L’analyste iranien et professeur d'université, Saadollah Zareï, a fait paraître, vendredi 19 octobre, un article au sujet des protestations populaires qui sont en cours dans le sud du Yémen.
« Dans la conjoncture où le nord du Yémen est touché par d’intenses attaques et la machine de guerre de la coalition saoudienne, soutenue par les États-Unis, reste bloquée derrière le front de Hudaydah, le Sud est le théâtre d’âpres affrontements.
Les manifestations quotidiennes contre l’ingérence de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis au Yémen ainsi que les affrontements opposant les mercenaires pro-saoudiens aux habitants du Sud continuent de prendre de l’ampleur depuis la province d’Aden en passant par la province de Mahra.
L’occupation des ports de la province de Mahra par l’Arabie saoudite et la main mise des Émirats arabes unis sur les ports de la province de Hadramaout ainsi que le nombre en pleine croissance de militaires saoudiens et émiratis dans le Sud ont bien désillusionné les habitants du Sud qui ont commencé à apprendre que pour chaque échec que l’Arabie saoudite subit face à Ansarallah, elle cherche à s’emparer d’une localité dans le Sud.
Les Saoudiens et les Émirats, pour leur part, tentent de donner une dimension économique aux protestations en cours dans le Sud pour ainsi pouvoir gérer l’affaire. Ils entendent suggérer que les habitants du Sud en auraient assez de la mauvaise gestion de l’économie du pays. Dans la foulée, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont destitué Ahmed ben Dagher qu’ils avaient auparavant nommé en tant que Premier ministre du Yémen, sous prétexte que sa mauvaise gestion aurait abouti à la crise économique du pays, pour ainsi plaire aux protestataires et calmer le jeu. Reste à savoir si un tel prétexte pourrait puiser dans les raisons authentiques.
À noter qu’aucun État n’a jamais dirigé le Sud pendant ces quatre dernières années et qu’Ahmed ben Dagher a été désigné dans le seul objectif de dissocier l’alliance entre les tribus du Sud et Ansarallah. Les membres du cabinet d’Ahmed ben Dagher n’ont jamais été installés à Aden et ils se trouvaient ça et là dans différentes capitales des pays arabes.
Si les habitants du Sud avaient été en colère contre la situation financière du pays, ils auraient pu faire appel à Ahmed ben Dagher au lieu de descendre dans la rue. Mais la réalité ne se résume pas dans ce que racontent les Saoudiens et les Émiratis. Ces derniers ont, en effet, opté pour une politique d’occupation et de démembrement pour ainsi conduire le Sud vers la pauvreté et la famine et le désintéresser de l’indépendance du pays.
À présent, l’Arabie saoudite se sent en danger sur fond des protestations crescendo d’habitants du Sud et elle se hâte de trouver une solution.
C’est pourquoi Riyad a nommé Moeen Abdelmalek, un jeune politicien originaire de Taëz, en tant que Premier ministre pour ainsi faire espérer aux habitants du Sud un règlement imminent de problèmes économiques.
Selon les Organisations des Nations unies, au moins 5,8 millions de citoyens yéménites risquent de tomber malades et de mourir de faim.
La majeure partie de cette population, touchée par la pauvreté, habite le Sud, contrôlé par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Ceci dit, la désignation de Moeen Abdelmalek ne portera pas le fruit qu’attend l’Arabie saoudite, car elle ne change en rien les politiques de principe de Riyad et d’Abou Dhabi face au Yémen, notamment le sud du Yémen.
En réalité, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne veulent pas que les problèmes économiques du Sud soient réglés, car pour eux, une pauvreté absolue fait mieux basculer le peuple vers leurs projets.
Paniqués par cette vague de protestations populaires, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont trouvé une solution précaire qui s’appelle Moeen Abdelmalek pour ainsi calmer la colère des habitants du Sud.
C’est ce qu’ils ont fait auparavant, lorsque les habitants de Mahra et de Hadramaout ont durci le ton contre l’extension de la présence militaire des agresseurs dans les zones névralgiques de ces deux provinces.
L’Arabie saoudite a alors limité temporairement le nombre de ses militaires avant de l’augmenter de nouveau quelques semaines plus tard.