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La Turquie face à un dilemme en Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les forces turques dans la province d’Idlib, en Syrie. ©AFP

Selon l’éditorialiste du journal Rai al-Youm, la Turquie est en proie à un dilemme en Syrie, ce qui rend difficile pour Ankara de choisir une stratégie.

Abdel Bari Atwan s’est penché dans un article intitulé « À Idlib, pourquoi la Turquie se trouve confrontée à deux grandes puissances » sur la confusion de la Turquie concernant les opérations de l’armée syrienne et de ses alliés à Idlib, lesquelles n’étaient pas en faveur d’Ankara.

Atwan a écrit que l’avancée de l’armée syrienne, soutenue par les forces terrestres iraniennes et les forces aériennes russes, dans la province d’Idlib a été couronnée de succès, avec la prise de la ville de Sinjar et de dizaines d’autres villages dans le rif d’Idlib et la libération de la base aérienne d’Abu al-Duhur, dans le nord du pays.

Pour comprendre les aspects politiques et militaires des avancées majeures des troupes gouvernementales syriennes, il faut revenir en arrière et voir ce qui s’est passé les 5 et 6 janvier ; 13 drones ont attaqué les bases navales et aériennes de la Russie à Tartous et à Hmeimim, dans l’ouest de la Syrie, puis ces bases ont été visées par des tirs de roquettes et d’obus de mortier. L’attaque a entraîné la mort de deux soldats russes, sept soldats ont également été blessés à la suite de la frappe de mortiers, cependant les missiles ont été interceptés et les drones ont été abattus, bien que trois d’entre eux aient pris la fuite sans être endommagés.

Selon les sources russes, aucun avion de combat n’a été endommagé dans l’attaque, et les images qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux de sept avions détruits sont des fake news.

Les enquêtes russes sur les drones et les conditions de leur envoi ont débouché sur des conclusions extrêmement graves qui ont été un choc pour les dirigeants russes :

  • Les deux gouvernements qui possèdent, produisent, contrôlent et envoient de tels drones sont les États-Unis et Israël, mais à ce stade de l’enquête, il est peu probable qu’Israël soit impliqué dans l’attaque parce que le régime israélien n’oserait jamais s’attirer l’hostilité et la colère de la Russie. Les experts estiment donc que Washington est impliqué dans ces attaques de drones.
  • Les drones ainsi que les roquettes ont été envoyés depuis la ville d’Idlib, où sont positionnés les terroristes du Front al-Nosra.
  • L’objectif de ces frappes sur la base russe de Hmeimim est de créer une enclave kurde autonome dans le nord de la Syrie, ce qui permettra une présence militaire américano-israélienne.
  • Les radars russes ont repéré un avion américain à une altitude de 7 000 mètres au-dessus des bases de Hmeimim et de Tartous lors de ces raids nocturnes.

La Turquie, d’une part, s’oppose au plan américain visant à créer une région kurde, et d’autre part, elle ne cache pas son mécontentement quant aux avancées des troupes syriennes soutenues par l’Iran et la Russie qui cherchent à reprendre le contrôle de la ville d’Idlib, où sont déployées les forces de l’armée turque et les terroristes du Front al-Nosra ainsi que les éléments de l’Armée syrienne libre (ASL). Si l’armée syrienne reprend le contrôle de la ville d’Idlib, la Turquie perdrait complètement son influence en Syrie.

Le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué les ambassadeurs américain (mercredi), iranien et russe (mardi) pour protester contre les politiques de leurs gouvernements. Le chargé d’affaires des États-Unis a été convoqué pour protester contre les politiques de Washington vis-à-vis des Kurdes. Ankara a convoqué les ambassadeurs de l’Iran et de la Russie pour exprimer son opposition à l’avancée de l’armée syrienne vers Idlib, la qualifiant de violation des accords d’Astana.

La Turquie est peut-être la plus grande perdante des évolutions à Idlib. Si les troupes turques, en soutien aux groupes armés, entravent l’avancée des forces syriennes, cela signifierait qu’Ankara est entré en guerre contre la Russie, l’Iran et la Syrie. Et si la Turquie envisage une action militaire contre les Kurdes à Manbij et à Afrin pour empêcher la création d’une région kurde soutenue par les Américains, elle entrera dans une confrontation directe avec les États-Unis sans que la Russie et l’Iran la soutiennent.

La Turquie n’est pas en mesure de perdre le soutien de la Russie, et la question à laquelle le président russe cherche à répondre est de savoir si les drones qui ont attaqué la base aérienne de Hmeimim ont décollé d’Idlib avec le consentement de la Turquie, ou à son insu. Si la première option est correcte, les relations Ankara-Moscou se tendront de nouveau, comme lors de la crise survenue suite à la destruction par la Turquie d’un avion de chasse russe en Syrie.

Le président turc, Recep Tayyib Erdogan, est dans une impasse, et adopter une position tranchée pourrait aussi entraîner la perte de la plus grande partie de son influence dans la région, et en particulier en Syrie et en Irak.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV