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Zoom Afrique du 4 avril 2019

ExxonMobil quitte le Nigeria.

Dans ce numéro de Zoom Afrique :

L’actualité en Afrique :

  • Le Togo place son avenir sous le signe du soja
  • Chine : mines de la Tanzanie et accords avec le Burkina Faso
  • Ghana : l’économie se développe

Les analyses de la rédaction :

  • Burkina Faso

Presque quelques heures après l’annonce de la création d’une nouvelle base militaire de la force d’occupation Barkhane dans le Gourma au Mali, tout près de la frontière du Burkina où le camp atlantiste tente un cocktail de guerre explosif composé d’attaques attribuées aux soi-disant « djihadistes » et de violences interreligieuses et intercommunautaires, une information tombe sur le site RFI. « Dans une localité toute proche des frontières maliennes, 62 Burkinabés ont été tués. » L’organe de propagande de l’ex-puissance colonialiste tente tout au long du texte d’insinuer l’existence d’une certaine méfiance qui régnerait désormais entre les communautés burkinabées et qui serait à l’origine d’un conflit intercommunautaire contre lequel d’ailleurs la France salvatrice a mobilisé ses forces et ses moyens. Dans ce récit, il y a tout de même un élément sur quoi le média n’institue guère et non sans raison. RFI dit : « Dans la nuit de dimanche, des individus armés ont pénétré dans le village de Hamkan, à 7 km de Arbinda, où ils ont assassiné un leader religieux du village ainsi que son fils aîné et son neveu. Un événement qui a entraîné des affrontements entre communautés. » Eh bien donc, sans cette intrusion, ces soi-disant affrontements intercommunautaires n’auraient pas lieu. Ces communautés (Kurumbas, Songhaïs, Peuls, Mossis et autres) vivent depuis des siècles dans cette contrée à la faune riche et aux ressources hydriques abondantes qu’est la province de Soum. Elles y vivaient en synergie jusqu’à ce que la France déclare la guerre contre ce pays. Une guerre placée sous l’étiquette de l’extension du G5 Sahel pour contrer le terrorisme. Depuis cette date, nul jour ne passe sans que l’armée burkinabé ou la population ne soient victime d’attaques toujours attribuées à d’obscurs éléments armés. C’est d’ailleurs ainsi que les Peuls du village d’Ogossagou ont été massacrés dans le centre du Mali, fournissant à Barkhane le prétexte nécessaire pour multiplier le nombre de ses bases, mais aussi et surtout de quoi pousser les Peuls à l’exil. Le même scénario se répète au Burkina. RFI poursuit : « Nous avons eu 30 personnes qui sont décédées du fait des conflits communautaires, c’est-à-dire du fait des représailles entre Kurumbas, Peuls, Mossis, etc. Et nous en avons 32 qui sont du fait des terroristes qui ont pourchassé les gens. Les terroristes ont par ailleurs réussi à enlever neuf personnes, qui sont en leur possession à l’heure actuelle. L’insécurité est telle que personne n’est à l’abri. Que ce soient les communautés korumba, songhaï, peuls, mossis, personne n’est à l’abri, car il y a une suspicion généralisée... À la suite de ces violences, des villages ont été abandonnés. Les populations se sont déplacées dans la commune de Arbinda. La suspicion s’est généralisée, selon le ministre d’État Siméon Sawadogo ».

Toutes ces paroles perfides, RFI les reprend en citant le ministre burkinabé de l’Administration territoriale suggérant que l’État burkinabé, qui fait face à une occupation étrangère, partage l’analyse et le discours de l’occupant. C’est dans le Soum que les terroristes avaient fait piéger un cadavre le 15 février ou perpétré une attaque ayant coûté la vie à 10 soldats burkinabé en janvier. C’est dire que la chasse aux Burkinabés, promise par la ministre française de la Défense, a visé tout d’abord l’armée nationale burkinabée. La France cherche-t-elle à faire place nette dans le Soum pour y ériger sa prochaine base ?

  • Nigeria/Mozambique

Que le géant américain pétrolivore ExxonMobil renonce ne serait-ce qu’à un tout petit bout de ses richesses énergétiques africaines, cela mérite qu’on en demande la raison : selon des sources proches d’ExxonMobil, la société américaine envisage de céder d’importantes participations dans des actifs de pétrole et de gaz au Nigeria, en Guinée équatoriale et au Tchad. Reuters rappelle qu’ExxonMobil est l’un des plus grands producteurs de pétrole au Nigeria. Au Tchad, c’est l’opérateur du consortium de Doba, le plus important producteur local. C’est aussi le plus important producteur de pétrole de la Guinée équatoriale.

