Les terroristes de Daech ont permis un déploiement militaire américain et otanien de 2011 à 2018 en Irak et en Syrie. Les objectifs de ces forces étrangères n’ont pas pu être atteints grâce à la résistance du peuple et de l’armée, aussi bien en Irak qu’en Syrie.
Et malgré les victoires syrienne et irakienne sur Daech, on assiste aujourd’hui à une réactivation des résidus de Daech, surtout sur le sol syrien. Les États-Unis cherchent en effet à rester au Moyen-Orient par tous les moyens. Pour ce faire, ils n’ont d’autre choix que de ressusciter les divisions sectaires et de réemployer les terroristes de Daech. Ils ne veulent surtout pas céder leur place ni à la Russie ni à l’Iran. Les Américains n’ont pas abandonné leur désir de posséder et de dépouiller le Moyen-Orient et pour ce faire, ils ne veulent se défaire d’aucun de leurs alliés, que cela soit les Kurdes et leur projet indépendantiste, les terroristes de Daech ou encore les wahhabites et les pays du golfe Persique.
Tout a commencé il y a quelques années lorsque les Américains ont voulu profiter du multiculturalisme de l’Irak pour mieux diviser son territoire. Il y a en effet dans ce pays aussi bien des chiites, des sunnites, Kurdes et des chrétiens. Les occupants US avaient même, suppose-t-on, fixé une date butoir pour l’explosion géostratégique de ce pays, date à maintes reprises reportée au fur et à mesure des victoires de l’armée irakienne et des Unités de mobilisation populaire (les Hachd al-Chaabi) sur les différents groupes terroristes sévissant dans le pays.
Ils ont alors créé Daech et ils lui ont donné pour mission de provoquer des conflits sectaires. Ils voulaient tracer ainsi, dans le sang, les frontières de plusieurs pays différents.
Puis nous avons assisté à des événements plus que surprenants, comme lorsque d’un coup de baguette magique des renseignements américains, la frontière irako-syrienne a été ouverte aux terroristes qui se sont infiltrés dans les provinces syriennes voisines. Et les Turcs ont emboîté le pas aux Américains en ouvrant aussi leurs frontières avec la Syrie sur plus de 900 kilomètres, permettant ainsi à des dizaines de milliers de terroristes internationaux d’entrer sur le sol syrien.
Les Américains, eux, voulaient des terroristes pour détruire la Syrie et l’Irak et ils projetaient de se servir de leurs mercenaires une fois leurs tâches finies, ailleurs. Et en cas de rébellion, ils auraient fait peu de cas de ces « sauvages arabes », comme ils ont coutume d’appeler les musulmans, et les auraient éliminés sans scrupule.
Mais, outre le projet américain qui consistait principalement à démanteler les deux États souverains que sont la Syrie et l’Irak à l’aide des monarchies du golfe Persique et de leurs pétrodollars, se profilait aussi peut-être plus discrètement un projet wahhabite, qaïdiste et ikhwaniste (des frères musulmans) cherchant à fonder un grand État « islamique » au Levant, susceptible de s’élargir par la suite.
Mais ce qui a surpris les Américains, les pays arabes du golfe Persique et les Israéliens, c’est la défaite de ce terrorisme dans toute la Syrie occidentale, malgré les fonds, les équipements militaires, l’appui aérien apportés par leurs sponsors. Et le terrorisme a finalement reculé, emportant avec lui une grande partie de l’influence américaine déclinante.
Mais aujourd’hui, parce que la sécurité nationale américaine considère que la crise syrienne doit continuer pour freiner une fois pour toutes l’ascension régionale de la Russie au Moyen-Orient et pour que l’Iran ne soit plus aussi influent dans le monde musulman, les résidus de Daech et du Front al-Nosra ont été réactivés à Idlib, de même que quelques autres groupuscules terroristes dans le sud de la Syrie. On peut même dire qu’ils ont déplacé de grands groupes depuis l’Irak et la Badiya syrienne à l’est de l’Euphrate.
Daech a réussi à échapper à un effondrement total et il a su persuader les Américains du rôle intéressant qu’il pourrait jouer, car il a mobilisé des forces pouvant être plus efficaces que les Forces démocratiques syriennes, directement soutenues par les Américains et les Saoudiens.
La preuve en est que, près de la base d’al-Tanf occupée par les Américains au triangle frontalier syro-irako-jordanien, il y a un important foyer de daechistes qui détiennent des dizaines d’enfants et de femmes enlevés à Jabal al-Arab dans la région syrienne du Horan, et que les Américains ne bougent pas d’un pouce pour sauver ces victimes, justement parce qu’ils ne veulent pas provoquer la colère de cet « ami terroriste » qui pourrait toujours servir leurs intérêts en favorisant les divisions sectaires au Moyen-Orient.
Ce qui se passe aujourd’hui à l’est de l’Euphrate révèle la coopération entre deux nouveaux projets alternatifs : après la chute du projet de l’État daechiste, du terrorisme et de la fragmentation du pays, Washington cherche des prétextes pour rester en Syrie. Et parce que le terrorisme daechiste a bien compris et intégré ce nouvel objectif américain, il œuvre à regagner une grande influence à l’est de l’Euphrate pour offrir une alternative à l’échec du projet « américano-kurde-pétrolier ».
Les tribus arabes apparaissent comme une tierce partie qui refuse les velléités des Américains à les intégrer dans le projet kurde des FDS. Elles ont vite compris les raisons pour lesquelles les Américains prétendent les bombarder par « erreur », détruisant leurs villes à Raqqa, Deir ez-Zor et dans des dizaines d’autres endroits, et pourquoi ils ne s’emploient pas à leur reconstruction. Ils ne veulent en effet pas que les Arabes repeuplent ces villes.
Il y a même en ce moment beaucoup de Kurdes possédant la nationalité américaine ou celle d’un pays européen qui sont retournés en Syrie. On suppose qu’ils sont venus pour prodiguer des conseils aux FDS et qu’ils procèdent à des expériences géologiques pour explorer le potentiel gazier et pétrolier à l’est de l’Euphrate.
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, a clairement indiqué que l’objectif de l’armée syrienne après la libération d’Idlib sera l’est de l’Euphrate. La Turquie pourrait être plus proche de la ligne russe, car le projet kurde, qui provoque sa fureur et son indignation, est une partie structurelle du projet américain à l’est de l’Euphrate, susceptible de s’étendre du nord jusqu’au sud et à l’est de la Turquie, où quinze millions de Kurdes attendent impatiemment de pouvoir faire sécession de la Turquie et de créer une entité politique indépendante.