Un drone d’origine inconnue a visé dimanche après-midi deux véhicules appartenant aux Hachd al-Chaabi dans la région Qaem à la frontière irako-syrienne. Selon le reporter d’Al-Mayadeen, un drone a visé le 25 août, deux véhicules blindés de la division 45 des Hachd, tuant un haut commandant militaire. Certaines sources d’informations font part de la mort de six combattants des Hachd au cours de cette attaque qui s'est produite à l'ouest d'Al Anbar.
Combiné à quatre autres frappes visant les bases ou les stocks d'armes et de munitions des Hachd à Amerli (Salaheddine), à Ashraf ( Diyali), au sud de Bagdad ou encore à Balad (plus grande base aérienne de l'Irak), il s'agissait du cinquième coup anti-Hachd. Mais alors que jusqu'à lundi, le régime de Tel-Aviv laissait entendre être derrière ces attaques, bombant le torse, faisant croire à sa puissance aérienne supérieure, le ministre sioniste du Renseignement a soudain changé de discours.
Interrogé par les médias, Ysrael Katz s'est refusé à revendiquer les frappes visant les bases des Hachd al-Chaabi en Irak. Cité par al Sumeiriya le ministre sioniste a affirmé : "Israël n'a pas reconnu sa responsabilité dans des opérations en Irak". Le ministre a prétendu que les agressions incessantes de son régime contre l'intégrité territoriale syrienne avaient empêché l'Iran de déployer en Syrie des centaines de ses effectifs armés, mais n'a donc pas oser aller plus loin. Pourquoi?
En effet Les observateurs ne sont pas dupes: Israël qui n'aurait jamais pu s'en prendre à la puissante force des Hachd sans le feu vert préalable US et avec l'appui logistique et militaire de Washington avait pour mission de provoquer des dissensions entre les États de la Résistance, mais le coup a lamentablement échoué. Rappelons que la frappe au drone contre le convoi des Hachd à Qaem, à l'ouest d'Al-Anbar où les troupes US sont totalement mises échec et mat au sol, encerclées qu'elles sont par les combattants de la Résistance irakienne, renvoie au fait aux tentatives incessantes de Washington de faire tirer encore du néant Daech, tentatives que déjouent puissamment les forces des Hachd. A Qaem sur la frontière syrienne l'axe de la Résistance a réussi à rétablir la route stratégique Iran-Irak-Syrie, ce qui malmène grandement les projets US au Levant. Mais pourquoi cette marche arrière israélienne?
Certains observateurs y répondent en soulignant le tollé unanime qu'ont levé les frappes anti Hachd en Irak et qui ont provoqué tour à tour une restriction des vols US dans le ciel irakien, ainsi que des débats inouïs au sein des milieux et courants politiques contre le "pacte militaire US/Israël". Lundi les premiers missiles ont été tirés contre une base US à Ninive et un drone abattu au-dessus de l'une des bases des Hachd. Les Américains y auraient vu sans doute comme un premier avertissement. Inimaginable encore il y a six mois l'opinion irakienne exige désormais le retrait des troupes d'occupation américaine ainsi que le démantèlement de l'ambassade US et cette exigence commence à devenir particulièrement dangereuse.
Lundi, l’Alliance irakienne Fatah, dirigée par Hadi al-Améri, le commandant de l’armée de Badr, a dénoncé la coalition américaine comme étant responsable de l'attaque visant les commandants des Hachd à Qaem : « Nous avons la ferme conviction que la présence des troupes américaines sur le sol irakien n’est absolument pas nécessaire. Et c'est de là que vient ce genre d'attaque». Ameri a demandé au gouvernement irakien l’expulsion de ces derniers du territoire. Pour le reste l'État irakien s'apprête a porter plainte au Conseil de sécurité, fait sans précédent depuis l'invasion irakienne de 2003.
Mais à la marche arrière israélienne en Irak, il y a aussi une autre raison. Pour de nombreux experts la sévère et sans précédent mise en garde anti-israélienne de Nasrallah, le samedi 26 août, après la double infiltration de drone israéliens à Zahia (sud de Beyrouth) est pour beaucoup dans ce changement de position. Dans son discours daté du dimanche 25 août, le secrétaire général du Hezbollah a très clairement annoncé qu'il ne permettrait guère à Israël de faire un remake du scénario irakien au Liban et qu'il s'en prendrait non seulement aux drones israéliens dans le ciel libanais, mais aussi aux soldats sionistes sur les frontières avec le Liban. Pour de nombreux experts, cette allusion très claire à l'Irak n'est pas anodine, le secrétaire du Hezbollah envoyant ainsi un signal fort à la composante irakienne de l'axe de la Résistance.
Depuis deux jours, Israël est sens dessus dessous, les médias évoquant l'état d'alerte total sur les frontières avec le Liban. Quant à l'Irak, le Pentagone en est désormais à démentir très clairement toute implication dans des frappes anti-Hachd, sans évidemment convaincre. Le haut diplomate iranien et conseiller du président du Parlement iranien, Amir Abdollahiyan résume en deux mots la situation dans son dernier tweet :" La récente agression israélienne contre Beyrouth aura été de loin la plus grosse erreur de Netanyahu. La riposte sera "paralysante", et "choquante". Il va sans dire que les Sionistes paieront très cher leur agression contre le Liban, la Syrie et l'Irak. L'équation va changer, car la sécurité de la région est la ligne rouge de la Résistance"