est-elle prête à frapper les "raffineries iraniennes"? " N'y pensez pas. Ni le monde ni les Etats-Unis ne sont prêts à vivre un baril à 500 dollars", dit l'expert saoudien.