TV
Infos   /   A La Une   /   Moyen-Orient   /   Europe   /   L’INFO EN CONTINU

Paris à la chasse des pétrodollar, ignore-t-il les "droits de l'homme"?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président français (G) et le prince héritier saoudien (D) à Paris. ©Getty Images

La France a fermé les yeux sur les crimes du royaume saoudien, dont l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, pour pouvoir ramasser des pétrodollars saoudiens.

Un article du journal Rai al-Youm s’est attardé sur l’escalade des récentes tensions entre la Turquie et la France au sujet de l’affaire Khashoggi, journaliste dissident saoudien assassiné au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

« Les relations franco-turques se sont détériorées après les propos inhabituels et non-diplomatiques du ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian au sujet de l’assassinat, le 2 octobre dernier, de Jamal Khashoggi

Le Drian a accusé, d’un ton virulent et contraire aux normes diplomatiques, le président turc de mener « un jeu politique particulier » en lien avec l’affaire Khashoggi ».

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré, lundi 12 novembre, ne pas avoir connaissance des informations fournies par la Turquie dans le dossier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. « Si le président turc a des informations à nous faire parvenir, il faut qu’il nous les donne », a déclaré Le Drian.

Cette déclaration du chef de la diplomatie française a, certainement, suscité la réaction de la Turquie, car cela va à l’encontre des propos tenus par le président turc. La Turquie dit avoir transmis à la France, mais aussi aux États-Unis, à l’Allemagne et à la Grande-Bretagne des enregistrements concernant l’assassinat de Khashoggi.

Le directeur de la communication de la présidence turque a dénoncé, le même jour, les propos de Jean-Yves Le Drian : « Il est inacceptable qu’il accuse le président Erdogan de jouer un jeu politique ».

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu a pris la parole en disant que son homologue français a « dépassé les bornes ». « Il peut affirmer ne pas être au courant. Mais je sais que le 24 octobre, notre service de renseignement a transmis tous les éléments, y compris un enregistrement audio, aux services de renseignement français à leur demande », a-t-il dit.

Pour l’analyste de Rai al-Youm, le démenti de la diplomatie française peut démontrer deux choses : il y a un manque de coordinations et de liens entre les services de renseignement, le ministère des Affaires étrangères et d’autres instances d’État français, ou encore que Paris s’efforce de camoufler le crime saoudien dans l’assassinat de Khashoggi et classer ainsi le dossier, par crainte de ne pas mettre en colère le royaume, ou bien pour l’amadouer pour ainsi pouvoir continuer de signer ses contrats colossaux de vente d’armes avec ce dernier.

À lire aussi: Macron avide de vendre des armes à Riyad

Et cet analyste de préciser : "Ce qui met, de plus en plus, en question le ministre français des Affaires étrangères, c’est que le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lui, a confirmé les affirmations de la Turquie et se dit être au courant de l’enregistrement audio remis par Ankara". De même, le porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, a affirmé qu’il y avait eu un échange d’informations sur les services de renseignement au sujet de la bande sonore. Des sources britanniques avaient aussi précédemment déclaré avoir été informées du contenu d’une bande présumée, mais en raison du caractère délicat des échanges de renseignements, elles ont refusé de donner des précisions. Même, la chef de la CIA Gina Haspel s’est déclarée être au courant de l’existence de cette bande sonore dont elle avait aussi informé le président Trump du contenu.

L’analyste de Rai al-Youm s’interroge ainsi sur les raisons de ce grand démenti de la France : « Il est vrai que Paris veut plaire aux autorités saoudiennes pour avoir une plus grande part des revenues pétrolières du royaume et passer devant les autres pays occidentaux qui, eux aussi, préfèrent l’argent, au grand dam des principes de la justice et des droits de l’homme. »

Selon le dernier rapport parlementaire sur les exportations françaises d’armes, Riyad est le second client de la France. Sur la période 2008-2017, plus de 11 milliards d’euros de contrats d’armements ont été négociés entre les deux pays. C’est presque deux fois plus que l’ensemble des contrats négociés par Paris avec l’ensemble des pays de l’Union européenne. Ce qui fait de l’Arabie saoudite un partenaire commercial loin d’être marginal.

Depuis 10 ans, la France a livré pour 6,6 milliards d’armes à l’Arabie saoudite, dont près de 1,4 milliard d’euros en 2017. Ce qui représente tout de même un cinquième des livraisons d’armes faites par la France l’an dernier. Preuve d’une collaboration commerciale de plus en plus forte, car ces livraisons d’armes n’ont cessé de progresser depuis 2011.

L’Hexagone n’est ainsi que son troisième fournisseur, très loin derrière les États-Unis et le Royaume-Uni selon les chiffres du Sipri, un institut suédois indépendant spécialisé sur les ventes d’armes.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV