Dans une analyse, la chaîne d’information al-Mayadeen s’est penchée sur la rivalité régionale entre la Russie et les États-Unis et s’est posée la question suivante : Est-ce que la Russie a-t-elle réellement retiré ses troupes de Syrie ou pas ? La rivalité russo-américaine pour une présence plus forte dans la région se poursuivra encore pendant longtemps.
« Les États-Unis et leurs alliés n’ont pas directement reconnu leur débâcle en Syrie. En tout cas, leur échec à atteindre les objectifs qu’ils avaient fixés tout au début de la guerre syrienne, annonce pratiquement la défaite de leur plan politique ; c’est pourquoi ils cherchent à trouver d’autres moyens pour en finir avec leurs échecs », a écrit al-Mayadeen.
Dans ce droit fil, depuis l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump, les Américains n’ont présenté aucune stratégie claire pour la Syrie. Il existe de sérieuses divergences de vue entre le Pentagone, le département d’État et la Maison Blanche. Il est, donc, difficile pour les organes décisionnels américains de saisir les politiques de M. Trump, d’autant plus qu’il souffre d’un trouble mental et qu’il suit une ligne de conduite et une politique dures.
Selon al-Mayadeen, lorsque la Russie a décidé d’avoir une intervention en Syrie, les analystes ont commencé à se poser la question suivante : qui sera le vainqueur, Barack Obama ou Vladimir Poutine ?
Avant la fin de la mission anti-Daech de la Russie et le retrait des troupes russes de Syrie, les médias russes ont annoncé que Moscou suivait attentivement la situation dans le but de surveiller l’étape suivante.
Quelques mois plus tard, l’on s’est rendu compte que pour trouver la réponse à la question de savoir qui sera le gagnant de la guerre en Syrie, il aurait fallu passer au peigne fin les positions et les rôles des quatre parties régionales que sont la Turquie, l’Iran, l’Arabie saoudite et Israël, poursuit al-Mayadin.
La prévision d’un retrait direct des troupes de deux grandes puissances, la Russie et les États-Unis, de la région, s’avère difficile pour les deux pays , cependant le point qui mérite réflexion est de savoir quelles seront leurs politiques respectives pour préserver leurs intérêts dans la région, eu égard aux changements régionaux et internationaux.
La chaîne libanaise ajoute que les observateurs sont tous unanimes pour dire que cela fait plus d’un an que Washington s’est retiré de la scène syrienne au profit de Moscou. La Russie, en coopération avec l’Iran et la Turquie, a su imposer une nouvelle réalité au Moyen-Orient, une réalité contraire à ce qu’exigeaient les pays occidentaux.
Ceci a eu des effets directs sur le succès de la stratégie russe en Syrie en comparaison avec le plan américain pour ce pays.
Mais pourquoi Moscou a-t-il gagné?
La Russie s’est opposée au plan de démembrement de la Syrie tout en essayant d'éteindre le feu des affrontements d’ordre ethnique et tribal. La Russie craignait en effet pour sa propre diversité ethnique.L’absence de la Russie dans une Syrie en proie à la guerre aurait pu amoindrir son poids international.
Dans aucun nouveau conflit régional, la Russie ne prêche la guerre, elle appelle toujours à l’apaisement et propose des solutions politiques pour une sortie de crise. Elle poursuit la même politique envers les agressions israéliennes contre la Syrie ou encore entre les Turcs et les Kurdes.
À vrai dire, la position de la Russie face au terrorisme est totalement différente de celle des États-Unis et en Syrie, cette différence a atteint son apogée.
« Les États-Unis ont beaucoup tenté de fermer les yeux sur les activités des groupes terroristes et de les laisser mener diverses opérations contre l’armée syrienne et ses alliés, dans le but de gérer les batailles et de préserver le statut des groupes armés. Ceci a été d'ailleurs le premier objectif de Washington dans le conflit syrien qui voulait couper court à « l’influence iranienne au Moyen-Orient ». La Russie, elle, n'a jamais cherché à contrer l'Iran. Elle a agi d'abord pour sa propre sécurité », a écrit al-Mayadeen.
D’après la chaîne libanaise, la rivalité entre les États-Unis et la Russie au Moyen-Orient se poursuivra encore, mais cette rivalité portera sur les équipements et les mécanismes politiques ; ou peut-être elle se poursuivra sur le plan sécuritaire, d’autant plus que les USA veulent que leur présence militaire soit maintenue tout en soutenant leurs alliés kurdes.
Quant à la Russie, il n'y pas réellement de retrait mais « un redéploiement des forces russes en Syrie ». Si la Russie n’était pas entrée dans cette guerre, elle aurait dû payer un lourd tribut à court terme pour avoir abandonné la Syrie. Mais désormais, la présence russe en Syrie sera d’ordre politique et diplomatique et elle survivra dans le cadre d’innombrables accords de coopération avec le gouvernement syrien. Surtout que la Russie n’est pas l’ennemi des Kurdes que les États-Unis semblent avoir lâché pour de bon.