Simultanément à la diffusion de l’information sur l’attaque de drone contre une base des Hachd al-Chaabi dans la province de Salah al-Din dans le centre de l’Irak, la chaîne irakienne Al-Etejah citant une source de sécurité a levé un coin du voile sur l’espionnage par les États-Unis des combattants des Hachd al-Chaabi et des forces armées irakiennes, à peine deux jours avant cette attaque.
« Un avion-espion américain a survolé les monts de Sinjar et les zones au sud de cette localité 48 heures avant que l’attaque au drone ait lieu », a annoncé une source sécuritaire dans la province de Ninive avant d’ajouter : l’avion-espion US aurait commencé ses opérations mercredi dernier. Il s’agissait d’un avion B350 doté de caméra et capable de transporter 5 ou 7 personnes. L’avion-espion américain aurait pris des images des 4 brigades des Hachd al-Chaabi dans le sud de Sinjar (les brigades du Hedzbollah, d’Ansar al-Aqeeda, de l’Imam Ali et des Unités de résistance de Sinjar) ainsi que des gardes-frontières et de la 15e division de l’armée irakienne, ajoute la chaîne Al-Etejah qui affirme avoir eu accès à des images aériennes prises par les avions-espions américains.
Pendant la lutte contre Daech, les forces de la coalition américaine ont à maintes reprises pris pour cible les QG de l’armée, de la police et des Hachd al-Chaabi ainsi que des civils prétendant qu’il s’agissait d’erreurs de frappe.
Les médias irakiens ont récemment diffusé un enregistrement sonore des conservations des commandants des opérations d’al-Anbar avec un agent de la CIA. Dans cet enregistrement sonore, on entend un commandant irakien en train de mettre les coordonnées du lieu de regroupement des forces irakiennes à la disposition des espions américains.
Enquête ouverte
Dans la foulée de l’attaque des drones inconnus contre la base des Hachd qui a fait un mort et deux blessés, selon une autre information, Adel Abdel Mahdi, le Premier ministre irakien et commandant en chef des forces armées irakiennes, a ordonné la formation d’une commission d’enquête sur l’incident de la caserne Martyrs de la 16e brigade des Hachd al-Chaabi. Cette commission d’enquête sera composée de commandants des opérations conjointes et de représentants de la Force aérienne, de la DCA et des Hachd al-Chaabi. Et elle risque de découvrir des informations bien embarrassantes pour les Américains. En effet, cette attaque intervient quelques jours après l’annonce du déploiement prochain de 500 militaires US dans une base aérienne (Prince Sultan) située l’est de Riyad, non loin des frontières irakiennes. Ce samedi une autre dépêche a fait état des discussions secrètes entre Riyad et Tel-Aviv pour l’envoi de troupes et d’équipement israéliens toujours sur cette même base.
Samedi, les États-Unis ont émis l’autorisation d’envoi de forces en Arabie saoudite après que le roi saoudien eut donné son feu vert. Le Pentagone a annoncé que le secrétaire américain à la Défense avait émis l’autorisation d’envoi de forces et d’équipements américains en Arabie saoudite.
« Le déploiement des forces américaines sur le sol saoudien renforcera la force de dissuasion et la capacité de défense des intérêts de Washington. Ce déploiement aura lieu avec la coordination de Riyad en vue de garantir la sécurité face aux menaces existantes », a déclaré le secrétaire américain à la Défense dans un communiqué.
Il y a plus d’un mois, les États-Unis ont accusé les forces des Hachd al-Chaabi derrière l’attaque qui a visé le 14 mai dernier les installations d’ARAMCO en Arabie saoudite. L’accusation étant totalement infondée, les Américains n’ont pu fournir aucune preuve à l’appui de leurs dires, et ce, malgré les exigences de Bagdad. Le site DEBKAfile, proche des milieux du renseignement de l’armée israélienne, évoque de long en large la perspective du déploiement des militaires US sur la base Prince Sultan, déploiement destiné à « contrer les attaques des Houthis contre les aéroports et les bases militaires saoudiennes à Jizan, à Asir, et à Jazan ». Et le site d’ajouter : « Les informations parvenues depuis Washington révèlent que les “milices chiites irakiennes pro-iraniennes” se préparent à s’engager aux côtés de Téhéran dans le cadre d’une confrontation militaire opposant les États-Unis à l’Iran... ».
Une chose est sûre : « En choisissant d’aller jusqu’au bout, et ce, malgré sa défaite tonitruante au Yémen, Riyad est sur le point de commettre la folie d’ouvrir un nouveau front de guerre cette fois contre l’Iran. Puisque les Hachd al-Chaabi font partie des forces militaires nationales irakiennes et que toute attaque contre elles ciblerait de facto l’État irakien. En poussant Riyad à servir de base arrière des opérations militaires contre les Hachd al-Chaabi, l’axe Israël-US est sur le point d’embraser l’Est saoudien, une région à majorité chiite qui tout comme le Sud saoudien traditionnellement proche des Houthis, ne restera pas indifférente aux agissements du régime de Riyad ».