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Vers une normalisation des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les drapeaux saoudien (G) et iranien. ©IFRI

L’agence de presse russe Sputnik s’est penchée dans un article sur trois événements liés aux relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

Le Dr Mani Mehrabi a écrit dans son article paru par Sputnik : « Moqtada Sadr se rend en Arabie saoudite et en tant que leader des chiites d’Irak, il rencontre le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane en l’absence du roi Salmane ben Abdelaziz. »

Poignée de main entre les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères, à Istanbul, le 1er août 2017. ©Twitter

Riyad coopère avec Téhéran au sujet de l’envoi de pèlerins iraniens au grand pèlerinage à La Mecque et Adel al-Joubeir, ministre saoudien des Affaires étrangères tend la main à son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, en marge de la réunion de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à Istanbul. Ces trois événements s’avèrent un peu bizarres à un moment où la tension entre l’Iran et l’Arabie a atteint son paroxysme.   

Le point qui mérite réflexion est qu’il y a des rumeurs sur l’abdication du roi d’Arabie saoudite et que son absence dans le royaume saoudien au moment où ces trois importants événements avaient lieu témoigne d’un changement de cap de Riyad envers ses voisins lors du règne de Mohammed ben Salmane.

Le leader chiite irakien Moqtada Sadr (G) rencontre le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, le 30 juillet 2017, à Riyad. ©Middle East Eye

Mais est-ce que cela est vrai ? Le déplacement de Moqtada Sadr à Riyad intervient alors que les partis politiques irakiens sont en train de chercher des alliés intérieurs et régionaux en vue de participer aux prochaines élections irakiennes.

Lors de cette rencontre, les Saoudiens ont plaidé pour l’essor des relations avec l’Irak, la création d’un consulat à Nadjaf et l’établissement d’une ligne aérienne directe depuis l’Arabie saoudite vers Najaf. En contrepartie, ils ont répondu favorablement à une demande d’aide de 10 millions de dollars de Sadr sous prétexte de secourir les réfugiés irakiens.

Avec un regard réaliste, on peut prétendre qu’en pleine division entre les forces chiites d’Irak, à savoir Ammar Hakim, Nouri al-Maliki, Heïdar al-Abadi et Moqtada Sadr, le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane, tout en se rapprochant de Moqtada Sadr, cherche à réduire l’influence de l’Iran parmi les chiites d’Irak et à minimiser le rôle de Téhéran dans les prochaines élections irakiennes, et non à normaliser les relations avec l’Iran.

L’Irak est l’une des scènes de la bataille a maxima entre l’Iran et l’Arabie saoudite, et la supériorité politique, militaire et sociale du courant proche de l’Iran en Irak a affaibli la partie saoudienne, voilà pourquoi Riyad tente de tirer profit du pion Moqtadar Sadr en vue de redorer son blason et de réduire l’influence iranienne.

Quant à la poignée de main échangée devant les caméras par les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères, il est simpliste de dire que cela s’est produit accidentellement et à l’insu des politiciens saoudiens. Certainement, Adel al-Joubeir avait déjà consulté ses maîtres sur ce sujet, car malgré l’amitié existant entre lui et Mohammad Javad Zarif, ils ne s’étaient pas serré la main après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.

Cela étant dit, il est clair que l’Arabie saoudite vise à retrouver sa place d’antan sur la scène politique irakienne et puisque cette décision de Riyad pourrait aboutir à une confrontation directe avec l’Iran en Irak, elle entend donner des concessions à Téhéran, dont le déplacement de pèlerins iraniens à la Mecque est un exemple, ou bien dissiper les inquiétudes de Téhéran : les discussions éventuelles entre al-Joubeir et Zarif s’inscrivent dans le même cadre.  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV