Les évolutions en Syrie sont entrées dans une période d’incertitude, une incertitude encore renforcée avec l’annonce du retrait des troupes américaines du pays. Dans ce contexte, les perspectives des relations russo-israéliennes ne sont pas non plus transparentes, étant donné les tensions persistantes entre Moscou et Tel-Aviv pendant ces derniers mois suite au crash de l’avion russe Il-20 en Syrie que les pilotes de F-16 israéliens ont utilisé comme bouclier pour éviter les missiles de la DCA syrienne.
Cependant les médias font état des efforts d’Israël pour rétablir de nouveau de bonnes relations avec la Russie.
Le journal israélien Yediot Aharonot a rapporté qu’une délégation russe est arrivée ce mercredi en Israël, dans le cadre « des efforts d’apaisement des tensions entre les deux parties ».
La délégation russe, présidée par le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, Konstantin Koschev, et le président de la commission de la défense, Victor Bondar, devait discuter de supposés tunnels du Hezbollah sur le front nord d’Israël, a indiqué le journal israélien.
Le régime d’Israël accuse le mouvement de résistance libanais, le Hezbollah, d’avoir creusé plusieurs tunnels aux frontières libanaises avec « le front nord d’Israël ». Le 4 décembre, l’état-major israélien a lancé l’opération « Bouclier du Nord » afin de détruire de supposés « tunnels d’attaque » traversant la Ligne bleue, c’est-à-dire la frontière séparant le sud du Liban et le nord des territoires palestiniens occupés.
La délégation russe devrait effectuer selon Yediot Aharonot une visite à la frontière du Liban avec les territoires palestiniens occupés.
En réalité, les efforts d’Israël ont pour but de convaincre la Russie de Poutine du danger du groupe de résistance libanais dans le contexte de l’opération « Bouclier du Nord », visant à détruire de supposés tunnels du Hezbollah.
Tel-Aviv arrivera-t-il à convaincre Moscou du danger du parti libanais alors que la Russie est consciente de la violation quotidienne de l’espace aérien libanais par Tel-Aviv ? En effet, les systèmes antimissiles russes S-300 déployés en Syrie couvrent également le ciel libanais.
Les efforts d’Israël pour obtenir le soutien de la Russie dans sa politique contre le mouvement de résistance libanais, le Hezbollah, qui est l’allié de Moscou dans sa guerre contre le terrorisme en Syrie, interviennent alors qu’une partie des territoires libanais (les fermes de Chebaa) sont encore occupés par Israël.
Les fermes de Chebaa, qui constituaient avant 1967 la frontière entre la Syrie et le Liban, ont été occupées par l’armée israélienne ainsi qu’une partie des hauteurs du Golan syrien.
Malgré les demandes incessantes du Liban pour recouvrer sa souveraineté sur cette zone, l’ONU n’a pas répondu jusqu’à présent à Beyrouth et a évité de demander au régime israélien de se retirer des fermes de Chebaa.
Par ailleurs, il y a quelques jours, Israël se serait plaint lors de la visite de sa délégation militaire à Moscou auprès des autorités russes au sujet de l’usage de drapeaux russes par des convois militaires appartenant aux alliés de Moscou en Syrie (notamment le Hezbollah libanais).
Bien que Moscou réponde de temps en temps aux appels d’Israël pour aller vers une désescalade, l’ensemble des événements de ses dernières semaines montre bien que la Russie ne veut pas que Tel-Aviv ouvre un nouveau front Israël/Résistance.