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Macron à Rohani: " les USA veulent revenir aux pourparlers Iran-4+1"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'USS Nimitz, un destroyer faisant partie du groupe aéronaval Lincoln. (Archives)

Quelques heures après l'entretien téléphonique du président iranien avec son homologue français qui a duré plus d'une heure, on sait désormais que les Etats-Unis viennent de faire une première marche arrière. Après le refus catégorique de l'Iran de "dialoguer sous pression" les Américains ont fait savoir par l’intermédiaire du président français qu'ils souhaiteraient participer aux pourparlers 4+1. Les États-Unis pourront-ils réintégrer l'accord de Vienne? 

Samedi soir, à quelques encablures de l'expiration due l'ultimatum de 60 jours lancé à l'Europe pour qu'elle remplisse sa part de marché et fasse en sorte que le terrorisme économique US contre l'Iran soit neutralisé, Emmanuel Macron a appelé Hassan Rohani. Une longue conversation de plus d'une heure consacrée à de nombreux sujets, y compris la perspective d'une confrontation militaire entre les États-Unis et l'Iran. 

Se référant aux propos de son homologue français, Emmanuel Macron, qui ne cesse d'insister à la moindre occasion sur le maintien de l’accord nucléaire de 2015, le président iranien Hassan Rohani a déclaré que « tout au long de ces 14 derniers mois et malgré les pressions et les sanctions américaines, l’Iran a fait preuve de "patience stratégique", quitte à préserver l'accord », un accord qui n'est que l'ombre de lui-même, victime  du « terrorisme US » et de la « guerre économique sans merci » que les États-Unis mènent sans relâche contre l'Iran. Le président a relevé les contradictions du discours français et européen qui ne tient pas sous les coups des « sanctions et des pressions imposées par les États-Unis au peuple iranien ». 

« Cette guerre économique finira par déboucher sur une confrontation majeure qui mettra la région et le monde entier en danger », a averti Rohani à Macron, homme qui appelait le 6 juin dernier à ce qu'un nouvel accord soit négocié et ce, au mépris de la signature de son prédécesseur au bas de l'accord de 2015. Rohani a affirmé que la réduction des engagements iraniens pris au titre de l'accord de 2015 est « légale » puisque « en totale conformité avec le Plan global d’action conjoint ». « C'est d'ailleurs pour préserver cet accord ou ce qui en reste que "l'Iran a décidé d'une réduction de ses engagements" et surtout en écho à l'inaction européenne. » 

Mais qu'a dit le président français? 

Emmanuel Macron a reconnu l'apathie de l'UE ces 12 derniers mois, apathie qui a empêche les trois signataires occidentaux du PGAC de contrer les sanctions anti-iraniennes de Washington : « Nous reconnaissons que les efforts européens pour contrebalancer les sanctions américaines n'ont pas été couronnés de succès et efficaces, mais nous ferons de notre mieux pour compenser cela. Il faut contrôler la situation et prendre de nouvelles mesures afin de maintenir l’accord nucléaire. La fin du PGAC sera un aveu d’échec collectif et ce sera regrettable. Il faut donc choisir la deuxième voie pour que le PGAC soit maintenu et que les tensions soient désamorcées. La France est prête à redoubler d'efforts notamment dans le sens d'une trêve dans la guerre économique ( USA/Iran, NDLR) ainsi que le demande l'Iran », a souligné Emmanuel Macron.  

Un retour des États-Unis dans l'accord ? 

En allusion à une proposition de son homologue français que les agences de presse ne clarifient pas, M. Rohani a ensuite indiqué qu'une levée de toutes les sanctions US contre l'Iran pourrait être un prélude à un nouveau départ l’Iran et les 5+1. 

Ce dimanche 6 juillet, lors d'une conférence avec le vice président Rabeii et le porte parole de l'organisation iranien de l'énergie atomique Kamalvandi, le vice ministre iranien des A.E., Araqchi est revenu sur la teneur du message américain : « L'entretien d'hier soir entre le président Rohani avec M. Macron a été constructif. Les efforts de L'Europe, de la Russie et de la Chine pour sauver l'accord sont bien perceptibles. Les présidents Rohani et Macron ont convenus de jeter les bases du dialogue de part et d'autre pour parvenir à une solution à l’amiable. Une prochaine réunion des ministres des A.E. devrait d'ailleurs être formée car la porte de la diplomatie est ouverte. » 

Le haut diplomate iranien a fait part ensuite d'une proposition qu’aurait remise le président Macron à son homologue iranien, proposition qui constitue pour plus d'un observateur une marche arrière américaine, après des semaines d'extrême tensions entre les États-Unis et l'Iran : « Au cours de l'entretien téléphonique d'hier soir, l'idée d'une présence américaine aux pourparlers entre l'Iran et les 4+1 a été mise en avant. Le président iranien n'y voit pas d'obstacle à condition que les sanctions américaines contre l'Iran soient préalablement levées. Ceci dit, ce possible retour ne signifie nullement une reconstitution des 5+1 car les 5+1 n'existent plus depuis le retrait des États-Unis de l'accord de Vienne. Si les Américains veulent réintégrer les pourparlers Iran et les 4+1 ils devront lever les sanctions qu'ils nous imposent. » 

Selon les analystes des questions politiques, la proposition de Macron signifierait un premier recul des Étas-Unis face à l'Iran et un début de leur retour sur la voie de la diplomatie. Plutôt vendredi, un responsable du Pentagone avait affirmé que les États-Unis souhaiteraient la diplomatie face à l'Iran. Mais les Américains iront-ils juqu'à lever les sanctions anti-iraniennes ? Emmanuel Macron dit vouloir « explorer d'ici 15 juillet les conditions d'une reprise du dialogue avec toutes les parties ». « Au cours des prochains jours, le président de la République poursuivra ses consultations, avec les autorités iraniennes et les partenaires internationaux concernés, pour que s'engage la nécessaire désescalade des tensions liées au dossier nucléaire iranien », a ajouté la présidence française dans un communiqué. La trêve dans la guerre économique dont parle Macron pourrait ne pas être une simple promesse dans la mesure où la diplomatie de pression maximale contre l'Iran a dangereusement montré ses limites », estime un analyste.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV