Le pic qu'a connu les tensions militaires USA/Iran a fait un malheureux : Israël. Alors que depuis des semaines, le régime de Tel-Aviv animait une vaste campagne médiatique autour de la réunion tripartite Patrushev-Bolton-Meir Ben-Shabbat, (respectivement conseillers pour la sécurité russe, américain et israélien, NDLR) y voyant une quasi cellule de guerre contre la présence iranienne en Syrie, celle-ci a tourné lamentablement court. DEBKAfile en est à la réduire dans son article daté de ce 26 juin à une "simple conversation entre Patrushev et Bolton". Il écrit :
« Les trois responsables se sont rassemblés pour plaider de manière vague en faveur du retrait de toutes les troupes étrangères de Syrie, bien qu'ils soient largement divisés - les Etats-Unis et Israël contre la Russie - sur la présence des forces iraniennes dans ce pays et sur bien d'autres détails. Le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton, a déserté la réunion après que le président Trump l’a dénoncé dans une interview sur NBC: "John Bolton est absolument un faucon", avait déclaré Trump. "Si cela ne tenait qu'à lui, il entrerait en guerre contre le monde entier en même temps." Il n'y a pas si longtemps, Bolton était le principal responsable de Trump auprès du Kremlin, mais ce rôle s'est estompé ces derniers mois. Les ennuis de Bolton à la maison ont contribué à réduire cette réunion tripartite à une conversation entre les conseillers russe et israélien. »
Dans son éditorialiste paru dans le journal panarabe Rai Al-Youm, Abdel Bari Atwan revient sur le retentissant échec d'Israël à Qods en soulignant qu'Israël et les Etats-Unis cherchaient à convaincre la Russie à atteindre à "chasser politiquement et militairement l'Iran de la Syrie" et ce, en échange d'"une levée de l'embargo frappant la Syrie ou encore en autorisant la reprise des relations de la Syrie avec les pays arabes et en améliorant les conditions économiques syriennes et en maintenant au pouvoir le président syrien Bachar al-Assad". "Avouons que ces quatre concessions étaient de taille et la Russie aurait pu bien céder mais Moscou est bien plus malin".
Le rapport de force dans la région change après le renversement du drone américain
« En effet, ces quatre propositions semblent naïves et farfelues, non pas parce que la partie russe, comme l'a dit Nicholas Patrushev, ne souhaitent pas la levée de l'embargo contre la Syrie ou la reprise des liens syro-arabe... mais surtout parce que le rapport de force dans la région a rapidement changé depuis l'escalade des tensions dans la région du golfe Persique et le tonitruant succès de l’Iran à abattre un avion espion américain au-dessus du détroit d'Hormuz. En plein point de presse avec ses homologues israélien et américain, Nicolai Patrushev s’est fendu comme la foudre sur Benjamin Netanyahu et John Bolton, en soulignant que l'Iran est un allié et un partenaire solide de Moscou, et que la falsification de son image et sa mise en avant à titre de grande menace pour la région, est inadmissible pour la Russie car l'Iran participe activement à la lutte contre le terrorisme et au rétablissement de la sécurité en Syrie. »
Le soutien est sans appel et a eu l'effet d'une douche froide à la fois pour Israël et les Etats-Unis. Ceci étant Netanyahu n'a pas perdu la face. En dépit de la mise en garde russe, il a menacé de poursuivre les raids et les attaques de missiles contre des « cibles iraniennes » en Syrie pour, a-t-il péroré, "empêcher que la Syrie ne devienne une plate-forme d'attaque de l’Iran contre Israël". Mais personne ne lui a fait attention ni même l'Américain Bolton car des centaines d'attaques israéliennes lancées au cours de ces sept dernières années contre la Syrie n'ont jamais atteint leurs objectifs. La présence iranienne en Syrie est légitime, durable et de plus en plus forte. Pire pour Israël, une réaction syro-iranienne aux frappes d'Israël est désormais bien attendue, surtout après la destruction du drone espion US avec un missile de fabrication iranienne, a noté Abdel Bari Atwan.
Israël a de plus en plus peur de la force de l’axe de la Résistance
La réunion tripartite à Tel-Aviv a échoué puisque l'Amérique n'a plus le dessus dans la région et son hégémonie s'érode rapidement tandis que la peur israélienne due à la force croissante de l'axe de la Résistance et à ses énormes capacités militaires s'élargit et elle s'élargit à raison.
La sécurité et la stabilité de la Syrie et la légitimité de son Etat et de son gouvernement ne sont pas négociables. Lorsque l'armée syrienne recouvrera tout son territoire et expulsera toutes les forces étrangères occupantes, la présence militaire de l’Iran, allié du gouvernement syrien, ne sera plus nécessaire. Mais cela, c'est la Syrie qui en décidera et personne d'autre.