« L’Europe ne peut pas œuvrer pour la violation de l’accord nucléaire et le maintenir en même temps. Tout le monde doit le respecter sans chercher de prétexte », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.
Dans un entretien avec le célèbre journaliste allemand Jürgen Todenhöfer, le chef de la diplomatie iranienne a répondu à diverses questions sur le rôle de son pays dans les évolutions de la région.
Interrogé sur la position de l’Iran sur les derniers développements dans les pays du bassin du golfe Persique, Mohammad Javad Zarif a répondu : « Je pense que la solution pacifique est réalisable. Nous avons connu de nombreuses guerres et cela doit s’arrêter. De notre point de vue, les questions liées au golfe Persique nécessitent un dialogue plurifactoriel et l’on doit tenir compte du fait que personne ne peut dominer, à lui seul, la région et que tout le monde doit coopérer les uns avec les autres. »
Il a également prôné le rétablissement d’un climat de confiance entre les pays voisins par le biais du tourisme, des visites militaires et d’un traité de non-agression avec tous les pays de la région, dont l’Arabie saoudite.
« L’Arabie saoudite est un pays important de la région sans qui on ne peut accéder à un consensus », a ajouté le diplomate iranien.
Le journaliste allemand lui a demandé que si jamais l’Iran avait proposé à Riyad un traité de non-agression, M. Zarif a dit : « Je l’ai évoqué dans le cadre d’un article. Nous pouvons le proposer à tout un chacun puisque nous n’avons attaqué aucun pays tout au long de ces 300 dernières années. Lors de la guerre Irak/Iran, nous avons été la cible d’une agression de la part de l’Irak, mais après la guerre, nous avons été les plus proches amis de l’Irak que nous avons aidé dans la guerre contre Daech. »
L’accord nucléaire a également été abordé lors de l’entretien de Jürgen Todenhöfer avec le ministre iranien des Affaires étrangères. Le journaliste allemand a dit que les pays européens parlaient de l’imposition de nouvelles sanctions contre l’Iran sous prétexte de son programme balistique et de son rôle dans la région.
« En comparaison avec les autres pays de la région, c’est nous qui consacrons le budget le plus faible aux armements. L’Arabie saoudite dispose de davantage de missiles à longue portée, capables de transporter des ogives nucléaires, et ce alors que nous n’avons pas de missiles avec de telles caractéristiques. Les missiles intercontinentaux de Riyad, de fabrication chinoise, ont une portée de 2 500 km. La version originale de ce missile a une portée de 12 000 km. Quant à l’Iran, il ne dispose pas de missiles capables de transporter des têtes nucléaires dont la portée s’élève à plus de 2 000 km. Nous n’utiliserons nos missiles contre aucun pays et avons annoncé que nous n’y aurions recours qu’une fois que nous aurions été agressés », a précisé Zarif.
Le journaliste allemand a ensuite évoqué la position du président américain Donald Trump concernant le démantèlement de l’accord nucléaire, que Zarif a rejetée.
« Je crois que l’Europe ne peut pas tenter de violer l’accord nucléaire tout en souhaitant le préserver. Toutes les parties concernées doivent en honorer les clauses sans chercher de prétexte. Nous demandons à l’Europe de soutenir l’accord nucléaire et je crois que la communauté internationale a les mêmes attentes », a conclu le ministre iranien des Affaires étrangères.