Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré que la visite imminente du président Hassan Rohani en Irak — sa première en tant que président iranien — marquerait le début d’un nouveau chapitre des relations entre Téhéran et Bagdad.
« M. Rohani se rend en Irak pour la première fois de son mandat présidentiel et nous considérons cette visite comme un nouveau départ dans nos relations avec l’Irak », a déclaré Zarif à la chaîne de télévision irakienne Al-Forat, le samedi 9 mars.
M. Zarif a évoqué les mesures de coopération qui devraient être approuvées par les deux parties lors de la visite du président iranien en Irak et les a qualifiées d’« historiques ». « Les nouveaux domaines de coopération porteront sur le transit, le pétrole, l’industrie et le dragage de la rivière Arvand », a-t-il ajouté.
Le président iranien Hassan Rohani entamera sa visite de trois jours en Irak, ce lundi 11 mars.
Mohammad Javad Zarif, qui est arrivé en Irak le samedi 9 mars au soir, a déclaré que l’Iran et l’Irak partageaient non seulement une frontière, mais en plus des affinités historiques ainsi que des intérêts communs.
« Nous entendons exploiter ces affinités pour assurer les intérêts communs des deux pays ainsi que ceux de la région », a-t-il déclaré.
Le message de l’Iran à la région depuis l’Irak
Le ministre iranien des Affaires étrangères a déclaré que Téhéran cherchait à envoyer un message à la région lors de la visite du président Rohani en Irak.
« En Irak, nous enverrons un message de coopération régionale. Nous ne voyons pas l’Irak comme un lieu de conflit [avec les rivaux régionaux de l’Iran] ; nous le voyons comme un lieu de coopération avec les pays de la région », a déclaré M. Zarif.
L’Arabie saoudite, qui considère l’Iran comme son principal adversaire et qui a rompu ses liens avec Téhéran, considère l’Irak comme une zone de bataille où il lui faut lutter contre l’influence iranienne.
Zarif a également déclaré que l’Iran considérait l’Irak comme « un pilier important de la sécurité régionale », sans la coopération de laquelle il serait impossible de rétablir la sécurité dans la région.
« Il est donc nécessaire que l’Iran et l’Irak coopèrent, aux côtés des autres pays de la région, pour [rétablir] la sécurité dans la région », a-t-il déclaré.
Le haut diplomate iranien a souligné qu’aucun pays de la région ne devait être exclu du processus de prises de décision.
Les États-Unis poussent l’Irak à couper les liens avec l’Iran
« Nous ne voulons pas que l’Irak rompe ses relations avec les autres pays », a déclaré M. Zarif. « Malheureusement, ce sont les Américains qui font pression sur l’Irak pour qu’il n’entretienne pas de liens de voisinage avec l’Iran. »
Le ministre iranien des Affaires étrangères a également remercié le peuple irakien et les responsables de l’Irak pour leur « position de principe » en faveur de l’Iran et contre les sanctions unilatérales que les États-Unis ont imposées à la République islamique.
L’Iran salue les pourparlers régionaux
Interrogé sur une proposition d’Ammar Hakim — le chef du Mouvement irakien de la sagesse nationale (Hikma) — portant sur les négociations régionales entre l’Iran, l’Irak, la Turquie, l’Arabie saoudite et l’Égypte, M. Zarif a répondu que l’Iran saluait « toutes les propositions de coopération régionale ».
« Nous avons un principe : la coopération régionale devrait être inclusive et ne devrait cibler personne ; tous les pays de notre région devraient participer à cette coopération », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.
Il a expliqué que par le terme « pays régionaux », il entendait les États du golfe Persique, ainsi que des pays plus éloignés, tels que l’Égypte et la Jordanie.
Il a fait allusion à la coopération entre l’Iran, la Russie et la Turquie concernant le processus de paix en Syrie dans le cadre des réunions d’Astana comme un exemple de bon travail régional.
Qui est légitime dans la région ?
La République islamique d’Iran, a-t-il souligné, n’a cependant jamais eu de discussions avec des étrangers sur l’avenir de la région et a toujours affirmé que le destin de la région devait être déterminé par la région elle-même.
S’adressant à l’Arabie saoudite, Zarif a déclaré que si l’Iran avait toujours été prêt à dialoguer, Riyad n’avait montré aucune volonté de ce type.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a rappelé qu’il avait envoyé plusieurs messages à des responsables saoudiens, affirmant qu’il était prêt à coopérer aux niveaux bilatéral et régional depuis de son entrée en fonction en 2013, et auxquels les Saoudiens avaient répondu : « La région ne vous concerne pas ! »
« Il est maintenant évident si la région nous concerne ou non ! », a déclaré Zarif.
« L’Iran a contribué efficacement à mettre fin au conflit syrien en offrant une aide en termes de consultation militaire à Damas et a facilité le processus diplomatique de la Syrie par une coopération avec la Turquie et la Russie. L’Arabie saoudite, de son côté, faisait partie des pays qui ont financé des groupes armés anti-Damas dans le but de renverser le président Bachar al-Assad. »
Des discussions avec Trump ne seraient pas très utiles
Interrogé sur la possibilité de lancer des discussions avec le président américain Donald Trump, M. Zarif a déclaré que le dialogue devait être fondé sur le respect, ce qui manque à Trump.
L’année dernière, Donald Trump a unilatéralement sorti les États-Unis d’un accord multilatéral signé avec l’Iran alors que Washington avait participé aux négociations qui ont abouti à la conclusion de cet accord.
« Si vous ne respectez même pas vos propres paroles, on ne peut pas s’attendre à ce que vous respectiez (et mainteniez) un accord. Par conséquent, je ne crois pas que le dialogue [avec l’administration Trump, NDLR] serait très utile », a déclaré le chef de la diplomatie iranienne.