Si la société n’a pas officialisé encore sa décision de céder ses actifs, on se souvient qu’elle a récemment fait part de son intention de faire passer ses dépenses en immobilisations de 26 milliards de dollars en 2018 à 30 milliards de dollars en 2019 et 35 milliards de dollars l’année prochaine. Mais pourquoi ? Toujours selon Reuters, des investissements dégagés ainsi serviront à développer entre autres, de nouveaux projets prometteurs en Guyane, dans le bassin Permien au Texas, mais aussi pour les projets d’ExxonMobil de monétisation de gaz naturel au Mozambique, cet eldorado gazier, ce Qatar de l’Afrique de l’Est, où la France poursuit ses velléités depuis le Madagascar voisin, en se concentrant sur le Mozambique où de nouveaux gisements ne cessent d’être découverts. Selon une enquête du quotidien nigérian This Day, les cessions potentielles d’Exxon au Nigeria devraient inclure des participations dans des champs onshore et offshore et pourraient atteindre jusqu’à trois milliards de dollars. Une somme rondelette que le Nigeria perdrait en échange d’une plus grande indépendance énergétique vis-à-vis des pilleurs américains. Le retrait d’ExxonMobil du Nigeria, dit Reuters, pourrait permettre aux sociétés locales de mieux s’implanter dans la chaîne de valeur du secteur, étant donné que le renforcement des capacités des firmes nigérianes est l’une des plus importantes politiques pétrolières de Buhari, homme qui vient de remporter haut la main la présidentielle. On se rappelle l’effet de la bombe qu’eut le pétroyuan que Buhari a imposé aux transactions pétrolières au détriment du dollar, pour renforcer les firmes nationales. Force est de constater que même Boko Haram, cette invention des services secrets US pour répandre l’insécurité et l’instabilité dans les régions pétrolifères du Nigeria, n’a pu avoir les effets escomptés. Normal donc de voir ExxonMobil de chercher son bonheur ailleurs… Eh bien, cet ailleurs tombe fort malheureusement sur le Mozambique, pays qui depuis le départ de Zuma de l’Afrique du Sud voisin tend à de plus en plus dans l’escarcelle des puissances étrangères. Alors, comment faire ? Les USA ne se donnent pas trop de peine pour changer de scénario. Le 15 janvier 2019, l’agence Ecofin rapportait des manifestations dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, contre les projets de gaz naturel, projets qui, on vient de l’apprendre, impliquent effectivement ExxonMobil. Plusieurs centaines de manifestants protestent en effet contre les attaques armées dans la région, attribuées aux Shebab par les agences de presse mainstream. Cette version est évidemment rejetée par la population. Le quotidien Carta du Mozambique indiquait à l’époque que les attaques armées n’étaient pas liées au groupe des Shebab sans aller jusqu’à préciser l’identité de leurs auteurs. La dernière attaque en date est celle d’un minibus de 15 places sur la route entre Olumbi et Muti, à environ 15 kilomètres de la ville de Palma où justement Exxon Mobil développe son projet de monétisation des gisements Golfinho et Atum. L’attaque a fait 15 morts et une dizaine de blessés. L’Américain ExxonMobil se déplace donc du Nigeria en Mozambique avec dans sa sacoche ses mercenaires terroristes. Il est vrai qu’après le coup du pétrole de schiste, l’Amérique devrait chercher de quoi s’imposer sur le marché du gaz pour contrer la Russie. Et le Mozambique lui semble le meilleur choix. Quant aux Mozambicains, ils ne portent pas l’Amérique dans leur cœur. Les manifestants exigeaient au mois de janvier que les projets de gaz naturel d’ExxonMobil soient suspendus jusqu’à ce que la situation soit normalisée.

Pour eux, les autorités se sont montrées incapables, depuis les deux dernières années, de mettre fin aux attaques dans la région. Mais ce n’est peut-être pas la seule raison. Les réserves de gaz naturel, découvertes ces dernières années dans le bassin de Rovuma, ont été estimées à 180 milliards de pieds cubes, soit l’équivalent de la totalité des réserves de gaz naturel du Nigeria. D’où d’ailleurs le retrait d’ExxonMobile. Ces réserves pourraient catapulter le Mozambique au rang de troisième exportateur de gaz naturel liquéfié au monde, après le Qatar et l’Australie, une fois que la production aura atteint son apogée. Il est temps que la CIA active ses créatures terroristes dans cet eldorado gazier.

  • Rwanda

Luc Michel, analyste des questions africaines, commente l’ouverture de l’ambassade israélienne au Rwanda.

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV