Tout au long du mois de mai, le ministre israélien des Affaires militaires n'a cessé de promettre à l'État syrien les feux de l'enfer pour cause d'une "présence militaire iranienne" au sud de la Syrie, évidemment à bannir. L'intéressé qui se faisait largement appuyer par le Premier ministre israélien dénonçait pêle-mêle la présence des "bases permanentes des Pasdarans", de leurs "usines de fabrication de missiles", de leurs "entrepôts d'armes" dans le sud de la Syrie, tout en affirmant qu'Israël ne lésinait sur rien pour mettre l'Iran à la porte de la Syrie.
Les officiels israéliens se sont même succédé à Moscou pour plaider la cause d'un retrait "iranien" de la Syrie, sans écarter les risques d'un conflit majeur qui opposerait Israël à l'axe de la Résistance. Mais comme par miracle, Israël vient de changer sa version des faits. Lieberman en est sûr et certain : il n'y a pas d'Iraniens dans le sud de la Syrie ou s'il y en a, on les compte sur les doigts d'une main!
« En ce qui concerne la Syrie, le Hezbollah et l’Iran n’ont déployé aucune force militaire dans le Sud. Il se peut que des dizaines de conseillers militaires se trouvent dans cette région, mais aucune force militaire n’y a été déployée », a déclaré Avigdor Lieberman qui souligne tout de même que les forces iraniennes et les combattants du Hezbollah devraient en tout cas quitter le sol syrien.
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Plus loin dans ses propos, le ministre réagit aux informations diffusées ces derniers jours au sujet du déploiement des missiles Pantsir-S2 au Golan occupé : « Le système de défense antiaérien de la Syrie ne fait nullement peur à Israël et nous savons bel et bien comment le contourner. On espère qu’on ne sera pas obligés de prendre pour cible les systèmes de défense antiaériens syriens. Ce que nous cherchons est d’assurer la sécurité et une vie calme à nos citoyens », a dit le ministre israélien, en oubliant au passage, toutes les menaces qu'il a lui-même formulées ces dernières semaines contre Assad et " les agissements syro-iraniens dans le Sud syrien".
Que s'est-il donc passé pour qu'Israël change de ton en si peu de temps ? Selon les experts politiques, à l'approche d'une vaste offensive de l'armée syrienne contre les positions des terroristes à Deraa, à Quneitra et à Soueïda, les Israéliens ont jugé bon de mettre de l'eau dans leur vin guerrier. Le déploiement des Pantsir-S2 et d'autres composantes de la DCA syrienne au Golan et à Quneitra, la présence des milliers de soldats syriens aux portes de Deraa et l'arrivée d'un quatrième navire russe à Tartous pour livrer armes et munitions à l'armée syrienne n'ont rien de rassurant pour un Israël qui sait que le temps ne joue pas en sa faveur.
Mercredi 13 juin, le président syrien a souligné sa détermination à passer à l'acte dans le Sud si les terroristes de Deraa n'acceptaient pas de déposer les armes. Il a été encore plus clair quant à la présence militaire de l'Iran en Syrie : "des bases militaires iraniennes en Syrie n'existent pas, mais si l'Iran en fait la demande, l'État syrien acceptera, puisque les Iraniens se sont sacrifiés pour sauver la Syrie des mains des terroristes. Les propos du président syrien auraient alerté Israël. Seul l'État syrien pourra décider du maintien ou du départ de l'Iran de la Syrie et Israël commence à réaliser cela", fait remarquer l'analyste des questions politiques Mahdi Mohammadi.
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