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Pétrole : Riyad menace de briser l’hégémonie du dollar

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La raffinerie et le terminal pétrolier Ras Tanura de Saudi Aramco. ©Reuters

L’Arabie saoudite menace de vendre son pétrole avec d’autres monnaies que le dollar si les États-Unis adoptent un projet de loi autorisant l’ouverture des poursuites « antitrust » contre des membres de l’OPEP devant les tribunaux américains.

Si les États-Unis violent l’immunité souveraine des États de l’OPEP et qu’ils lancent des poursuites judiciaires pour violation des lois « antitrust », les responsables de l’énergie à Riyad sont prêts à vendre leur pétrole avec d’autres monnaies que le dollar, selon plusieurs sources proches des cercles décisionnaires de la politique énergétique saoudienne, dont l’une a déclaré à Reuters que les hauts responsables américains de l’énergie en avaient d’ores et déjà été informés.

« Les Saoudiens savent qu’ils disposent, à travers le pétrodollar, d’une arme faisant figure de véritable bombe nucléaire », aurait déclaré l’une des sources, tandis qu’une autre citant des Saoudiens aurait déclaré : « Laissez les Américains adopter le NOPEC et ce sera la faillite de l’économie américaine. »

Une telle décision pourrait remettre en cause le statut du dollar américain en tant que monnaie de réserve dans le monde, d’autant plus que d’autres membres de l’OPEP, notamment l’Iran et le Venezuela, ont leurs propres raisons d’abandonner le pétrodollar et que des producteurs de pétrole hors-OPEP, tels que la Russie, sont aussi capables d’envisager une telle mesure.

Le projet de loi en question, intitulé « No Oil Producing and Exporting Cartels Act of 2019 » (NOPEC), a été présenté pour la première fois en 2000 et donnerait potentiellement à Washington la capacité de contrôler la production et les prix du pétrole via des menaces de poursuites judiciaires contre les membres de l’OPEP.

Depuis, ce projet de loi était resté dans les tiroirs de l’administration américaine et Trump ne s’est pas lui-même prononcé officiellement en faveur de cette loi, préférant depuis le début de sa présidence, et même au plus fort de l’affaire Khashoggi, appuyer les intérêts de l’Arabie saoudite pour récompenser le « bon comportement » de ce dernier sur le marché du pétrole ; même s’il faut signaler qu’il a dit du bien du NOPEC dans un livre en 2011.

Le riyal saoudien est indexé sur le dollar et le royaume compte près de 1 billion de dollars investis aux États-Unis, investissements auxquels le royaume wahhabite a également menacé de mettre un terme si le NOPEC passait, selon les sources saoudiennes citées par Reuters.

Saudi Aramco est le premier exportateur de pétrole au monde, avec un chiffre d’affaires de 356 milliards de dollars en 2018. Les échanges de produits dérivés de pétrole sont également largement libellés en dollars, le volume des échanges ayant atteint 5 000 milliards de dollars sur les deux principales Bourses mondiales de l’énergie l’an dernier.

Ces menaces saoudiennes vont dans le sens des intérêts des grands producteurs hors-OPEP tels que la Russie et de grands consommateurs comme la Chine et l’Union européenne. Cette diversification du commerce mondial en marginalisant le dollar aurait pour conséquence d’affaiblir l’influence américaine dans l’économie mondiale.

La Russie, qui fait l’objet de sanctions américaines, tente de vendre son pétrole en euros et en yuans, mais sa part de marché dans les pays en question n’est pas significative.

La donne pourrait néanmoins changer si un allié de longue date de Washington comme Riyad se joignait au groupe des producteurs qui se détournent de la monnaie américaine.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV