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Les S-400 russes devront protéger Ankara et Istanbul. Mais contre quoi?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des missiles sol-air S-400. ©Sputnik

Le ministre turc de la Défense a défendu mardi à nouveau la décision d'Ankara de se procurer des missiles S-400 russes qui ont valu à son pays les menaces américaines mais aussi une suspension de la livraison des F-35. Ce faisant, le ministre a affirmé que les batteries de missile S-400 seront probablement utilisées pour défendre Ankara et Istanbul. Mais y a-t-il une menace "aérienne" ou " balistique" contre ces deux grandes villes? 

 « La Turquie s'attend à recevoir les batteries russes S-400 de défense aérienne d'ici juin », a annoncé le lundi 15 avril à Washington le ministre turc de la Défense, le général Hulusi Akar, lors de la 37ème conférence annuelle conjointe du Conseil des Affaires turco-américaines (TAIK) à Washington. Hulusi Akar qui s'exprimait devant des dizaines d'officiers américains a aussi reconnu que Moscou avait proposé un calendrier de livraison des systèmes S-400..

Le porte-parole du Kremlin avait rendu hommage en début de semaine à la Turquie pour avoir résisté aux pressions et au chantage américain exercés dans le cadre du dossier de la livraison des S-400. Le général Akar a estimé que l’achat des systèmes de missiles sol-air russes S-400 relevait du droit inaliénable de la Turquie et que cette décision était une affaire d’ordre sécuritaire et défensif.

« Nous appelons les États membres de l'OTAN à prendre les mesures techniques nécessaires. Les S-400 seront probablement chargés de défendre Istanbul et Ankara tandis que les F-35 seront stationnés à Malatya (au centre de la Turquie) », a-t-il lancé à l'adresse des partenaires de la Turquie au sein de l'OTAN

Washington avait averti en effet que si la Turquie achetait le système S-400, ce système pourrait secrètement obtenir des informations critiques sur les avions à réaction F-35, y compris leur portée de détection. Ces données, disent les Américains, risquent d'être relayées vers la Russie.

Le général Hulusi Akar a déclaré que la Turquie essayait actuellement d'utiliser "tous les moyens" pour assurer la sécurité de ses 82 millions d'habitants contre les menaces aériennes et les missiles dirigés contre son pays. « Ils seront probablement utilisés pour la défense d'Ankara et d'Istanbul », a déclaré Akar provoquant l'étonnement des analystes. Les deux villes turques d'Ankara et d'Istanbul sont-elles réellement menacées? Et si oui, par qui? 

Pour convaincre ses auditeurs, Akar a souligné que la Turquie aurait besoin de nombreux systèmes de défense aérienne pour contrôler l'intégralité de son espace aérien, allant jusqu'à évoquer "les récents attentats terroristes aéroportés depuis le territoire syrien". Et le ministre turc d'ajouter : "Les terroristes attachent des explosifs à des avions improvisés et les utilisent contre notre peuple", a déclaré le général Akar sans préciser davantage son idée. 

Il a souligné que la Turquie respectait l'intégrité territoriale de la Syrie et n'avait "aucune intention" d'occuper ses terres.

Mais la Turquie  a-t-elle réellement peur de faire l'objet des attaques à coup d'avions kamikazes?

"Les propos du ministre turc de la Défense, estime le politologue Sadollah Zareï, renvoient en effet à l'idée d'une zone d'exclusion aérienne qui pourrait être mise en place tout autour de la capitale turque et à Istanbul, une fois les batteries S-400 déployées. Les terroristes évoqués par le général Akar renverraient de son côté aux Kurdes mais des Kurdes, on n'a jamais vu des attaques anti-turques aux avions kamikazes. Au-delà de la volonté turque de vouloir convaincre les réticences américaines et de jouer sur les deux tableaux à la fois russe et américain, il semblerait que la Turquie se prépare à quelque chose. En tout cas, l'idée de vouloir barricader les deux grandes métropoles turques que sont Ankara et Istanbul, et ce, de la part d'un pouvoir qui fait partie de l'OTAN est chose inouïe, estime l'analyste qui fait toutefois remarquer que ce discours pro-S-400, a permis à la Turque d'avoir en grande partie gain cause dans le nord et attiré le feu vert de la Russie". 

La décision de la Turquie d’acheter pour 2,5 millions de dollars deux systèmes de défense antiaérienne S-400 équipés de quatre batteries à la Russie a débouché sur un accord signé par les deux parties le 29 décembre 2017. La Turquie a rejeté avec véhémence les appels de Washington. Erdogan a déclaré le 3 avril que cet achat était une décision à prendre par la Turquie. Les deux F-35 déjà livrés à la Turquie se trouvent actuellement à la base aérienne de Luke où sont formés les pilotes turcs. Les jets devaient être transférés en Turquie en octobre 2019.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV