Le passage à la troisième étape de réduction des engagements nucléaire est bien effectif : l’Iran a réactivé à partir du vendredi 6 septembre ses centrifugeuses IR-6 et IR-4 pour enrichir de l’uranium. La qualité de l’uranium produit dépassera les 300 kilogrammes et cet uranium est enrichi à 4,5 %. Et l’AIEA dans tout cela ?
Le nouveau directeur général de l’agence arrivera dimanche à Téhéran à l’invitation de l’Iran pour discuter avec les autorités iraniennes, et dit en avoir été informé. Face au refus obstiné de la partie européenne de remplir sa part du contrat, l’Iran va droit vers une reprise de l’enrichissement à 20 pour cent, estiment les analystes. La France vient en effet de relier le lancement du mécanisme anti-sanctions INSTEX à la signature du GAFI (Groupe d’action financière) lequel vise en réalité à couper les liens de l’Iran avec ses alliés régionaux. Cette forme de chantage ne fait qu’envenimer le climat, selon les experts.
Ainsi, comme l’avait annoncé le président iranien, le jeudi 5 septembre, l’Iran a franchi la troisième étape de la réduction des engagements pris dans le cadre de l’accord de 2015. Mais quelle la nature de ces réductions ?
« L’Iran a lancé des centrifugeuses avancées pour augmenter ses stocks d’uranium enrichi », a déclaré samedi le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, l’Iran a commencé à utiliser un ensemble de 20 centrifugeuses IR-6 et 20 autres centrifugeuses IR-4. »
Selon un responsable iranien, une IR-6 peut produire de l’uranium enrichi dix fois plus rapidement qu’une IR-1, tandis qu’une IR-4 en produit cinq fois plus rapidement.
L’Iran a déjà augmenté le taux de son enrichissement jusqu’à 4,5 %, allant donc au-delà des 3,67 % autorisés dans le cadre de l’accord de 2015. L’utilisation des centrifugeuses avancées signifie ainsi un temps plus court pour augmenter l’enrichissement d’uranium. Kamalvandi a déclaré que l’Iran avait la capacité d’aller au-delà des 20 % d’enrichissement d’uranium, laissant ainsi entendre que la prochaine étape pourrait marquer la fin de l’accord.
Quant à la réduction des engagements au titre du Plan global d’action conjoint, il s’est exprimé en ces termes : « En vertu de la clause 1 de l’accord, nous avons décidé de passer à l’étape trois de la réduction de nos engagements. La première étape a consisté à dépasser le plafond de 300 kilogrammes d’uranium enrichi à 3,67 pour cent. La seconde étape s’est focalisée sur le taux d’enrichissement, qui est désormais de 4,5 pour cent, et la troisième étape consiste à lever toutes les restrictions sur les recherches nucléaires iraniennes, qui englobent à la fois nos centrifugeuses, mais aussi notre taux d’enrichissement. »
Mais l’Iran réduira-t-il le nombre d’inspections de l’AIEA ?
Kamalvandi a souligné que pour l’heure l’Iran permettrait à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de continuer à surveiller son programme nucléaire.
« Quatre mesures ont été adoptées aujourd’hui ; l’une d’entre elles concerne le paragraphe 39 [de l’accord sur le nucléaire] et les centrifugeuses. Les centrifugeuses augmentent notre stock [d’uranium enrichi], en plus d’aider les activités de recherche et de développement », a-t-il expliqué.
Dans le cadre de la troisième étape, l’OIEA a activé vendredi 20 centrifugeuses IR-4 et 20 centrifugeuses IR-6. Parmi les mesures constituant une réduction des engagements de l’Iran, Behrouz Kamalvandi a indiqué que l’OIEA avait mis en route 20 centrifugeuses de type IR-4 et 20 autres de type IR-6.
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La mise en route de ces centrifugeuses devrait accélérer la production d’uranium enrichi par l’Iran et augmenter les stocks du pays, qui depuis juillet, dépassent la limite fixée par cet accord (300 kg) conclu entre la République islamique d’Iran et le groupe 5 +1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne). « Nous avons injecté du gaz dans une cascade de 20 centrifugeuses de type IR-6 depuis hier et l’assemblage de la cascade de 30 centrifugeuses sera achevé lors de la prochaine étape », a-t-il conclu.
Le responsable iranien a affirmé que les signataires occidentaux du PGAC ne peuvent attendre de l’Iran qu’il respecte ses engagements alors qu’eux-mêmes refusent d’en faire autant : la France ne cesse de répéter qu’elle désire préserver l’accord de 2015 puisqu’il s’agit d’un accord favorable à la paix et à la stabilité. Soit. Mais cette préservation a un prix, a dit Kamalvandi, qui n’écarte pas la possibilité d’un retrait de l’accord si l’apathie européenne se poursuit.