La coalition soi-disant anti-Daech, lancée et dirigée par les États-Unis, a démenti tout lien entre les derniers agissements des forces de cette coalition à Sinjar et des tentatives des États-Unis de faire face à l’axe de la Résistance. Et pourtant, il y a bien lieu de s’en douter.
L’adjoint du gouverneur de Sinjar dans la province de Ninive a indiqué, le dimanche 3 juin, que les forces américaines étaient en train de construire une base militaire à Sinjar au nord-ouest de Mossoul. Il a aussi fait part du déploiement, le vendredi 1er juin, d’un convoi de 15 véhicules blindés US dans les montagnes de Sinjar.
L’information a été aussi confirmée par le gouverneur de Sinjar Mohammad Khalil, lequel a précisé que les forces de la coalition avaient déployé des armes et équipements lourds, légers et semi-lourds dans la zone. Selon le gouverneur Khalil, « les troupes américaines cherchent à établir la sécurité à Sinjar et à protéger la vie des chrétiens et Yézidis », alors que depuis le déploiement des Hachd al-Chaabi, dans cette région en 2015, la sécurité y est de mise.
Les terroristes de Daech ont commis en 2014 l’un de leurs pires massacres en Irak à Sinjar où ils ont tué des centaines de civils yézidis, à la faveur d’un retrait préalable des peshmergas kurdes. C’est dans la foulée de ce retrait dont l’ordre était venu d’Erbil que les terroristes ont pu se déployer dans cette région et se lancer dans la chasse aux Yézidis. Les massacres se sont poursuivis jusqu’à ce que les Hachd entament leurs opérations de libération des monts stratégiques de cette région.
Et pourtant, le gouverneur pro-américain de Sinjar semble avoir oublié cet épisode : « Le déploiement des forces américaines dans les montagnes de Sinjar porte un message clair aux Hachd al-Chaabi. Il est grand temps que les Hachd quittent Sinjar ».
Un responsable américain a indiqué, le lundi 4 juin, au site web d’information « The Region » que les forces de la coalition US sont sur le point de déplacer leurs équipements militaires pour soutenir depuis l’Irak, la « mission anti-Daech » en Syrie. Thomas Veale, directeur des affaires publiques de la Force opérationnelle multinationale interarmées (Opération Inherent Resolve [CJTF-OIR] tient à affirmer sans évidemment trop convaincre que les agissements US ne visent en rien à contrer le « corridor iranien qui relie l’Irak à la Syrie ». Ce responsable refuse aussi de confirmer les informations selon lesquelles les États-Unis visent à créer une base permanente à Sinjar.
« Les forces de la coalition, en étroite coordination avec nos partenaires kurdes irakiens, repositionnent des équipements pour soutenir la 2e phase de l’opération Roundup, afin d’accélérer la défaite des résidus de Daech à la frontière irako-syrienne. Nous étions transparents, dès le début de cette opération, le 1er mai dernier. Il n’existe pas de base permanente des États-Unis ou de la coalition en Irak ou en Syrie. Toutes les bases militaires en Irak sont sous le contrôle du gouvernement irakien et sont dirigées par les forces de sécurité irakiennes », déclare Thomas Veale.
Les analystes politiques ont toutefois du mal à croire l’Américain, au regard d’intenses activités qui sont celles des États-Unis et de l’OTAN de part et d’autre des frontières Irak/Syrie. En Syrie, les forces américaines et de l’OTAN élargissent sans cesse leur base à al-Tanf tout en multipliant leurs frappes contre les forces syriennes et leurs alliés. Une base permanente à Sinjar est ce qu’il leur faut pour consolider leurs assises contre les Hachd al-Chaabi en Irak. Le 26 mai, les États-Unis ont annoncé une aide de 290 millions de dollars à l’adresse des peshmergas, façon de les soudoyer et de les faire remonter contre les Hachd al-Chaabi.
Les monts de Sinjar se trouvent au nord-ouest de Mossoul à la frontière irako-syrienne et constituent une région stratégique pour l’Irak. Mais une base permanente américaine dans cette localité ne resterait pas à l’abri des attaques potentielles des Hachd si les Américains veulent en faire une base arrière pour leur guerre contre l’axe de la Résistance.