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"La vraie menace pour le Moyen-Orient c’est la Turquie et non pas l'Iran"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des chars de l'armée turque en Syrie. ©Reuters

L’ambassade des États-Unis à Ankara a été prise pour cible ce lundi matin 20 août par des individus à l’identité inconnue. À 5h00 du matin (heure locale), cinq balles ont été tirées depuis une voiture en direction de la cabine de police devant l’ambassade. L’attentat n’a fait aucune victime. La police d’Ankara a ouvert une enquête pour trouver les auteurs de l’attentat. L’incident a convaincu les analystes qui parlent, depuis quelque temps, de la menace que représente la Turquie au Moyen-Orient, surtout pour l’Arabie saoudite et Israël et à plus grande échelle pour les États-Unis.

Les Américains doivent se concentrer plus sur la Turquie que sur l’Iran. L’analyste Martin Jay, du journal électronique International Policy Digest, basé à Séoul, l’a indiqué, dans un article étudiant la menace sérieuse que représente la Turquie pour les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient.

« L’annonce faite par Trump, fin juillet, selon laquelle il serait heureux de rencontrer les dirigeants iraniens, a choqué le monde entier et a certainement pris Israël au dépourvu. Mais les Américains doivent plus se focaliser sur la Turquie que sur l’Iran. Et comme l’ex-conseiller de Trump, Steve Bannon l’a dit, une fois, que le président turc Recep Tayyip Erdogan était l’homme le plus dangereux du monde, il faut prendre, actuellement, en considération que ce pays est devenu très indomptable (rebelle). Erdogan attendait qu’avec l’arrivée au pouvoir de Trump, il pourrait établir des relations plus étroites avec les États-Unis par rapport à l’époque d’Obama, mais les récents événements, survenus pour le supposé pasteur américain Andrew Brunson, emprisonné en Turquie, ont fait sombrer les rêves de la Turquie. Les États-Unis ont, aussitôt, imposé des sanctions à la Turquie. Erdogan a riposté en menaçant de boycotter les produits américains. Les relations turco-américaines se sont, de plus en plus, détériorées après le refus du gouvernement américain de livrer les F-35 à Ankara. »

En tout état de cause et en dépit des récentes positions dures des États-Unis vis-à-vis de la Turquie, les analystes estiment que les Turcs rêvaient encore d’une grande transaction avec l’Amérique au sujet de Fettulah Gülen. Ils espéraient que les Américains le rendraient bientôt à la Turquie de même qu’ils livreraient les F-35 et arrêteraient de soutenir les Kurdes.

En effet, Erdogan peut voir son rêve réaliser plus tôt qu’il ne l’imaginait. Car les Kurdes sont en train de négocier avec le président syrien Bachar al-Assad au sujet de la trêve, négociations qui une fois réussies, seraient un grand coup à Trump qui cesserait, alors, de soutenir financièrement les Kurdes.

L’analyste Martin Jay a, ensuite, fait une comparaison entre le président turc et son homologue américain :

« Le point important est que Trump et Erdogan se ressemblent beaucoup. Les deux sont mégalomanes, ce qui a suscité de grandes crises. Les deux haïssent les médias et les processus démocratiques. »

Le point qui mérite, d’ailleurs, réflexion c’est que la Turquie s’efforce de s’imposer en tant que grande puissance au Moyen-Orient et également dans le monde arabe. Par ses tentatives de se rapprocher, d’une part, de l’Iran et de l’autre du Qatar, la Turquie entend étendre son armée et son hégémonie dans la région voire même en Afrique. Mais son isolement sur la scène régionale a, en fait, ralenti l’accès à cette grande ambition, d’où son rapprochement, malgré lui, de Moscou, superpuissance régionale, que la Turquie espère pouvoir l’aider à parvenir à ses objectifs.

Sans doute, le président Erdogan compte sur le soutien de l’Iran et de la Russie, pour diminuer les effets des sanctions de Trump sur l’économie de son pays. S’inscrit dans le même cadre, l’investissement, récemment, par le Qatar de 15 milliards de dollars en Turquie, ce qui a empêché une chute sans précédent de la valeur de la monnaie nationale turque, la lire.

Ceci étant dit, si les conditions se poursuivent ainsi, la Turquie se transformerait bientôt en une grande menace pour les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite ; une vraie menace qui a été créée par Trump lui-même. Laisser la Turquie tranquille entre les mains de Poutine serait, sans aucun doute, une grande bêtise de la part de Trump, conclut l’analyste Martin Jay.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV