Le projet de loi définissant Israël comme «l'État-nation du peuple juif» porte en soi le germe d'un échec : le "Deal du siècle" n'étant pas réalisable, Israël agit là par défaut. Mais comme en Syrie, il se comporte avec une si grande maladresse qu'il est impossible qu'il réussisse.
L’analyste politique iranien Saadollah Zarei revient sur la récente loi votée par la Knesset qui prive les Arabes de tout droit à l'autodéterminantion.
« Le projet de loi adopté, le mercredi 18 juillet, par le Parlement israélien s’inscrit dans le cadre du plan de judaïsation des territoires palestiniens que le régime israélien tente de réaliser depuis plus de 70 ans. Certains responsables du Parti Likoud ont d'ailleurs reproché aux "pères fondateurs" d'avoir placé Israël dans une situation invivable : « nous avons fait peu de cas, en 1948 – l’année où le régime occupant israélien a été mis à pied – de la nécessité d'une expulsion en bonne et dure forme de tous les Palestiniens et le résultat en est un conflit qui dure depuis 70 ans et qui nous oppose aux non-juifs. Il faut en finir et la meilleur des choses à faire reste une judaïsation totale et définitive de ce que nous possédons».
Et pourtant, il y a là l'expression la plus simpliste d'une crise existentielle dans la mesure où il est impossible vider une terre de ses propriétaires que sont les Arabes lesquels représentent 25% de la population des territoires occupés en 1948.
En effet, le régime israélien a tout fait, depuis l’accord d’Oslo, signé il y a 25 ans, pour judaïser la Palestine et ceci, sans succès : des fouilles dans la mosquée d’al-Aqsa, des restrictions imposées aux fidèles palestiniens, l'irruption des colons en pleine prière, et puis le transfert de l’ambassade US à Qods...mais la loi que la Knesset vient de voter est de loin la mesure la plus malhabile qui soit. S'il est vrai qu'elle vise à accélérer la judaïsation de la Palestine, en ecourageant tous les "juifs du monde " à venir s'installer en Israël, force est de constater qu'il a raté sa cible.
Pourquoi?
En effet, si jamais Israël parvenait à expulser les Arabes de la Palestine qu'il occupe, la communauté internationale aura sur les bras au moins 5.1 millions de déplacés à reloger. Et ce dans le meilleur des cas. Car qui croirait que les palestiniens d'Israël tout comme ceux vivant Gaza et la Cisjordanie resteraient les bras croisés à regarder le régime de Tel-Aviv les déposséder de leur terre ancestrale. Une nouvelle vague de révolte aura lieu avec cette fois une extension au coeur même d'Israël. A vrai dire, les stratèges israéliens souffrent d'une grave cécité. Le Deal du siècle qu'ils espéraient pouvoir imposer, se trouve dans l'impasse même après le transfert de l'ambassade US. La loi sur "l'Etat-nation juif" n'ira pas loin non plus. Tout comme en Syrie où les erreurs stratégiques d'Israël ont fait triompher Assad et ses alliés, la loi raciste de la Knesset efface d'un revers de main toute idée de "compromis" quitte à renforcer la Résistance. Et les preuves sont là : depuis jeudi, les cerfs-voloants incendiaires de Gaza qui semblent avoir trouvé le chemin de la Cisjordanie, trendent à laisser place aux tirs de snipers palestiniens. Un premier militaire israélien a été abattu vendredi par les tireurs d'élite du Hamas. Si Israël cherchait à faire passer cette loi, pour détouner les intentions de sa défaite en Syrie, il a fait ce qu'il ne fallait surtout pas faire : en faisant tomber les masques sur le fond de leur pensée raciste et discriminatoire, les dirigeants d'Israël se sont mis au dos non seulement les Arabes mais aussi les Chrétiens et les Juifs du monde entier. Le suprémasciste version Trump ne marche pas au Moyen-Orient".