« Puisque l’Iran a respecté l’accord nucléaire, d’autres parties concernées devront, elles aussi, tenir leurs engagements envers ledit accord », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères à peine deux jours après une violente sortie contre l'Iran.
Avant une rencontre avec son homologue américain Rex Tillerson, à Paris, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a insisté sur l’impératif du respect de l’accord nucléaire par toutes ses signataires.
Selon la chaîne d’information américaine CBS News, un jour après sa visite à Londres, le secrétaire d’État américain Rex Tillerson est arrivé mardi 23 janvier, à Paris.
Avant son tête-à-tête avec Tillerson, le diplomate français a critiqué le fait que "le gouvernement américain fasse pression sur les pays européens pour amender l’accord sur le nucléaire iranien sans qu’il ne le demande à la Russie et la Chine, parties non européennes de l’accord".
« Alors que la Russie et la Chine font partie des signataires du Plan global d’action conjoint (PGAC), pourquoi l’administration américaine a chargé seulement le Congrès et l’Europe de décider du sort de cet accord », s’est-il interrogé.
S’exprimant devant un parterre de journaliste, M. Le Drian a déclaré que Paris croyait fermement en un principe fondamental qui consiste à maintenir l’accord sur le nucléaire iranien.
« La position française est faite de fermeté et d’équilibre. L’équilibre, c’est le respect de la parole donnée en juillet 2015 sur cet accord. Pourquoi ? Parce que l’accord signé est robuste et que Téhéran en honore ses clauses. La fermeté, c’est « Un pays qui revient sur la parole donnée dévalue cette parole ».», a-t-il ajouté.
Selon ce dernier, alors que d’après les rapports de l’AIEA, l’Iran a respecté l’accord nucléaire et que « Nous n’avons aucune raison de ne pas le croire », d’autres parties devront, pour leur part, tenir leurs engagements.
Les propos du chef de la diplomatie française interviennent alors que Rex Tillerson a présenté, lundi soir, une perspective positive d’un accord avec les pays européens sur ce qu’il a appelé « l’amendement de l’accord Iran/5+1 sur le nucléaire ». Il est allé même jusqu'à évoquer la formation d'un groupe de travaille USA/Europe, ce qui n'a pas manqué de susciter la colère de la Russie qui y a vu une tentative destinée à enterrer le PGAC.
Le président américain Donald Trump a confirmé, le 12 janvier 2018, la suspension des sanctions économiques contre l'Iran, comme le prévoit l'accord, en revanche, il a prévenu, qu'il s'agira de la dernière suspension et exigé un « accord » avec les Européens, dans les 4 prochains mois, pour dit-il « remédier aux terribles lacunes » du texte.
Ceci intervient alors que les autorités iraniennes ont réitéré, à maintes reprises, qu’elles ne discuteraient avec personne de l’accord signé en 2015 et qu'il était surtout hors de question que le pouvoir balistique iranien, pilier de la défense nationale iranienne fasse l'objet d'une quelconque négociation. Idem pour ce que la France qualifie de "rôle régional déstabilisateur de l'Iran", formule parfaitement trompeuse que M. Le Drian se paie le luxe d'utiliser à tors et à travers.
Position iranienne
Dans ce contexte, lors d'une rencontre avec le président du Parlement syrien, mercredi dernier, le conseiller du Leader de la Révolution islamique pour les affaires internationales, Ali Akbar Velayati, a déclaré que la position de la République islamique d’Iran face aux récents propos du président américain concernant une « modification » du Plan global d’action conjoint (PGAC) était claire : « Il est évident qu’il n’y aura pas de nouvelles négociations sur le PGAC, et on n’y ajoutera aucune nouvelle clause », a-t-il précisé.
Le conseiller du Leader de la Révolution islamique a ajouté que les nouvelles prétentions de Donald Trump portant sur l’accord nucléaire n’étaient pas acceptables pour l’Iran.
M. Velayati a déclaré : « Washington nous demande injustement de renoncer à notre défense balistique. C’est une position maximaliste inacceptable. Avec une telle proposition, M. Trump va trop loin et viole les lignes rouges. »
Il a précisé que le PGAC ne serait ni renégociable ni modifiable, et qu’il devrait être respecté à la lettre par tous les signataires (Iran, États-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine et Allemagne).
« Le maximalisme américain ne changera pas la position de la République islamique d’Iran », a-t-il déclaré.