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La route de la soie passera par Haïfa

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La 11e flotte d’escorte de la marine chinoise accoste au port israélien de Haïfa. ©China.org.cn/Archives

Des sources d’information affirment qu’après l’offensive de Daech contre la ville syrienne de Palmyre, la Chine aurait renoncé au tracé traditionnel de la « route de la soie » traversant Bagdad, Palmyre, Damas et Tyr, et aurait choisi un tracé alternatif, non plus à travers la Syrie, mais par la Turquie. Or les accointances d’Ankara avec la minorité ouïghoure auraient visiblement décidé Pékin à revenir sur ce tracé. Le Shanghai International Port Group vient en revanche d’acheter la concession d’exploitation des ports d’Haïfa et d’Ashdod dans les territoires occupés par Israël, une décision de portée, dit-on, stratégique. La Chine envisage de construire le tunnel du mont Carmel pour doubler l’approvisionnement du port d’Haïfa. Quelle pourrait en être la portée ? 

La route de la soie antique avait des ramifications qui passaient par Pétra (Jordanie) et par Alexandrie (Égypte). En définitive, la nouvelle route devrait passer par la Jordanie, puis se scinder vers l’Égypte et les territoires occupés par Israël. Le tracé par l’Égypte a été validé par l’administration Obama. Washington, à en croire ces mêmes sources, a autorisé le doublement du canal de Suez (déjà opérationnel) et la création d’une vaste zone industrielle dont le tracé passerait par Israël. Le Shanghai International Port Group vient d’acheter la concession d’exploitation des ports d’Haïfa et d’Ashdod. La Chine construira également le tunnel du mont Carmel pour doubler l’approvisionnement du port d’Haïfa.

Haïfa est le port israélien par où le régime de Tel-Aviv compte faire transiter le gaz de la Méditerranée via la mer Rouge à l’Europe. Le choix chinois est stratégique dans la mesure où Pékin ne laissera ni les USA ni leurs alliés s’emparer du détroit de Bab el-Mandeb et de la mer Rouge pour perturber le transit de ses marchandises vers l’Europe. Ce risque n’est pas passé inaperçu aux yeux des experts israéliens, qui soulignent qu’une présence chinoise dans des projets civils pourrait permettre de collecter une masse de renseignements militaires, notamment sur les déplacements de la marine israélienne. Une telle inquiétude a déjà été exprimée par un ancien chef du Mossad, Ephraïm Halevy, qui redoute que les investissements chinois ne profitent aux services de renseignements de Pékin.

De son côté le journal israélien Haaretz estime que la présence de la Chine en Méditerranée représente un danger pour la sécurité d’Israël, car une base navale israélienne et des sous-marins y ont été installés.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait révélé l’an dernier, lors d’une visite à Pékin, que la Chine effectuait à elle seule un tiers des investissements étrangers dans le secteur de la haute technologie israélienne. Selon les experts, une grande partie de ces opérations se font en toute discrétion par l’intermédiaire de sociétés domiciliées ailleurs qu’en Chine. Parmi les secteurs privilégiés par les Chinois figure tout ce qui touche à la cybersécurité, à l’informatique et aux communications. Le secteur militaire est, en revanche, épargné.

En 2021, 90 % du commerce international d’Israël sera alors contrôlé par la Chine, ce qui signifie que celle-ci deviendra, avec les États-Unis, la co-protectrice du régime de Tel-Aviv ; une perspective qui suscite une indignation dans les cercles militaires israélo-US.

Cela étant dit, une route de la soie passant par Israël est propre à bouleverser la géopolitique régionale. Jusqu’ici, Pékin était un partenaire commercial d’Israël (sauf en matière d’armement) et politique de la Résistance palestinienne (qui dispose d’une représentation à Pékin). Une fois Haïfa et Ashdod placées sous le contrôle chinois, Israël devra changer de stratégie pour attaquer les positions de la Résistance palestinienne ou même celles du Hezbollah.

Si ce projet arrive à son terme, Israël est le premier pays qui aura à se repositionner. Certains analystes affirment que l’accord sino-américain qui aurait appuyé le tracé israélien (palestinien) de la route de soie vise surtout à « neutraliser » Israël et à lui imposer une camisole de force propre à éteindre les feux du Moyen-Orient.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV