À Idlib, les Russes semblent avoir obtenu un accord avec la Turquie. Celle-ci serait prête à se retirer d'Idlib à condition que d'abord les terroristes qu'il a soutenus pendant sept ans dans le nord syrien ne franchissent pas les frontières et ne débarquent pas sur le sol turc et qu'ensuite, la Turquie ne quitte pas la Syrie la tête basse. Après tout, cela fait sept ans qu'Ankara finance à sa façon la guerre contre l'État syrien et que son départ ne pourrait avoir lieu sans contrepartie. Mais qu'en est-il de l'Arabie saoudite?
Le régime de Ben Salmane lui, s'oppose catégoriquement à la fin de la guerre en Syrie, d'où le non des terroristes d'al-Nosra aux efforts de réconciliation russe. La raison est évidente : embourbé au Yémen, la fin de la guerre en Syrie signifierait pour Riyad une plus grande concentration de l'axe de la Résistance sur le dossier yéménite, ce dont a profondément peur l'Arabie de Ben Salmane. Il est peut-être grand temps que la Russie se réactive au Yémen pour pouvoir en finir avec la guerre en Syrie, estiment certains analystes.
Alexeï Tsygankov, directeur du Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie a en effet fait part de l’opposition des groupes terroristes à engager tout dialogue avec le gouvernement syrien.
« Les terroristes de Tahrir al-Cham (ex-Front al-Nosra) ont déclaré explicitement qu’ils se préparaient à une offensive contre les troupes de l’armée syrienne et qu’ils refusaient tout dialogue politique pour régler la crise et que leur QG était prêt à passer à l'offensive », a affirmé Alexeï Tsygankov qui a toutefois souligné que le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie appelle les chefs de guerre des groupes terroristes à cesser les provocations militaires et à trouver une issue pacifique pour dénouer la crise.
Mais cet appel risque-t-il de se faire entendre? Rien n'est moins sûr.
La réaction russe au refus de Riyad
Selon le général russe, le Front al-Nosra multiplie les arrestations et les partisans du dialogue politique avec Damas sont arrêtés et détenus à Idlib. Il s'agit surtout de civils et de certains commandants de l'opposition dans la région. « En moins de deux semaines plus de 500 personnes pro-dialogue avec Damas ont été arrêtés. Les détenus ont été transférés vers un lieu inconnu et l’on ignore le sort de la plupart d’entre eux », a-t-il dit.
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a déclaré de son côté que les groupes d’opposition qui sont prêts à participer au règlement politique en Syrie devraient se distancer du Front al-Nosra puisque « Moscou et Ankara sont tombés d’accord pour que des groupes armés se séparent de ce groupe ». Si une telle chose se produit, « la victoire de l’armée syrienne sera aussi claire que l’eau de roche », a indiqué Lavrov
L'armée syrienne continue de dépêcher des troupes et du matériel militaire à Idlib en prévision d'une offensive massive visant à nettoyer cette province de la présence des terroristes. Dans le même temps, l’armée syrienne est impliquée dans une opération d’envergure dans le nord de la province de Hama et le sud d’Alep. Mais à Idlib, nombreux sont des civils qui souhaitent revenir dans des régions sous contrôle de l'État syrien. Le point de passage d’Abou al-Dhour a été rouvert il y a deux jours et plus de 1.500 civils ont quitté les zones. Certaines dépêches font état de la ruée des civils vers ce point de passage, ruée qui s'est heurtée aux tentatives d'endiguement des terroristes.