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Expert français : aucun gouvernement occidental ne veut qu’Idlib soit libérée

Un homme passe devant un bâtiment endommagé de la ville de Binnish, dans la province d’Idlib au nord de la Syrie, le 15 octobre 2018. ©AFP

Selon un expert français de la Syrie vivant à Alep, aucun gouvernement occidental, et surtout pas celui des États-Unis, ne souhaite la libération de la province d’Idlib.

L’humanitaire français Pierre Le Corf vient de déclarer dans un entretien donné à l’agence de presse russe Sputnik que la libération de la province syrienne ne sera pas chose facile pour la simple raison que Washington et ses alliés ne veulent pas la voir libérée des mains des terroristes.

La libération d’Idlib, le dernier fief des terroristes, est très commentée dans les médias, car elle va signifier en quelque sorte la fin des projets occidentaux pour la Syrie, comme l’a souligné il y a peu le président syrien Bachar al-Assad.

Fondateur de l’ONG « We Are Superheroes », l’humanitaire français Pierre Le Corf, qui vit à Alep, a déclaré aux journalistes de Sputnik : « La libération d’Idlib va être très difficile parce que toutes les forces de la coalition et les gouvernements qui se sont impliqués dans la guerre jusqu’à maintenant refusent qu’Idlib soit libérée. Parce que le jour où elle le sera, ce sera la fin de la guerre, ce sera le moment d’aller libérer les zones qui sont occupées dans le Nord illégalement : tant par la France que par les Américains, et même par les Italiens. Pour moi, aujourd’hui aucun gouvernement — tant la France que les États-Unis, le Royaume-Uni, etc. — ne veut qu’Idlib soit libérée. »

Il ajoute que les pays occidentaux n’auront aucun scrupule à sacrifier les habitants d’Idlib parce qu’ils veulent qu’« Idlib soit et reste une zone […] non libérée et que le gouvernement syrien n’en reprenne plus le contrôle ».

« Et j’ai peur d’une confrontation globale sous un prétexte quelconque : chimique, humanitaire, etc. Tout va être mis en place pour faire en sorte de manipuler l’opinion dans ce qui va arriver par la suite », explique l’humanitaire français qui aide depuis déjà plusieurs années les habitants, dont certains sont touchés psychologiquement et parfois physiquement par la guerre, à retrouver une vie normale.

Selon Sputnik, cela fait écho aux différentes mises en garde de Moscou au sujet de provocations qui pourraient venir et qui pourraient servir de prétexte à de nouvelles frappes occidentales sur le territoire syrien.

Le Corf a vu la joie de la ville d’Alep rejaillir après quatre années de combats et espère qu’Idlib connaîtra bientôt le même soulagement.

Comme il se le rappelle, des « couloirs humanitaires avaient été ouverts à Alep, les gens qui voulaient sortir pouvaient sortir quand ils n’étaient pas tués par les groupes terroristes, car les couloirs humanitaires étaient les premiers qui étaient visés. Il était interdit pour les gens qui vivaient à Alep-Est de sortir. Il y avait une fatwa qui disait que si vous rejoignez la zone gouvernementale, ça veut dire que vous êtes pro-régime, ça veut dire que vous méritez la mort : soit l’emprisonnement, soit la mort ».

Pierre le Corf souhaite que des couloirs humanitaires soient mis en place pour permettre la sortie des habitants d’Idlib. Il rappelle à cet égard la libération d’Alep, la joie de ses habitants, mais aussi leurs craintes de traverser les couloirs humanitaires parce que c’étaient les premiers endroits que les terroristes prenaient pour cible.

« Une fois Alep libérée, cela a été la liberté pour les gens, cela a été un courant d’air frais. Beaucoup de gens ont raconté des choses terribles sur la libération. J’étais sur le couloir humanitaire, j’ai vu quand les gens sont arrivés, je travaillais avec les familles qui arrivaient de l’autre côté. Les gens sont retournés chez eux et maintenant vivent dans leurs maisons. Maintenant ils vivent libres, les enfants sont retournés à l’école, les gens sont en train d’essayer de reconstruire leur vie », explique néanmoins Le Corf à propos de la ville syrienne d’Alep, libérée après quatre années de siège.

Si le gouvernorat d’Idlib est contrôlé par les terroristes du Front al-Nosra depuis 2015, il a néanmoins pu être protégé peu ou prou grâce à des opérations entreprises, notamment du côté russe. En effet, un accord a été signé entre Vladimir Poutine et le président turc à Sotchi, dont le texte prévoit de mettre en place une zone démilitarisée large de 15 à 20 km le long de la ligne de contact entre les forces gouvernementales et les groupes d’opposition armés avant le 15 octobre.

Le 27 octobre est programmé aussi à Istanbul un sommet entre la France, la Russie, la Turquie et l’Allemagne. Il y sera question évidemment de la Syrie et du gouvernorat d’Idlib.

Et le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré qu’il existait toujours « un risque de dissémination » dans les pays voisins des terroristes restant dans la zone de désescalade. 

Avec Sputnik

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SOURCE: FRENCH PRESS TV